Invité aux Rencontres du 9e art, il a réalisé l’affiche du Festival d’Art Lyrique : cette année, Brecht Evens fait coup double à Aix-en-Provence

Publié le 30 mars 2016 à  17h37 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h06

Brecht Evens lecteur attentif du programme des rencontres du 9ème art qui débutent dans quelques heures à Aix (Photo Serge Darpeix)
Brecht Evens lecteur attentif du programme des rencontres du 9ème art qui débutent dans quelques heures à Aix (Photo Serge Darpeix)

Au musée du Palais de l’Archevêché, Brecht Evens règle les détails de son exposition «Le Meilleur des mondes» qui ouvrira ce vendredi 1er avril dans le cadre des 13e rencontres du 9e art d’Aix-en-Provence dont il est l’un des invités vedette. Mais il est aussi celui qui signe, cette année, l’affiche du Festival International de Musique et d’Art Lyrique et bénéficiera, à ce titre, d’une deuxième exposition XXL au même endroit, du 2 juin au 20 juillet prochain. Tout juste trentenaire, ce Belge, d’expression néerlandaise, fait partie des auteurs atypiques de bande dessinée, débarqué comme un ovni dans le milieu il y a quelques années. Son premier album, «Les Noceurs» a d’abord obtenu le Prix Willy Vandersteen en 2010 en Hollande avant d’être récompensé par le Prix de l’audace au festival d’Angoulême l’année suivante. Il se souvient : «Ça m’a vraiment fait rire, dans un premier temps, d’avoir ce prix à Angoulême. Puis, réflexion faite, c’est quand même un sacré honneur. Et j’étais très heureux…» Avec «Les Noceurs» et ses quelques 200 pages aquarellées, Evens fait sensation. Suivra, très vite «Les Amateurs», autre ouvrage conséquent et de même facture. «L’aquarelle, pour moi, c’est la technique la plus utile, la plus rapide et la plus imprévisible. Et je me suis fait un allié de ce côté imprévisible, de ces erreurs provoquées pour me surprendre. Mais huit ans plus tard, je maîtrise cette technique et aujourd’hui je cherche d’autres voies pour être surpris. Parfois ça me manque d’être maladroit…» Et lorsqu’on lui demande comment il en est arrivé à l’aquarelle Brecht Evens raconte en souriant : «A l’école, j’étais très classique, noir et blanc, bien cadré, jamais rebelle… Et pour mon projet de master, ce sont les profs qui m’ont poussé à faire un truc moins stérile que le noir et blanc, à dessiner avec des crayons, de la gouache, de l’encre de chine, à explorer les textures et les surprises… Puis, un ami dessinateur m’a aussi mis un gros pinceau entre les doigts.»

Et cela a marché, pour le moins. L’école, c’était l’Institut supérieur des Beaux-Arts Saint-Luc de Gand… Gand, Bruxelles pour une première partie de vie. De colocation pesante en chemins underground en passant par la rupture amoureuse et un trip dans le Jura, Brecht Evens cherche, se cherche et se retrouve à Paris dans un deux pièces «même pas plus grand que mon atelier de Gand.» Mais il y est bien et le retour à Gand n’aura pas lieu. «Puis à Paris, on est moins en dilettante qu’à Bruxelles. Il faut produire pour vivre.» Et pour vivre, ce sont les illustrations produites régulièrement qui assurent la subsistance. «De même que la vente des originaux à la galerie Martel à Paris», confie-t-il. «J’arrive à équilibrer les activités pour continuer à travailler sur la BD. Et lorsqu’on a une commande comme celle du Festival de musique d’Aix-en-Provence, c’est vraiment extraordinaire. On m’avait déjà demandé un travail pour un festival d’animation à Bruxelles mais j’avais tellement eu le trac que j’ai foiré. Cette fois-ci, c’était interdit de me planter. J’ai proposé une esquisse d’affiche et des croquis d’après une photo du public dans le théâtre de l’Archevêché et la direction du Festival a accepté. Alors j’ai travaillé dans mon deux pièces, sur du grand format. L’affiche allait d’un bout à un autre du mur et touchait le plafond. Pour prendre du recul j’étais obligé de m’asseoir sur l’évier !» Il faut croire que cela ne l’a pas trop perturbé puisque aujourd’hui ce sont ses affiches qui ornent les panneaux publicitaires un peu partout en France où le Festival d’Art Lyrique fait sa promotion. Ce sont ses dessins, aussi, qui rythment la plaquette programme de la manifestation. En 2014, avec «Panthère» il publie un troisième album dérangeant, l’irruption d’un fauve dans l’univers d’une fillette pré-adolescente. «Moi, je trouve ça marrant. C’est né comme une blague pervertie. A l’époque, le soir, j’inventais des personnages pour faire peur à ma copine. Et le soir venu j’incarnais ces personnages et la panthère en était un…» Son 4e opus devrait s’intituler «Les Rigoles». Mais c’est lui qui donne son titre à la première exposition : «Le meilleur des mondes».
Brecht Evens y présente des planches originales de ses bandes dessinées, des illustrations de presse, des toiles grand format et de nombreuses créations conçues pour l’occasion. Après la Nuit des Musées, l’exposition trouvera un second souffle dans une version qui se concentre sur les œuvres réalisées pour le Festival d’Art Lyrique. Un beau coup double pour Brecht Evens et un coup de projecteur bienvenu sur le travail très personnel de cet artiste, un travail qui ne peut laisser insensible.

Michel EGEA

Pratique – Brecht Evens participe aux Rencontres du 9e art à partir de jeudi prochain à la Cité du Livre. Première exposition du 1er avril au 21 mai et deuxième exposition du 8 juin au 20 juillet au Musée du Palais de l’Archevêché, place de l’Archevêché, tous les jours sauf le mardi jusqu’au 14 avril de 10 heures à 12h30 et de 13h30 à 17 heures et à partir du 15 avril de 10 heures à 12h30 et de 13h30 à 18 heures. Entrée libre.

Retrouvez le programme complet des Rencontres du 9e art, festival de bande dessinée et autres arts associés d’Aix-en-Provence, du 1er au 3 avril, sur le site bd-aix.com

Ce dessin orne la couverture de « Panthère », le dernier album en date de Brecht Evens publié chez Actes Sud BD
Ce dessin orne la couverture de « Panthère », le dernier album en date de Brecht Evens publié chez Actes Sud BD

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