Bandol : conservé sur terre ou 30 mètres sous l’eau, le bon vin reste du bon vin

Publié le 6 août 2016 à  20h35 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h32

Philippe Faure-Brac, Jérôme Vincent et Guillaume Tari ont dégusté les vins dans l’enceinte du fort Balaguier (Photo M.E.)
Philippe Faure-Brac, Jérôme Vincent et Guillaume Tari ont dégusté les vins dans l’enceinte du fort Balaguier (Photo M.E.)
Tout juste sorties de l'eau, les bouteilles ont été dégustées (Photo M.E.)
Tout juste sorties de l’eau, les bouteilles ont été dégustées (Photo M.E.)

Une expérience qui devrait connaître des suites vient d’être menée sous l’égide des Vins de Bandol et de l’école nationale des scaphandriers de Saint-Mandrier. Il y a un an, sur la base du volontariat, plus d’une centaine de bouteilles de vin, dans les trois couleurs, étaient immergées dans les eaux de la Méditerranée, à une trentaine de mètres de profondeur, au large de Saint-Mandrier. Bouteilles dont les cols avaient été cirés avant le grand plongeon. «Notre but, confie Guillaume Tari, le Président de l’ODG Bandol, était d’évaluer la capacité de retarder le vieillissement des vins en les immergeant.» Quels allaient effectivement être les effets d’une pression plus forte et d’une température constante autour de 15 degrés ? L’immersion aurait dû être plus longue, mais le Préfet du Var, pour des raisons qui ne nous ont pas été dévoilées, a ordonné que les bouteilles soient extraites de leur retraite maritime. Et ce vendredi 5 août, pratiquement un an jour pour jour après l’immersion, les scaphandriers de l’école de Saint-Mandrier sont allés relever ces casiers d’un nouveau style. Et quelques privilégiés, dont votre serviteur, ont eu à évaluer ces vins. La dégustation, organisée dans le cadre superbe du fort Balaguier à La Seyne sur mer, proposait un échantillon conservé sous l’eau et son jumeau conservé sur terre. 8 blancs, 9 rosés et 12 rouges. Premier constat : un bon vin, un grand vin, reste bon et grand quel que soit son mode de conservation ; surtout en ce qui concerne les rouges dont la structure tannique forme une charpente solide. Une constante pour les trois couleurs : les vins immergés sont plus frais (acides) plus serrés et moins exubérants que ceux conservés à terre. Pour les rouges, les arômes développés dans les deux cas méritent la comparaison, le passage sous l’eau mettant en avant les fruits alors que les vins de terre sont déjà plus orientés vers des évolutions de torréfaction et de confits. En ce qui nous concerne, pour les rouges, trois domaines nous ont séduits sur terre comme sous mer: Château Pibarnon, Moulin des Costes – Domaines Bunan et Château Gaussen.
Une dégustation des plus intéressantes qui s’est déroulée en présence de Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde et créateur de l’option sommellerie du concours «Un des Meilleurs Ouvriers de France» effectuant un rapide aller-retour Paris-Provence pour la circonstance et qui, en fin de dégustation, partageait notre sentiment. Mais il est difficile, en une seule année, de dégager une analyse solide. Aussi Guillaume Tari nous confiait qu’avec l’appui de l’École Nationale de Scaphandriers et de son directeur Jérôme Vincent, il envisageait de mettre en place un protocole d’étude sur plusieurs années. Histoire de voir si, sous l’eau, le temps pouvait ralentir et procurer l’immortalité aux vins de Bandol qui y seraient conservés.
Michel EGEA

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