On a vu «Casimir et Caroline» au Théâtre du Gymnase de Marseille

Publié le 12 mai 2015 à  16h49 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h56

(Photo D.R.)
(Photo D.R.)

Imaginez du Marivaux mélangé à du Brecht, du Kurt Weil, du Josef von Sternberg, sur fond d’esthétique très Allemagne de l’Est des années Honecker. Pas très folichon tout ça ! C’est pourtant à quelque chose près l’ambiance générale de la pièce «Casimir et Caroline» d’Ödon von Horvàth dans la mise en scène de Léa Chanceaulme, actuellement jouée au Théâtre du Gymnase. Une création devrait-on ajouter co-produite par la «Compagnie Que Mas» et ce même Théâtre du Gymnase de Marseille. La trame de la pièce nous plonge dans l’Allemagne des années 1930 où, Caroline et Casimir, un jeune couple idéaliste parti se divertir à la Fête de la bière de Munich se déchire et tente de se retrouver. Deux jours plus tôt Casimir a perdu son emploi de chauffeur et Caroline tente de le soutenir en l’assurant de son amour. Mais après un malentendu, les deux amants se séparent et vont tenter de se reconstruire sans forcément y parvenir harmonieusement. Et Léa Chanceaulme, de proposer d’inscrire la narration dans des décors rappelant ceux conçus sous l’impulsion d’Emmanuel Demarcy-Mota lors de sa mise en scène de «Casimir et Caroline» au Théâtre de la Ville en mars 2009. Tout est fer, bois, tréteaux et structures larges, en moins luxueux peut-être, (pas les mêmes moyens non plus ! ) les acteurs se retrouvant plongés dans des couleurs sombres, rappelant sans doute la morosité du cœur des deux amants. Cet habit scénographique rugueux auquel s’ajoute une création son des plus modernes rend parfaitement de la vision solide pour ne pas dire lourdingue que Léa Chanceaulme se fait de la pièce. Sans humour, on illustre ici l’idéologie d’un texte réfléchissant sur la lutte des classes, l’aliénation, l’asservissement, la dénonciation de la servitude de l’homme au travail face aux machines et, pour bien enfoncer le clou on ajoute du signifiant à du signifié, ne nous épargnant même pas la fameuse scène des balais que l’on pousse sur le sol. Contraints de crier leur texte (mais en cela Sylvie Testud et Hugues Quester ne faisaient pas autre chose sous la houlette d’Emmanuel Demarcy-Mota) les comédiens contrebalancent les insistances scéniques par une belle énergie communicative. Saluons pourtant le beau travail de Léa Chanceaulme, qui tient son projet de bout en bout avec foi et logique, le problème principal du spectacle venant de la pièce datée, dont le texte, cours de philosophie politique à l’usage des marxistes débutants, n’offre aucune nuance, aucun mystère. On s’ennuie beaucoup aux paroles prononcées par des personnages qui ne sont au final que des discours et dont on finit par se désintéresser en tant qu’êtres pétris d’émotion. La metteur en scène tente de sauver (et y parvient parfois) ce qui peut l’être dans l’écriture de von Horvàth : c’est-à-dire pas grand-chose !
Jean-Rémi BARLAND
«Casimir et Caroline» de Ödön von Horvàth au Théâtre du Gymnase ce mardi 12 mai à 20h30 et le mercredi 13 mai à 19h. Traduction de l’allemand par Hélène Mauler et René Zahnd. Réservations au 08 2013 2013. Texte de la pièce disponible dans une traduction de François Regnault à L’avant-scène Théâtre du 1er décembre 2009. N°1274 – 12 €.

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