Carrières de lumières aux Baux-de-Provence : Klimt et Vienne, un siècle d’or et de couleurs jusqu’au 4 janvier 2015

Publié le 6 septembre 2014 à  22h32 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h10

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Un spectacle multimédia inédit illumine jusqu’au 4 janvier 2015 le site exceptionnel des Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence : Klimt et Vienne, un siècle d’or et de couleurs. Produit par Culturespaces et réalisé par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, ce spectacle est composé de milliers d’images d’œuvres d’art numérisées, projetées sur toutes les surfaces de ces anciennes carrières (jusqu’à 14 mètres de haut) et mises en mouvement au rythme de la musique.
Culturespaces a en effet mis au point un dispositif à la pointe de la technologie qui orchestre une centaine de vidéoprojecteurs, la fibre optique pour une résolution maximale, et un son spatialisé s’intégrant parfaitement dans les carrières pour immerger entièrement le spectateur. Invité à vivre une expérience unique, le visiteur peut ainsi se laisser transporter à la découverte de l’univers pictural de Gustav Klimt (1862-1918), Egon Schiele (1890-1918), et Friedensreich Hundertwasser (1928-2000).

Le spectacle 2014 : Klimt et Vienne, un siècle d’or et de couleurs

Le spectacle Klimt et Vienne, un siècle d’or et de couleurs traverse 100 ans de peinture viennoise grâce à un voyage au cœur des œuvres colorées et lumineuses de Gustav Klimt, de ses contemporains et de ceux qu’il a inspirés.
Dans la Vienne impériale de la fin du XIXe siècle, Gustav Klimt figure parmi les grands peintres décoratifs des somptueux monuments de la Ringstrasse. A l’aube du siècle nouveau, il s’impose à la tête de la Sécession viennoise, un courant qui aspire à régénérer l’art en profondeur. Célébré autant que contesté, Klimt ouvre la voie vers la peinture moderne. L’or et les motifs décoratifs, caractéristiques de ses œuvres, resteront un symbole de cette révolution artistique. Le spectacle présente ainsi les œuvres qui ont fait la singularité et le succès de Klimt : sa période dorée, ses portraits et ses paysages.
Le spectacle présente aussi des œuvres de grands artistes viennois comme Egon Schiele et Friedensreich Hundertwasser, influencés par le travail de Klimt. Poussé par l’effervescence artistique caractéristique de la fin du XIXe siècle, Schiele s’inscrit dans une nouvelle forme de représentation du paysage et du corps humain. Quant à Hundertwasser, il incarne, quelques décennies plus tard, un renouveau artistique, fortement marqué par la révolution instiguée par Klimt. Sa peinture, comme son architecture, ancrées dans le respect total de la nature et de l’homme, remontent à la source de la vie et des éléments.
Ainsi, ce nouveau spectacle aux Carrières de Lumières propose un regard original sur Klimt et ses successeurs à travers la mise en scène des portraits, paysages, nus, couleurs et dorures qui ont révolutionné la peinture viennoise dès la fin du XIXe siècle et pendant le siècle suivant.

Klimt et Vienne, un siècle d’or et de couleurs

Séquence 1 – La Vienne néoclassique
La première séquence du spectacle nous conduit à Vienne, au Kunsthistoriches Museum, dont l’architecture et les décors se dessinent progressivement sur la surface des carrières. D’abord le plafond, puis les colonnes, et enfin les peintures de style néoclassique, réalisées par le peintre officiel de la maison impériale Hans Makart (1840-1884), et le jeune Gustav Klimt. Éléments décoratifs inscrits dans l’architecture du palais, leurs fresques apparaissent sur la pierre des carrières comme si, pour la première fois, elles avaient momentanément délaissé le grand escalier d’honneur qu’elles surplombent depuis l’ouverture du musée en 1891.
Le dialogue entre peinture et architecture se poursuit ensuite sous les lustres du Burgtheater, Théâtre National de Vienne datant lui aussi de la fin du XIXe siècle. Le plafond s’illumine pour laisser apprécier le travail pictural de Franz Matsch et de Gustav Klimt, le spectacle donnant l’occasion unique d’admirer de près les fresques qui explorent des thèmes mythologiques. Avant Klimt et parallèlement à celui-ci, Makart est considéré comme une figure majeure de la peinture autrichienne académique dans cette Vienne « fin de siècle ». Sa peinture foisonnante et lyrique démontre une inspiration classique, avec un intérêt particulier pour le Settecento vénitien.

Séquence 2 – Klimt et la Sécession viennoise
Changement de style, changement de décor. En 1897, Gustav Klimt est l’un des fondateurs de la Sécession viennoise qui souhaite s’affranchir des contraintes du conservatisme social, politique et esthétique, donner à l’art une plus large vocation que la peinture pure et l’étendre à tous les arts décoratifs. L’architecture est le premier terrain d’expression de la Sécession viennoise. Otto Wagner dessine les pavillons de la ligne de métro, et notamment la symbolique station Karlsplatz et ses vitraux colorés .
Les façades des immeubles de Vienne se parent de formes organiques, de compositions florales et de motifs végétaux stylisés où le vert et l’or prédominent. L’emblématique Palais de la Sécession, au frontispice duquel est inscrit cette devise : « A chaque siècle son art, à l’art sa liberté », s’affirme comme le lieu d’exposition de ce courant viennois et illustre cette recherche d’« art total ». Cette recherche esthétique se décline aussi dans le graphisme des affiches et de la revue mensuelle éditée par les artistes sécessionnistes Ver Sacrum. Le langage graphique qui s’affiche aujourd’hui sur les murs des carrières confirme une préférence pour des lignes courbes, des formes illustrées et des caractères gothiques stylisés.

Séquence 3 – Klimt et l’or

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Imprégnée de symbolisme, la fameuse Frise Beethoven de Klimt, réalisée en 1902, s’inscrit dans la nouvelle architecture du Palais de la Sécession… et aujourd’hui, sur les murs des carrières. Le spectacle fait apparaître progressivement les figures allégoriques pour recomposer, dans son ensemble, l’œuvre et sa profusion de détails. La juxtaposition de formes géométriques stylisées compartimente l’espace, comme un hommage manifeste aux mosaïques byzantines qui ont tant impressionné Klimt à Ravenne. Fils d’artisan doreur, Klimt intègre de fines couches d’or pour sublimer ses personnages, et en rehausser la magique préciosité. Il parvient ainsi à donner une dimension intemporelle à ses œuvres, que l’absence de perspective et la suppression des ombres rapprochent des icônes religieuses. Il habillera les murs du Palais Stoclet d’un arbre de vie dont le magnifique jeu d’entrelacs de volutes dorées se déploie aujourd’hui sur les parois des carrières. Au cours de sa « période dorée », Klimt réalise des chefs-d’œuvre : Le Baiser, Danaë, le Portrait d’Adèle Bloch-Bauer I…

Séquence 4 – Klimt et la nature

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Pendant ses nombreux séjours estivaux au bord du lac d’Attersee en Autriche, Klimt peint la nature sur le motif. Jardins, vergers et prairies trouvent grâce à ses yeux. Sans trame narrative ni figure humaine, il nous immerge dans une végétation qui invite à se laisser contempler, de même que les bords du lac semblent contempler leur reflet sur la surface étale. Aux carrières, le sol se mue en un tapis d’innombrables fleurs laissant apprécier une riche palette de couleurs, dans un clin d’œil au pointillisme.
Le spectacle nous conduit ensuite dans un sous-bois, puis dans une forêt de troncs alignés qui se dressent tels les colonnes d’un temple végétal. À l’orée du bois, on devine un village.

Séquence 5 – Egon Schiele

(Robert Poulain)
(Robert Poulain)

Ces maisons qui s’emparent des carrières sont l’œuvre d’Egon Schiele. Etendu sous les fenêtres, le linge ondule avec le vent annonçant l’automne qui dépare les arbres de leur feuillage. Pourtant, la vie bruisse derrière les façades des maisons aux fenêtres ouvertes ou fermées. Influencé par Klimt, Egon Schiele construit ses villages à la manière de patchworks, dans des compositions de plans successifs. S’ils n’ont rien de réaliste, ces paysages laissent entrapercevoir le paysage mental de Schiele qui transparaît à travers des couleurs mélancoliques et des lignes plus tourmentées.

Séquence 6 – Klimt et les femmes

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Les silhouettes peintes par Schiele laissent place aux femmes de Klimt. L’or est supplanté par la couleur qui auréole la femme et la place en majesté. Jeunes filles, femmes enceintes, ou dames âgées, belles ou moins belles, cette galerie de portraits représente la féminité sous toutes ses formes. De la finesse de leurs traits se dégage une puissance expressive. Hiératiques ou abandonnées, ces femmes fascinent et trahissent la tendresse du regard que le peintre pose sur elles.
S’ensuivent des tableaux plus existentiels sur les différentes phases de la vie – naissance, jeunesse, vieillesse et mort… L’œil se focalise sur le détail des motifs ornementaux, tendant vers un art plus abstrait.

Séquence 7 – Friedensreich Hundertwasser

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

La dernière séquence est consacrée à l’univers pictural de Friedensreich Hundertwasser qui prend possession des carrières. A la fois peintre et architecte, il est l’héritier de la Sécession viennoise, quelques décennies plus tard. Sa cité idéale se construit sur la pierre. Comme Klimt et Schiele, Hundertwasser abandonne la perspective au profit d’une succession de plans et comme eux, il préfère à la ligne droite une ligne plus vivante, traçant des formes irrégulières. « La ligne droite est un danger créé par l’homme car elle est étrangère à la nature de l’homme, de la vie, de toute création », disait-il. Des fenêtres à la géométrie bancale animent des façades aux couleurs flamboyantes, et la ligne se déroule pour dessiner un monde utopique où la Nature est le modèle et l’Homme son centre. Sa peinture est une explosion de couleurs qui transporte à la source même de la vie et des éléments naturels, dans une spirale sans fin.

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