Cybersécurité: « Les nouveaux loups du web » : Cliquez, vous êtes profilés!

Publié le 26 février 2016 à  10h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h03

Ce 29 février, à 19 heures au cinéma le Prado à Marseille, le long-métrage de Cullen Hobback, «Les nouveaux loups du web» sera présenté au public dans le cadre d’une projection-débat. L’occasion de revenir sur la question préoccupante de la sauvegarde de la sphère privée, à l’ère du numérique avec le concours de l’ACBM (Association de criminologie du bassin méditerranéen). Jan Roeloffs, fondateur de Jupiter Films apporte quelque éclairage sur le film.

Jan Roeloffs, fondateur de Jupiter Films (Photo Jupiter Films/Roman Roeloffs)
Jan Roeloffs, fondateur de Jupiter Films (Photo Jupiter Films/Roman Roeloffs)

De prime abord, «Les nouveaux loups du web», réalisé par Cullen Hobback, semble un ovni dans le catalogue de Jupiter Films, marqué par une ligne éditoriale très portée sur la spiritualité. Parmi celui-ci, des longs-métrages documentaires, à l’image de Nosso Lar, Yogananda, M et le 3e secret ou encore Les Chemins de Compostelle… D’autres encore ciblent le bien-être et le développement personnel, à l’instar de La Santé dans l’assiette ou l’Odorat… Mais de prime abord, seulement. Car, le fil directeur est : l’éveil des consciences, ni plus ni moins ! «Notre but est de continuer à proposer d’autres choix de société. Bref, incarner le changement que l’on veut voir dans le monde», explique Jan Roeloffs, fondateur de Jupiter Films. Et ce changement passe forcément par une diffusion de la connaissance. De l’information, puis de la conscientisation finit par naître l’action… «Les nouveaux loups du web» participe donc à cette logique : ouvrir les yeux du plus grand nombre sur la réalité du monde numérique et lui permettre de sortir de la caverne chère à Platon… «Pour ce faire, nous combinons toujours film et débats. Dans le cas de l’opus de Cullen Hobback, nous débutons tout juste ce cycle de projections-débats en Province, avec Marseille.» Le rendez-vous est donc donné à 19h, le 29 février prochain au cinéma le Prado. Un événement organisé avec le concours de l’ACBM (Association de criminologie du bassin méditerranéen).

«Nous sommes le produit»


Plus spécifiquement, «Les nouveaux loups du web» évoque la sphère privée dans le numérique. Et ce moment où tout bascule, lorsque l’on nous invite à accepter les conditions générales d’utilisation, pour pouvoir nous servir de cette application sur notre smartphone, des fonctionnalités de ce nouveau logiciel ou de ce moteur de recherche, entrer dans les rangs des «fans» ou des «followers» des réseaux sociaux… Sauf que de l’autre côté du clic, la réalité prend des allures de douche froide. «Ces conditions générales, on ne les lit jamais, tant elles sont longues et hermétiques. Il faudrait d’ailleurs des mois pour le faire… Le souci, c’est qu’en les acceptant sans sourciller, on livre notre vie. Et tout cela prendra d’autant plus d’ampleur que tout, dans l’avenir, sera connecté. Aujourd’hui, ce sont les téléphones portables ou les ordinateurs. Demain, pourquoi pas nos frigidaires», avance encore Jan Roeloffs. Ce n’est pas une hyperbole. L’enjeu, pour les multinationales nous offrant ces services, étant de collecter le maximum de renseignements sur notre compte. «Nos données valent près de 240 Mds de dollars/an. Et comme le dit si bien l’adage, « si le service est gratuit, c’est que nous sommes le produit »…» Un produit particulièrement juteux : des recherches Google, des achats en ligne, des statuts sur les réseaux sociaux filtrent une richesse précieuse, une multitude de renseignements sur les goûts de l’internaute, ses habitudes de consommation, sa situation de famille… «Ils nous profilent», martèle le fondateur de Jupiter Films. Ainsi, le ciblage se ménage peu à peu une place de choix dans les activités des entreprises spécialisées dans le marketing on line. Le but, on l’aura compris : inciter à la consommation. Encore et toujours.

Quelles solutions ?

Peut-on toutefois se protéger de cet état de fait ? D’autant que les autorités, en France, semblent inopérantes en la matière. «La loi dit qu’au bout de 4 ans il faut effacer les données. Mais les multinationales en question refusent de le faire… et personne ne leur tape sur les doigts. La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (Cnil) est débordée… Quand, le gouvernement lui-même n’entre pas dans leur jeu, comme cela a été le cas dernièrement, à la faveur de la signature d’un partenariat entre l’Éducation nationale et Microsoft ! Pour 13 millions d’euros, Microsoft va équiper les écoles de l’Hexagone et ce faisant, s’infiltrer dans ces dernières. C’est notre jeunesse que l’on a vendue ! », dévoile-t-il.
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il faut se retirer du monde et se priver à jamais de toute technologie. Là n’est pas le propos du film… encore moins celui du débat qui suivra. Précisant: «Nous ne voulons pas en rester au simple stade du constat. Au cours de la discussion, nous allons montrer que même s’il est trop tard pour se soustraire à cet état de fait, il existe des solutions visant à se prémunir au mieux de ces intrusions dans la sphère privée. Par exemple, opter pour Modzilla plutôt que pour Google. Ce moteur de recherche ne piste pas ses utilisateurs. On peut également utiliser le logiciel Tor, permettant de se rendre anonyme sur le web. Enfin, préférer des logiciels libres tels Linux, en lieu et place de ceux proposés par les géants de l’informatique… et, double effet non négligeable, faire travailler les petites entreprises françaises qui œuvrent dans le domaine du software. Sans oublier des précautions de bon sens, comme l’inclusion de paramètres de sécurité dans ses comptes, notamment sur les réseaux sociaux. La première des protections étant bien entendu de ne pas y divulguer n’importe quelles informations…»
Ainsi, réalisateur et producteur des Nouveaux loups du web se veulent, à leur manière, lanceurs d’alertes. A l’image d’un Edward Snowden, condamné aujourd’hui à l’exil… «On devrait demander l’impunité pour les lanceurs d’alerte. Pourquoi est-ce si important de les faire taire, de les punir sévèrement ? Cela ne veut dire qu’une chose : il y a aujourd’hui des groupes d’intérêts contraires aux nôtres », conclut Jan Roeloffs.
Carole PAYRAU

« Les nouveaux loups du web » lundi 29 février, à 19 heures au cinéma le Prado au 36, avenue du Prado, 13006 Marseille – Tél. :04 91 37 66 83
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