Environnement: A la recherche de la meilleure « Capitale régionale de la biodiversité » en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Publié le 27 avril 2014 à  19h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h49

Dans le cadre de la 5e édition du Concours national « Capitale française de la biodiversité » qui vient d’être lancée lors d’une journée sur la biodiversité organisée à Aix-en-Provence par l’Arpe Paca, le jury décernera également, pour la première fois, un trophée «Capitale régionale de la biodiversité » à une collectivité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ainsi que dans les autres régions partenaires (Aquitaine, Ile-de-France et Rhône-Alpes).

Une 5e édition placée sous le thème de l’agriculture urbaine

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Une journée a été organisée par l'Arpe Paca, le 15 avril dernier pour inciter les collectivités à agir en faveur de la biodiversité sur leur territoire (Photo D.R.)
Une journée a été organisée par l’Arpe Paca, le 15 avril dernier pour inciter les collectivités à agir en faveur de la biodiversité sur leur territoire (Photo D.R.)

Organisée pour la 5e année consécutive, le concours «Capitale française de la biodiversité» récompense la mise en œuvre de démarches exemplaires en matière de protection et de restauration de la biodiversité. Il permet de valoriser les actions innovantes, identifier les bonnes pratiques, et promouvoir les politiques menées en faveur de la biodiversité. En choisissant le thème de l’agriculture urbaine, le concours souhaite promouvoir les démarches des collectivités en faveur de l’écologie urbaine : prise en compte de la biodiversité dans les documents d’urbanisme, reconnexion des citadins avec la nature, pratiques du jardinage au naturel, réintroduction de la biodiversité potagère…
Le dossier de candidature et le règlement du concours sont disponibles sur Capitale biodiversité
Ce concours est ouvert à toutes les collectivités territoriales de plus de 2 000 habitants (communes, communautés de communes, communautés urbaines ou d’agglomération, métropoles…) jusqu’au 30 juin 2014.
Pour Annabelle Jaeger, conseillère régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur, déléguée à la biodiversité, Présidente de l’Arpe Paca, il s’agit «d’inciter les collectivités de Provence-Alpes-Côte d’Azur à participer, d’autant qu’aucune d’entre elles n’a été primée lors des précédentes éditions. Mais surtout, ce concours est une magnifique opportunité pour mettre à l’honneur les pratiques exemplaires menées en région, ce qui sera possible avec les Trophées de la Capitale régionale de la biodiversité».
Vingt neuf collectivités de Paca sont déjà signataires de la charte d’engagement « Vers une région sans pesticide, nos collectivités s’engagent » portée depuis 2011 par la Région, dont : la Communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole, les Parcs naturels régionaux du Luberon, Verdon et Queyras, les communes de Miramas, Pennes-Mirabeau, Lavandou, Villars-sur-Var, Pierrevert, Roussillon, …
Cette charte encourage et aide financièrement les collectivités qui réduisent et abandonnent l’utilisation de pesticides (arrêt du désherbage chimique) pour promouvoir des méthodes alternatives dans l’entretien des espaces verts (voiries, parcs, jardins publics, terrains de sport…).
Plus globalement, 69 collectivités et 3 départements sont engagés dans une démarche de gestion durable des espaces verts.
Une façon d’être en avance sur la législation car, à partir de 2020, l’utilisation en France, par les collectivités, de produits phytosanitaires sera totalement interdite pour entretenir espaces verts, forêts et promenades (loi Labbé parue au Journal officiel le 8 février dernier).

Vers un « zéro phyto » dans les espaces verts de Provence-Alpes-Côte d’Azur

A l’occasion de cette journée organisée par l’ARPE Paca, plusieurs collectivités ont pu témoigner sur les changements de pratiques en matière de gestion des espaces verts :
– Salon-de-Provence, première commune à mettre en place un plan local de la biodiversité;
-Le Luc-en-Provence, qui a réussi à intégrer la Trame Verte et Bleue dans son Plan Local d’urbanisme;
-Miramas et Volx, qui n’utilisent plus d’herbicides et de pesticides dans l’entretien de leurs espaces verts.
Autant d’exemples qui prouvent que les démarches de réduction de l’usage de ces produits sont possibles, économiques et créatrices d’emplois. Leur développement constitue d’ailleurs un enjeu majeur sur le plan sanitaire et environnemental car les collectivités sont encore responsables de près de 30 % de la pollution de l’eau par les pesticides.

Une première en région, Salon-de-Provence place la biodiversité au cœur des politiques communales

Depuis 2012, la Direction de la santé et de l’environnement, accompagnée par une association d’expertise écologique (E4), travaille à l’intégration de la biodiversité dans l’ensemble des actions menées par la commune. L’objectif est de mobiliser les habitants, les professionnels, les personnels communaux autour de la richesse écologique en zone urbaine et l’intérêt d’abandonner des pratiques néfastes pour leur santé et leur cadre de vie. «La biodiversité est intéressante si on arrive à la partager », indique Lionel Moynet, Directeur de l’environnement et de la santé.
Des cycles de conférences, des stages de 4 à 5 jours mais aussi des inventaires du patrimoine floristique de la ville sont organisés pour impliquer les habitants. Au programme : la découverte de zones humides, l’utilité des insectes, le recensement de la flore spontanée, l’importance de la présence d’arbres dans la ville, …
L’association a également mené une expertise écologique du «Trou des Batignolles» avec des jeunes en insertion et l’association France Nature Environnement FNE. Un reportage est disponible sur le site de FNE.

« On doit la jouer collectif pour que les gens aiment vivre là où ils sont »

A Salon, le personnel est formé à l’utilisation de méthodes alternatives pour limiter la pousse de mauvaises herbes. Le désherbage mécanique et le paillage sont des techniques primordiales du jardinage écologique. Le paillage est issu du produit de la tonte d’herbes séchées, de feuilles mortes, paille ou bois de taille broyés. Il permet de limiter les pertes en eau et enrichit le sol.

« Ce n’est pas simple car on gère continuellement des paradoxes ! »

Signataire de la charte « Vers une région sans pesticide, les collectivités s’engagent », la commune de Salon a banni les pesticides des pratiques d’entretien d’espaces verts : les personnels communaux n’utilisent plus de désherbants. Cependant, les habitants refusent encore la présence d’herbes autour des arbres ou sur les trottoirs.
Pour aller plus loin :
Livret « Jardiner sans pesticides, la pratique des méthodes naturelles au jardin » édité par l’Arpe Paca en partenariat avec le CIVAM, la Région Paca, la DRAAF, l’Agence de l’eau et l’Onema dans le cadre du Plan national écophyto 2018
Disponible sur : Arpe paca

Le Luc-en-Provence

pour la ville, Intégrer la Trame Verte et Bleue dans les documents d’urbanisme est difficile mais indispensable si on veut préserver les territoires riches en biodiversité de la pression foncière.
« La biodiversité reste le parent pauvre des démarches de développement durable. Elle est encore trop souvent considérée comme une contrainte plutôt qu’une richesse à valoriser. C’est en convainquant les élus, en organisant des visites de terrain, que nous sommes arrivés à intégrer la trame verte et bleue dans le plan local d’urbanisme, montrer les espèces qui utilisent les corridors écologiques, car elles ne peuvent pas traverser une route ou un lotissement pour rejoindre un autre lieu », explique Julie Geng, chargée de mission développement durable.
Avec 70 % d’espaces naturels et agricoles, le Luc-en-Provence a une carte à jouer en matière de préservation de la biodiversité. C’est un véritable enjeu : en identifiant les lieux et les cheminements des espèces dans le milieu naturel que possède la commune, l’intégration de ces secteurs dans les documents d’urbanisme permet d’éviter la construction et l’urbanisation de ces espaces.
« La biodiversité est souvent vécue comme une politique à part. Intégrer la biodiversité dans un Plan local d’urbanisme, c’est inscrire cette protection sur du long terme, elle devient une politique structurante de l’action de la commune »,constate Annabelle Jaeger
En effet, il faut savoir, le Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE) mis en place par les Régions est obligatoire depuis les lois Grenelle de 2009. Elles ont également modifié le Code de l’urbanisme en intégrant la préservation de la biodiversité par la conservation, la restauration et la création de continuités écologiques.
C’est ce document réglementaire qui permet de décliner la Trame Verte et Bleue (TVB) au niveau local. La TVB est un outil qui permet de lutter contre la perte de biodiversité, que ce soit en ville ou dans les espaces moins urbanisés. La fragmentation des espaces empêche les espèces de circuler librement. La mise en place de corridors écologiques, grâce à la TVB, restaure le lien entre les différents “cœurs de nature“ (les réservoirs de biodiversité) au sein de l’espace communal. Elle est définie au moment de l’élaboration des documents d’urbanisme.

Volx

Depuis 4 ans, les méthodes de désherbage alternatif employées par la commune ont fait leurs preuves. Mettre en pratique les démarches d’entretien sans pesticide et sans herbicide a nécessité des travaux de voirie; l’ensemble des trottoirs et des zones piétonnes a été refait, les pieds d’arbres ont été aménagés avec des revêtements perméables et biodégradables.

« La communication, c’est 90% du travail. A partir du moment où ces changements sont compris et acceptés par la population, la mise en pratique est rapide. »

Depuis 4 ans, la commune a fait le choix du zéro pesticide. C’est une association d’insertion qui désherbe manuellement les espaces verts et les voiries à raison de 1 200 heures/ an. Les espaces communaux auparavant désherbés sont désormais mis à disposition des propriétaires de poneys.

« S’intéresser à la biodiversité, c’est s’intéresser à notre cadre de vie, surtout dans l’espace urbain »

Pour informer la population, Volx organise, avec l’association Alpes de Lumière, des mini-stages et des sorties-nature qui permettent de présenter les outils utilisés, les différents principes de paillage, la biodiversité ordinaire.
Il reste encore beaucoup à faire pour l’acceptation de ces nouvelles pratiques : «On voit une opposition nette entre les habitants à l’année, qui ont compris ces changements et qui acceptent dorénavant les repousses d’herbes et de fleurs spontanées à certains endroits de la commune et les propriétaires de résidences secondaires qui souhaiteraient tout raser et revenir aux méthodes de désherbage classiques. »

Miramas : un plan de gestion différencié

Cette commune est passée au «zéro pesticide» depuis 2 ans.
A Miramas, on privilégie les auxiliaires naturels qui luttent contre les ravageurs : une mésange mange 200 chenilles processionnaires par jour. Les coccinelles mangent plus de 70 pucerons par jour !
Mais toutes les méthodes alternatives ne sont pas aussi efficaces : le désherbage thermique, par exemple, est efficace sur de petites zones, on peut difficilement le systématiser. C’est là aussi grâce à une association d’insertion qu’on est parvenu aussi rapidement au zéro pesticide ; en désherbant manuellement, les salariés participent à la démarche zéro pesticide de la commune, c’est plus valorisant pour eux.

Quand le citoyen participe à des inventaires naturalistes avec le programme «Sauvages de Paca»

Ce programme invite débutants et amateurs à suivre la biodiversité végétale de leurs villes pour permettre un inventaire national des plantes sauvages qui vivent dans les brèches urbaines (pied d’arbres, fissures…).
Choisir une rue, observer les plantes sauvages, identifier les espèces, envoyer les données qui apparaîtront sur une carte pour alimenter une base de données utile aux chercheurs en écologie urbaine ; c’est l’objectif de cette association naturaliste :
-Quelle est la qualité et l’évolution de la biodiversité en ville ?
-Quel rôle joue les brèches urbaines dans le déplacement des espèces ?
-Quelle est la meilleure façon d’aménager une rue pour améliorer le cadre de vie des citadins ?
Plus précisément, le recensement de toutes ces données à un niveau national permet de retracer l’efficacité des démarches d’entretien des espaces verts sans produits phytosanitaires : la mise en place d’une démarche zéro phyto a-t-elle permis le développement de plus de fleurs sauvages en ville ?
Pour Salon, le programme «sauvages de ma rue» est une des actions du plan local de la biodiversité. Dans le cadre des « flâneries urbaines », on arpente les rues, on s’arrête pour observer les plantes qui poussent spontanément. Cette opération montre qu’on ne répertorie pas que les espèces protégées, dans les espaces protégés, on dresse un inventaire de la nature en ville.

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