Eric Delbecque présente à Marseille « L’intelligence économique pour les nuls »

Publié le 16 décembre 2015 à  9h05 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

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Eric Delbecque, expert en intelligence économique était à Marseille pour présenter son ouvrage
Eric Delbecque, expert en intelligence économique était à Marseille pour présenter son ouvrage

L’Association de Criminologie du Bassin Méditerranéen (ACBM) vient d’accueillir, à la Maison de la Région à Marseille, Eric Delbecque, expert en intelligence économique, membre du conseil scientifique du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS) pour la présentation de son livre : «L’Intelligence économique pour les nuls». L’auteur précisant immédiatement : «L’intelligence économique (IE) n’a rien à voir avec les « barbouzeries » dont les excès illustrent régulièrement les unes des journaux ou enflamment la blogosphère ! Elle est en revanche indispensable à la pérennité et au développement des entreprises». Une intelligence qui, pour l’auteur, s’appuie sur le triptyque : veille, sécurité et influence. «La veille, c’est observer; la sécurité, c’est sécuriser ses forces et, l’influence vise à configurer un environnement afin qu’il soit le maximum favorable à l’action». Il évoque un chef d’entreprise qui, «tous les matins se demande : qui veut la peau de mon entreprise ? Où est-il ? Comment va-t-il s’y prendre ? ».
La thèse d’Eric Delbecque part du fait que «nous sommes en guerre économique». Dans ce contexte, avance-t-il: «Une croissance soutenue et la création d’emplois exigent la compétitivité des entreprises; de la PME jusqu’aux multinationales. Et celle-ci dépend désormais de la capacité de ces organisations à anticiper, à se sécuriser ». «La veille, explique-t-il, touche de nombreux domaines. Par exemple, lorsque l’on envisage d’envoyer un collaborateur dans un pays à risques, il importe, quelques mois avant son départ, de mettre en place une veille pour savoir où on l’envoie; s’il risque de se retrouver dans un nid de vipères… On peut ainsi éviter un piège ou bien s’il existe là une véritable opportunité à ne pas rater.» Pour cela, poursuit-il: «On peut utiliser tous les moyens et en premier lieu les plus simples : il existe des sites, des journaux. On peut également contacter des experts, notamment universitaires car, une bonne veille repose toujours sur le facteur humain. Dire cela peut paraître une évidence mais il faut savoir qu’un groupe français d’ampleur mondiale continue à envoyer des jeunes femmes en Arabie ou dans les Émirats seules, sans garde du corps…».

«Il faut que l’entreprise arrête de regarder le collaborateur comme une charge alors que c’est sa plus grande richesse…»

La veille, pour l’auteur, c’est également des conseils: «Mais on ne peut rien si, on ne sait pas ce que l’entreprise cherche, quels marchés elle vise, quelles sont les difficultés auxquelles elle est confrontée». Car, avoir de l’information est certes important mais, précise-t-il: «Encore faut-il savoir ce que l’on veut en faire pour pouvoir la trier, l’utiliser». Il faut également avoir une réflexion sur les informations qui sortent de l’entreprise. «Est-il normal par exemple de trouver sur Facebook le niveau de responsabilité d’un cadre, sa vie familiale, ses enfants ? Sans ce travail, la cyber-sécurité ne sert à rien». Il faut surtout, pour Eric Delbecque, que «l’entreprise arrête de regarder le collaborateur comme une charge alors que c’est sa plus grande richesse… et donc sa plus grande cible ». Une cible parfois fort peu protégée : «On peut par exemple accéder simplement en prenant l’ascenseur au bureau d’un PDG du Cac 40. Dans un autre cadre, on peut avoir les systèmes de protection les plus coûteux, ils ne servent à rien si les codes d’accès sont collés sur chaque ordinateur». «Il y a des choses qui doivent rester dans les têtes… ou sur du papier livré par un porteur bien payé dans lequel on a une entière confiance », conseille-t-il.

«On peut faire des choses légales et parfaitement dégueulasses»

Concernant l’influence l’auteur considère : «Nous nous influençons tous en permanence. L’influence, c’est une modalité du comportement ». Et d’évoquer deux limites : « La légalité et la déontologie sachant que l’on peut faire des choses légales et parfaitement dégueulasses». Avant d’expliquer: «Le renseignement commercial a toujours existé. Mais, dans les années 90, le monde a changé et nous sommes entrés dans une guerre économique. Avant, il n’y avait que de la veille technologique. Depuis, il existe la veille sous toutes ses formes: la sécurité et l’influence. Nous sommes dans la stratégie qui arrive lorsque la planification prouve qu’elle est inutile». «Nous sommes, poursuit-il, dans un monde où des pays tels que les États-Unis, la Chine, l’Inde… ne font pas de distinction entre le public et le privé. Nous ne sommes donc pas dans un monde libéral». Ce que n’a pas compris Bruxelles, juge Eric Delbecque qui met en place le libre jeu de la concurrence. Alors qu’aux États-Unis, dans les années 80, le pouvoir s’est rendu compte que les Japonnais étaient en train de leur prendre de nombreuses parts de marché. La CIA a travaillé là-dessus et les Démocrates, avec Bill Clinton, ont mis en place un dispositif de guerre économique. Un système dans lequel les administrations participent à la conquête des parts de marché; où 40% du budget de la CIA est attribué au renseignement économique; où la CIA, la NSA, font de l’espionnage économique; où une administration est dédiée aux PME». «C’est pour cela que Tafta, l’accord commercial trans-atlantique, est un scandale», lance-t-il.
Michel CAIRE
«L’intelligence économique pour les nuls» d’Eric Delbecque – First Éditions – Prix 22,95€

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