Face à 30 ans : la Fondation retrouve sa voie avec Jean Castex

Publié le 20 novembre 2023 à  19h11 - Dernière mise à  jour le 22 novembre 2023 à  19h44

C’est à Marseille que Face, Fondation agir contre l’exclusion, vient de fêter ses 30 ans, rendant ainsi hommage à son ancrage local- elle est présente dans 50 départements avec 42 clubs locaux et 38 fondations abritées. Marseille est aussi le berceau de l’un de ses tous premiers clubs : «Face Sud Provence» qui fête aussi ses trente ans. Plus de 700 participants ont assisté à cette journée : écosystème institutionnel et associatif, élus locaux, chefs d’entreprises, experts et deux ministres : Gabriel Attal et Sabrina Roubache.

Destimed Castex Face
Jean caxtex, président de Face, Bruno Goimier, directeur Communication et RSE Pernod Ricard France, Philippe Alchus, responsable des Ressources Humaines Senior Pernod-Ricard France et Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et de la Ville (Photo Michel Caire)

Après des années difficiles sur le plan judiciaire, financier : « La fondation Face a pu tenir grâce à ses clubs locaux, nous leur rendons hommage aujourd’hui » explique Jean Castex, le président, bénévole, de la Fondation Face qui signale aussi le soutien fondamental du groupe SOS qui a permis de redresser les finances. Sur un plan juridique et financier, l’homologation par l’autorité judiciaire de toutes les solutions de sorties de crise mises en place depuis 2020 sécurise la position de Face. Et, pour aller de l’avant, un renouvellement et une consolidation des équipes ont été amorcés. Alors Jean Castex d’annoncer: «Aujourd’hui on ne roule pas sur l’or mais la situation est saine». Occasion d’en venir à l’essentiel, l’objet de cette fondation qui « en 30 ans s’est forgée une expertise unique et est devenue un acteur clé de l’engagement des entreprises en faveur de l’inclusion ». Et il ne manque pas de signaler : «Le contexte actuel nous invite à intensifier notre mobilisation collective. Face agit comme un ensemblier en fédérant les acteurs locaux, au plus près des besoins des personnes les plus vulnérables».

Créée en 1993, la Fondation Face est un acteur indépendant et fédérateur de l’engagement des entreprises pour l’inclusion. Alors que les vulnérabilités se renforcent et évoluent, sa raison d’être est d’accompagner les publics les plus exclus : les jeunes en difficulté, les femmes victimes de violences, les personnes sous main de justice, les travailleurs en situation de handicap, les seniors éloignés de l’emploi, les personnes en situation de précarité et les personnes réfugiées. Elle construit des parcours d’accompagnement dans trois domaines : l’éducation et l’orientation des jeunes en difficulté ; l’inclusion par l’emploi et l’insertion ; l’accès aux droits. Une action qui s’appuie sur les entreprises. Dans ce cadre Face accompagne l’ensemble des entreprises désireuses de déployer des actions d’inclusion en lien avec leur démarche de responsabilité sociétale et mobilise leurs salariés sur des actions en mécénat en compétences. «Au-delà des obligations légales, de la dimension éthique, l’entreprise peut conjuguer RSE et profits. Pour cela nous avons nos clubs qui expliquent comment faire, les écueils à éviter, les bonnes pratiques à appliquer ».

Les entreprises ont un rôle à jouer pour contribuer au développement de leur territoire

Et Face de s’appuyer sur une étude réalisée auprès de 1 000 salariés qui montre que, pour 88% des salariés du secteur privé, les entreprises ont un rôle à jouer pour contribuer au développement de leur territoire. 85% considèrent qu’elles ont une responsabilité dans la lutte contre les inégalités et les discriminations. 85% pensent qu’elles ont un rôle à jouer dans l’intégration dans leurs effectifs de personnes en situation d’exclusion. 84% pensent que les entreprises ont un rôle pour contribuer à une transition écologique juste. La RSE a un impact direct sur les enjeux liés à une transition écologique plus juste. 81% pensent que les entreprises sont responsables de la sensibilisation de leurs salariés aux inégalités.

Et, dès à présent, plus que les mots, les chiffres sont là pour dire la pertinence de Face en matière de lutte contre l’exclusion. 664 155 personnes ont bénéficié des actions de Face en 2022, toutes structures et toutes actions confondues. 291 420 personnes ont été accompagnées directement  – hors fondations abritées. Et les résultats sont là. Le taux de sorties positives et dynamiques s’élève à 85% avec 47% de sorties positives et 38% de sorties dynamiques. Mais cela ne suffit pas pour Jean Castex : « Nous sommes un acteur parmi d’autres et j’aimerais avoir un conseil scientifique pour savoir quelles actions sont pertinentes, celles qui le sont moins ». Deuxième piste avancée par l’ex Premier ministre : « Nous devons élargir notre action sur un plan territorial. C’est là une de nos 3 priorités. Nous voulons assurer une présence dans l’ensemble des 101 territoires à l’horizon 2028, en métropole et en outre-mer, en milieu urbain comme en ruralité».

La deuxième priorité «est de repositionner les entreprises au cœur de Face, de toucher des entreprises de toutes tailles. Nous travaillons actuellement avec 6 000 entreprises de toutes tailles mais avec une sur-représentation des grands groupes. Nous souhaitons que les PME nous rejoignent, leur montrer que certaines sont déjà avec nous ». Là encore l’ambition de Face rencontre les attentes des salariés. Toujours selon la même étude. Pour 62% des salariés, l’engagement d’une entreprises au sein d’une structure aidant les publics vulnérables aurait un impact positif sur les compétences et la motivation de ses collaborateurs. Plus intéressant encore, 76% des salariés du secteur privé aimeraient que leur entreprise leur permette de travailler dans une structure aidant les publics vulnérables une demi-journée ou une journée par semaine. Il est à noter que cette proposition grimpe à 82% chez les moins de 35 ans.

Et ces résultats, pour Jean Castex ne sont pas encore, à la hauteur des besoins : « Nous devons également évoluer pour devenir un acteur reconnu de la transition écologique solidaire. Cette transition nous pousse à permettre aux clubs de s’impliquer dans le social ».

Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté et de la Ville, mesure l’urgence de la situation : « Face à l’intolérance qui grimpe dans notre pays il faut être au plus près des populations, en bas des immeubles, pour répondre aux besoins des populations. Et là réside toute l’importance de Face qui travaille avec les entreprises pour que des jeunes, des femmes, des étrangers, des personnes en situation de handicap trouvent un emploi, s’insèrent dans la société. C’est là aussi tout le sens de mon action sachant que les enjeux sont plus grands que nos fonctions ».

« Mettre en œuvre un projet d’engagement collectif au service de l’intérêt général nécessite une expertise en mécénat »

De nombreuses structures participent à cette journée anniversaire. Parmi elles Admical cette structure a vu le jour en 1979 et diffuse les bonnes pratiques du mécénat auprès des entreprises et des entrepreneurs. Son délégué général, Yann Queinnec explique qu’Admical anime un réseau de plus de 200 membres  de toutes tailles et tous secteurs économiques qui interviennent dans tous les domaines de l’intérêt général : environnement, social, éducation, santé, culture, recherche, sport. «Elle accompagne ses Adhérents dans la gestion et l’évolution de leur politique de mécénat sur le plan stratégique, juridique et fiscal. Nous sélectionnons des projets, nous les aidons, c’est tout l’objet de de notre incubateur du mécénat collectif territorial. Il faut savoir que, partout en France, des entrepreneurs : dirigeants de TPE, PME, ETI ou grande entreprise sont prêts à se mobiliser pour soutenir des projets d’intérêt général près de chez eux. Mais mettre en œuvre un projet d’engagement collectif au service de l’intérêt général nécessite une expertise en mécénat et une ingénierie territoriale pour structurer la démarche et la faire passer de l’idée au projet.»

C’est pourquoi, indique Yann Queinnec, «Admical a créé son incubateur pour accompagner la structuration de ces démarches collectives et les aider à prendre vie. Nous sommes dans ce cadre en partenariat avec Face sur un dispositif visant à développer ce type de mécénat dans les territoires. Face va ainsi, fruit de ce partenariat, abriter sous peu une association en Guadeloupe ». L’incubateur s’adresse en priorité aux entreprises qui souhaitent se fédérer et s’engager collectivement sur leur territoire. Pour autant, des collectivités territoriales qui aimeraient lancer une démarche de mécénat collectif sur leur territoire peuvent également candidater à l’incubateur, à condition d’être capable de constituer un noyau dur d’entreprises locales qui participeront (aux côtés d’un représentant de la collectivité) aux séances de travail en vue de préfigurer leur projet.

« On est là pour aider à trouver un job, à faire un CV, à retrouver la motivation »

Au rang des partenaires historiques de Face on retrouver Pernod-Ricard. Philippe Alchus, responsable des Ressources Humaines Senior chez Pernod-Ricard France indique : « Voilà 20 ans que nous bossons avec Face. Il est donc tout à fait naturel que nous participions à cet anniversaire, d’autant plus qu’il se déroule à Marseille.» Précise : « Nous avons signé le « Pacte avec les quartiers pour toutes les entreprises » (PAQTE) avec la Fondation Agir Contre l’Exclusion (Face). Les entreprises signataires de ce pacte s’engagent notamment à développer des actions de découverte de l’entreprise et de sensibilisation à l’entrepreneuriat, ainsi que des actions découverte des métiers. Nous sommes par ailleurs au comité d’orientation de Face pour réfléchir aux actions à mener pour lutter contre les discriminations, contre l’exclusion. On est là pour aider à trouver un job, à faire un CV, à retrouver la motivation ce qui est loin d’être toujours facile quand les difficultés s’accumulent. Agissant ainsi, nous nous inscrivons dans les pas de Paul Ricard ».

Sorenis est également présent. Cette structure a obtenu le prix de la Cress Provence-Alpes-Côte d’Azur pour Céreste, un projet de territoire transversal en milieu rural. Il comprend du logement avec une résidence intergénérationnelle de 58 logements collectifs et 18 maisons en accession sociale pour créer de la mixité. Il comprendra une maison partagée pour les habitants du bassin de vie qui sera animé par un acteur local en lien avec le tissu associatif de proximité. Le projet comprend également une maison de santé pluridisciplinaire, un tiers lieu à vocation culturelle, l’implantation d’un espace numérique pour tous, un potager en permaculture, la création d’un service de mobilité alternative…

Michel CAIRE

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