Fouilles archéologiques: Des fresques romaines uniques en France découvertes à Arles

Publié le 10 juillet 2015 à  14h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h19

visage féminin  © Julien Boislève Inrap/Musée départemental Arles antique
visage féminin © Julien Boislève Inrap/Musée départemental Arles antique

Depuis le 1er avril 2015, les fouilles archéologiques programmées ont repris sur le site municipal de la Verrerie de Trinquetaille, en rive droite du Rhône, à Arles.
Relevant d’une fouille programmée, elle a débuté en 2014 et s’achèvera en 2016 à raison de quatre mois de fouille par an. La première campagne de fouille de cette maison datée du Ier s. av. J.-C., a déjà révélé, en 2014, dans une première pièce, un rarissime décor peint de IIe style pompéien, daté en Gaule entre 70 et 20 av. J.-C. Ces peintures, aux couleurs d’une incroyable fraîcheur, laissent entrevoir, dans une probable chambre à coucher (cubiculum ), une ornementation qui ménage, par un fort contraste de couleur, une alcôve pour le lit et une antichambre. D’inspiration très architecturale, la peinture imite en zone inférieure un podium au traitement évoquant le marbre. Dans l’antichambre, il supporte de massives colonnes jaunes tandis que, dans l’alcôve, de riches panneaux d’imitation de placages de marbres occupent la zone médiane. Dans la pièce voisine, objet de la campagne en cours, des peintures en place sur deux murs ont été dégagées. La fouille des niveaux de comblement a permis de mettre au jour un décor unique en France. Sur un fond uni d’un précieux rouge vermillon, un pigment de luxe, des colonnes fictives imitant le marbre ménagent des espaces dans lesquels sont représentés divers personnages. De grande taille, ils prenaient place sur des piédestaux. Notamment le visage d’une femme qui joue d’un instrument à corde. Un second visage féminin se dessine sur les caisses du musée où sont assemblés les fragments issus de la fouille. La qualité de la représentation, la finesse des modelés du corps et des vêtements ainsi que la richesse des pigments témoignent d’un travail d’atelier extrêmement qualifié, venant probablement d’Italie. Ces décors de deuxième style pompéien, présents presque exclusivement dans le sud de la France (l’antique province de Narbonnaise) sont encore assez mal connus. Peu de sites ont livré des témoignages de ce style, ils se limitent souvent à quelques fragments et rares sont ceux qui offrent un ensemble aussi complet. Le caractère déjà exceptionnel des peintures mises en évidence l’année passée est encore plus marqué cette année. En effet, la représentation de personnages est extrêmement rare sur des peintures de IIe style en Gaule. Quelques fragments ont été trouvés à Narbonne mais la découverte d’un décor aussi riche et offrant un tel potentiel scientifique et muséographique est à ce jour unique en France. Ces peintures, qui ont nécessité de faire venir des ateliers de fresquistes qualifiés directement d’Italie, sont réservées aux salles d’apparat des plus riches demeures, souvent celles des élites dirigeantes de la cité, de Romains installés dans la colonie ou de notables locaux cherchant à marquer leur assimilation au mode de vie à la romaine. Les décors représentant de grands personnages sur fond vermillon sont très rares. Inconnus en France, ils sont également peu nombreux en Italie où on en compte moins d’une dizaine. Les comparaisons s’établissent avec de grandes maisons comme le cubiculum 4 de la villa des Mystères à Pompéi, ou la villa de P. Fannius Synistor à Boscoreale. Vouées à intégrer les collections du musée, les fresques ne devraient pas être visibles avant huit à dix ans, le temps de les reconstituer, de les analyser et de les restaurer. Ainsi, le visiteur pourra
contempler toute la fraîcheur des couleurs bimillénaires qui ornaient les murs d’un habitat des plus hautes élites de la cité.

Cette fouille qualifiée d’indispensable par le ministère de la Culture est réalisée par le service archéologique du conseil départemental des Bouches-du-Rhône avec le soutien de la ville d’Arles. Elle bénéficie du partenariat de l’Inrap et de la collaboration du ministère de la Culture et de la Communication, du CNRS, de l’Université Aix-Marseille et du Centre Camille Julian.

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