Grand Théâtre de Provence à Aix : L’Orchestre symphonique nouvelle génération célébrait Mahler

Publié le 1 octobre 2014 à  18h35 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h12

L’orchestre OSE avec son chef Daniel Kawka, et le baryton Vincent le Texier (Photo D.R.)
L’orchestre OSE avec son chef Daniel Kawka, et le baryton Vincent le Texier (Photo D.R.)

L’ Adagio initial de la 10e symphonie de Mahler est le seul mouvement que le compositeur acheva entièrement dans l’œuvre, mis à part les révisions. Dans un enregistrement chez Deutsche Grammophon datant de 2008 Daniel Harding (présent lors de l’édition 2014 du Festival de Pâques d’Aix) en souligna la radicalité, et l’aspect inattendu avec un beau travail des altos. Ce mardi soir le chef Daniel Kawka, à la tête de OSE (l’Orchestre symphonique nouvelle génération) en a proposé une vision plus minimaliste, plus sobre et du coup moins ample. Technicité plus aléatoire aussi gommant l’émotion, avec une interprétation manquant singulièrement d’ampleur, et de volume. Beau programme pourtant proposé aux Aixois du GTP qui, après l’entracte ont écouté l’orchestre jouer le célébrissime Adagio de la 5e symphonie de Mahler, immortalisé au cinéma dans le Mort à Venise de Visconti. Un titre donnant celui du récital en deux parties où s’exprimaient donc de jeunes musiciens professionnels accompagnés par d’autres plus expérimentés. Le mérite leur revenant d’ailleurs tant le chef Daniel Kawka paraissait là encore sans véritable inspiration lyrique. Structurant les deux morceaux de ces chefs-d’œuvre mahlériens, le concert donnait l’occasion d’entendre les Rückert-Lieder (5 morceaux d’après les poèmes de Friedrich Rickert), suivis des Kindertotenlieder (5 «Chants pour les enfants morts») interprétés par le baryton Vincent le Texier que l’on a connu en meilleure forme. Coinçant sur l’entame du premier des Rückert-Lieder il s’en est tenu comme l’orchestre en fait à une vision plutôt décorative, ne rendant jamais celle, tourmentée, de l’œuvre. Une interprétation très éloignée et bien en dessous des sublimes enregistrements de Christa Ludwig (avec Karajan en 1975) ou ceux de Kathleen Ferrier et Dietrich Fischer-Dieskau. Au final un concert, certes honorable qui ne manquant pas de poésie peinait à restituer toute la fougue et la douleur de vivre des orages sonores mahlériens.
Jean-Rémi BARLAND

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