Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, reçu par Martine Vassal: « Nous avons tellement accepté de choses que maintenant il faut dire non »

Publié le 30 avril 2018 à  17h44 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h41

Dans le cadre de sa venue à Marseille, Martine Vassal, la présidente du Département des Bouches-du-Rhône, a reçu Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de l’État d’Israël et, dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en France. Cette rencontre a été l’occasion pour Martine Vassal de souligner l’engagement du Département pour le vivre ensemble et les valeurs de tolérance. La Présidente évoquera notamment le partenariat avec la Fondation du Camp des Milles ou encore la signature d’une convention tripartite inédite avec le Camp d’Auschwitz- Birkenau et le Camp des Milles «pour favoriser les échanges et la conservation de la mémoire». Le Grand Rabbin est revenu sur la montée de l’antisémitisme, sa signature « du manifeste contre le nouvel antisémitisme » «même si je n’étais pas complétement d’accord avec le texte, il fallait pousser un cri d’alarme», ajoute-t-il.

C'est à l'hôtel du Département que Martine Vassal a reçu Haïm Korsia, Grand Rabbin de France ( Photo Christian Rombi)
C’est à l’hôtel du Département que Martine Vassal a reçu Haïm Korsia, Grand Rabbin de France ( Photo Christian Rombi)
Martine Vassal insistera sur la particularité du territoire : «Porte d’entrée de la Méditerranée, où nous avons l’habitude de travailler ensemble et où chacun doit être respecté dans ce qu’il est, ce qu’il représente». Décrira l’engagement avec le Camp des Milles qui se traduit notamment par la visite par 11 000 collégiens in situ «afin de leur permettre de prendre conscience de l’importance du devoir de mémoire». «Et nous venons de signer, ajoute la présidente, un accord tripartite Camp d’Auschwitz-Birkenau et le Camp des Milles afin que des éléments mémoriels viennent sur les Milles. Nous venons également de dévoiler une bâche sur le génocide arménien». Elle affiche sa proximité avec toutes les communautés présentes sur le territoire. «Et, grâce à Robert Vigouroux, nous disposons de Marseille Espérance qui permet aux différentes communautés de travailler ensemble dans cette ville d’ouverture, de rassemblement et de tolérance qu’est la cité phocéenne. Ici, on sait accueillir l’étranger dignement. C’est pour cela que je ne cesse d’interpeller le gouvernement sur la question de l’accueil des migrants.» Si l’antisémitisme est là, Martine Vassal indique que, contrairement à la région parisienne: «Nous ne constatons pas de migration massive vers Israël ou de personnes demandant à quitter leur commune». Et de conclure: «Puis, au Vélodrome, 63 000 Marseillais viennent de se réunir, de toutes origines, tout âge, toutes catégories sociales pour communier ensemble». Le grand Rabbin note avec satisfaction le fait que 11 000 collégiens se soient rendus au Camp des Milles: «Mais, en matière de mémoire, il importe de faire et de refaire encore et encore. Puis, il faut travailler pour construire des passerelles entre ce que l’on a vu, appris, afin de l’instiller dans son environnement». Il insiste sur le fait que l’avenir n’est jamais écrit. «Le plus court chemin entre un point A et un point B ce n’est pas la ligne droite mais le rêve», assure-t-il et cite le « N’ayez pas peur » de Jean-Paul II. «Il faut oser avancer, il faut que la France retrouve sa tradition de fraternité, d’accueil. Être frère avec ses frères, ce n’est pas dur, l’être avec ceux dont on n’est pas spécialement proches, tel est l’enjeu». Il évoque à son tour le Vélodrome: «où, contrairement à d’autres stades, il n’y a pas de manifestation de racisme». Salue Marseille Espérance: «Une initiative qui se décline dans nombre de villes en France». Rend hommage au travail accompli par le Département. Le grand Rabbin revient sur sa signature du « Manifeste contre le nouvel antisémitisme »: «Lorsque l’on vous propose un texte on n’est jamais d’accord sur tout. J’ai fait abrogé des éléments car je ne supporterais pas que l’on me demande de supprimer des passages de la Torah. En revanche il faut une interprétation, c’est ce que je demande aux Musulmans». «Il ne faut plus attendre, poursuit-il, on a trop intégré la violence. J’ai été bouleversé par un rabbin qui, après la profanation de 250 tombes juives avait dit trouver insupportable le nombre, alors qu’une seule tombe souillée est déjà insupportable». Le Grand Rabbin de France de déclarer : «Tout le monde doit bien comprendre que, derrière la haine contre les juifs c’est une haine contre l’ensemble de la société qui s’exprime. Chaque fois que l’on attaque un juif c’est la République que l’on attaque et chacun de ses citoyens. Nous avons tellement accepté de choses que maintenant il faut dire non».
Michel CAIRE

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