Jacques Chirac n’est plus: un humaniste s’en est allé

Publié le 26 septembre 2019 à  21h10 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h29

© gouv.fr
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Jacques Chirac n’est plus. Né le 29 novembre 1932 à Paris il s’est éteint dans cette même ville ce 26 septembre 2019. L’émotion est grande dans le pays tant cet homme avait su créer un lien particulier avec les Français lui, dont le parcours est intimement lié à l’Histoire du Pays. On commence à entendre parler de lui en mai 68. La grève générale touche le pays, le pouvoir bascule. C’est dans ce contexte qu’à l’initiative du Premier ministre, Georges Pompidou, des négociations s’ouvrent avec les organisations syndicales le 25 mai au ministère des Affaires sociales, rue de Grenelle, à Paris. Parmi les négociateurs on trouve Jacques Chirac, jeune secrétaire d’État aux affaires sociales. Curieux moment pour lui qui, plus jeune, vendait l’Humanité et signa l’Appel de Stockholm. Il est aux prémices d’une carrière politique hors du commun qui s’est étalé sur 40 ans. Un parcours marqué du sceau de l’humanisme. Un homme qui, tous en garderons l’image, était parfaitement à l’aise au Salon de l’agriculture, savait prendre le temps de débattre, accordant la même attention aux puissants et aux ouvriers. Jeune, c’est à pleines dents qu’il mord dans sa carrière, sa conquête du pouvoir. Les victoires sont là, puis viendront des périodes plus dures mais il sera toujours présent aux grands rendez-vous de l’Histoire. Il était là en 1968, il est dans l’opposition en 1981 pour voter l’abolition de la peine de mort. Redevient Premier ministre, sous François Mitterrand, perd la présidentielle contre ce dernier avant de l’emporter en 1995, lors d’un second tour l’opposant à Lionel Jospin. Deux mois seulement après sa prise de fonction, lors de la commémoration de la Rafle du Vel’d’Hiv’ il s’inscrit dans l’Histoire en reconnaissant, au nom de notre pays, la responsabilité de l’État français dans la déportation des juifs vers les camps de la mort : « Ces heures noires (…) sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. (…) La France, patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux». Jacques Chirac est réélu face à Jean-Marie Le Pen, en 2002. Il est encore au rendez-vous de l’Histoire en étant celui qui saura dire non à la guerre en Irak lancée par George W. Bush. C’est la puissance du discours de Dominique de Villepin à l’ONU et, c’est la France qui prend la tête de l’opposition internationale à ce conflit. Jacques Chirac est celui qui, dès 2002 lance: «Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l’admettre», au Sommet de la Terre, à Johannesburg. C’était enfin un homme de culture passionné par les arts premiers, par le dialogue entre les civilisations. La France a perdu un grand Président, un humaniste.
Michel CAIRE

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