Les Félibres en Lorraine pour un hommage aux soldats provençaux calomniés du XVe Corps lors de la guerre 14-18

Publié le 6 octobre 2015 à  23h21 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h07

Le Félibrige est allé se recueillir sur les lieux même où sont tombés des milliers de soldats provençaux (Photo D.R.)
Le Félibrige est allé se recueillir sur les lieux même où sont tombés des milliers de soldats provençaux (Photo D.R.)

Dans le cadre du centenaire de la Guerre de 1914-1918, une délégation du Félibrige composée de félibres des Alpes-de-Haute-provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, conduite par le Capoulié du Félibrige (président national) Jacques Mouttet s’est rendue le vendredi 2 Octobre 2015 en Lorraine devant les monuments élevés dans les communes de Vergaville et de Bidestroff afin de rendre hommage aux soldats provençaux injustement calomniés au début de la guerre de 1914. Rappelons brièvement les faits : En août 1914, le XVe corps d’armée est essentiellement composé de soldats provençaux. Il est positionné dans la région de Dieuze en Lorraine. L’état-major ordonne de passer à l’offensive contre les positions allemandes dès le 20 août. Immédiatement les soldats français (provençaux) se heurtent aux divisions allemandes localisées sur les collines environnantes, bien retranchées, disposant d’une artillerie nombreuse et puissante, de mitrailleuses en grand nombre. Les provençaux sont littéralement, fauchés, écrasés sous le feu ennemi et doivent se replier pour pouvoir se reformer, les régiments perdent 40 % de leurs effectifs en morts, blessés et disparus ; on comptera 20 000 morts en 48 heures.
Afin de masquer l’incapacité de certains généraux, la désobéissance de quelques autres, les soldats provençaux du XVe corps sont publiquement accusés dans des articles diffamatoires de la grande presse nationale «d’avoir lâché pied devant l’ennemi». Malgré un timide communiqué officiel, malgré les protestations de quantités d’hommes politiques et d’intellectuels provençaux, il n’y eut jamais de véritable réhabilitation pour les soldats calomniés du XVe corps, certains ayant même été fusillés «pour l’exemple». Et pourtant ils avaient combattu avec grand courage, avec une détermination sans faille et lorsqu’on regarde les cartes des positions des armées à cette époque, ils avaient généralement cédé bien moins de terrain que certains autres corps d’armée … !
Le Félibrige est donc allé porter l’hommage de la Provence, se recueillir, sur les lieux même où sont tombés des milliers de soldats provençaux afin de montrer que cent ans après, leur souvenir en Provence demeure pur et clair dans les mémoires et dans les cœurs. Les Félibres ont été accueillis avec beaucoup de sensibilité et de reconnaissance par les maires de Vergaville et de Bidestroff, Messieurs Gérard Beck et Hervé Bello, où perdure la souvenance du sacrifice des soldats provençaux du XVème corps pour la délivrance de cette partie de la Lorraine qui était alors occupée depuis 44 ans par l’Allemagne. Les deux cérémonies, à la nécropole de Vergaville et devant le monument saint Michel de Bidestroff, auxquelles s’était jointe la population locale furent très recueillies et empreintes d’une grande dignité. La sonnerie aux morts, la Marseillaise et la Coupo Santo que fit retentir le galoubet du tambourinaire Guillaume Gratia ajouta à la palpable l’émotion ressentie par l’ensemble des participants. Pareillement, le remarquable exposé que prononça le félibre Pierre Virion bouleversa l’auditoire, et c’est avec les yeux rougis que se firent de fraternels adieux. A l’aller, le 1e octobre, les félibres ont fait une halte à Dijon où Frédéric Mistral s’était marié en 1876, à la cathédrale, puis à la Mairie où ils ont été officiellement reçus par Madame Hélène Roy conseillère municipale déléguée à la culture et à la musique. Au retour, le 3 octobre, ils sont allés se recueillir à St-Maurice-l’Exil, sur la tombe de Maurice Rivière, beau-père de Frédéric Mistral. Ils ont été ensuite reçus par le maire, M. Philippe Genty, une bonne partie de son conseil municipal, ainsi que par le Conseiller régional de Rhône-Alpes M. Belkacem Lounès qui a prononcé quelques paroles très fortes en faveur du maintien et de la transmission des langues régionales.
Le FELIBRIGE
Pour tout renseignement complémentaire sur « l’affaire du XVe corps », et sur le voyage des félibres, vous pouvez contacter : le Félibrige – 8bis Av. Jules Ferry – 13100 Aix-en-Provence – 04 42 27 16 48 – contact@felibrige.org
Consulter également la Bande Dessinée documentaire : « la Faute au midi » par Jean-Yves Le Naour et A. Dan – Ed. Grand angle / Bamboo éditions ; ouvrage publié en 2014 avec le concours du Conseil général des Bouches du Rhône. Jean-Yves Le Naour est professeur d’histoire à l’Université de Provence.

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