MCES à Marseille : La première e-sport Académie de France n’aura rien de virtuelle à partir de 2019

Publié le 19 décembre 2018 à  9h38 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h24

«Jeux vidéo or not jeux vidéo», telle est l’une des questions qui se posent en cette période de fête. Toute une génération de parents ne cache par une certaine inquiétude de voir leurs enfants se passionner pour ces jeux. Véritable problème sociétal ou fracture de génération ? Quelles solutions ? Leur interdire la pratique, les déconnecter ? Et si, comme pour n’importe quelle pratique, la meilleure des réponses résidait dans l’encadrement qu’offre un club? C’est l’ambition des fondateurs de la salle «mon club e-sport» qui viennent de présenter lors de son lancement « MonClubESport (MCES) Academy ».

La première école de formation e-sport de France

Sandra Niellini-Sombret, Romain Sombret et Loïc Morere fondateurs de MCES Academy Marseille (Photo Robert Poulain)
Sandra Niellini-Sombret, Romain Sombret et Loïc Morere fondateurs de MCES Academy Marseille (Photo Robert Poulain)
L’ancien nageur, double champion olympique, Yannick Agnel et Guy Demel, international ivoirien de football (Photo Robert Poulain)
L’ancien nageur, double champion olympique, Yannick Agnel et Guy Demel, international ivoirien de football (Photo Robert Poulain)

MCES Academy ouvrira ses portes début janvier dans le 11e arrondissement de Marseille et sera la première école de formation e-sport de France. Un projet porté par Romain Sombret et Sandra Niellini-Sombret, tous deux diplômés de Kedge BS, fondateurs du centre MonClubFutbol au cœur du Village Décathlon à Bouc-Bel-Air associés du centre MonClub 2.0 à Marseille et sont également titulaires de la licence OM Ludiq Camp. Avec eux, Loïc Morere, diplômé de l’Esbam (École supérieure des beaux-arts de Marseille), designer, artiste et « gamer » expérimenté. A leur côté, des e-sportifs de haut niveau et des sportifs prestigieux tels Guy Demel, international ivoirien de football et l’ancien nageur, double champion olympique, Yannick Agnel. Leur rôle sera d’intervenir et conseiller sur les aspects de nutrition, d’entraînement et surtout comment éviter le surentraînement, gérer le stress en compétition mais aussi créer un cadre pour éviter aux jeunes de « se sédentariser ». Les cours mis en place au MCES Academy sont facturés 48€ par mois pour deux heures de cours hebdomadaires et grimpent jusqu’à 144 euros pour huit heures chaque semaine. Des locations à l’heure (24 PC + chaises de gaming à disposition, fibre 1Go, consoles, VR…) seront également proposées et de nombreux événements, tournois, retransmissions e-sport… seront organisés.
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

«L’ouverture de la salle MonClubEsport Marseille est la première pierre d’un projet qui vise à développer 10 salles similaires en France avant de se lancer à l’international dès 2020. La deuxième salle, de 150m², devrait ouvrir ses portes à Bouc-Bel-Air au sein du centre sportif MonClubFutbol dans le courant du premier trimestre 2019, une troisième académie ouvrira à Cannes», explique Romain Sombret qui souligne: «Nous nous adressons à tous les âges, les niveaux, les ambitions, jusqu’au très haut niveau». Loïc Morere d’insister: «Et, au-delà de la dimension sportive un club est un lieu de vie». Il ajoute à ce propos: «Une étude récente de Médiamétrie pour France esport, a montré que les pratiquants d’esport ne font pas que jouer, et ont même plus d’activités physiques et culturelles que la moyenne des Français». Sandra Niellini-Sombret reprend: «Nous avons déjà de nombreuses demandes d’inscription et nous travaillons actuellement à la création de groupes de joueurs en fonction des demandes de chacun: sport loisir, compétition, recherche du haut niveau. En fonction nous adapterons la pratique sportive, sachant qu’il y aura du sport collectif, du travail sur la posture…». «Nous avions tablé voilà quelques mois, poursuit-elle, sur trente jeunes pour notre lancement, nous en sommes aujourd’hui à 180 demandes de personnes de tous âges»
Pour prendre mesure de l’ampleur de ce phénomène qui vient d’Asie et des États-Unis il suffit de savoir que, dans le monde, 323 millions de fans sont recensés et le nombre de joueurs ne fait qu’augmenter de mois en mois. Les finales de certains jeux rassemblent aujourd’hui plus de public que la finale NBA. Les joueurs bénéficient maintenant d’une préparation physique intense et les Universités commencent à offrir des bourses de esport. Un sport qui, pour le haut niveau, se pratique sur PC. Le phénomène arrive maintenant en Europe. Romain Sombret indique à ce propos: «Nous étions à Cologne cet été 25 000 spectateurs étaient réunis pour un tournoi. L’ambiance était excellente, il n’y avait aucune tension entre les supporters». Avec ses 5 millions de consommateurs et ses 2 millions de pratiquants, la France est considérée comme le 7e pays mondial et 3e pays européen pour l’esport.

Pour le lancement de MCES Academy, trois jeux ont été retenus : League of Legends, Fortnite et FIFA

Pour le lancement de MCES Academy, trois jeux ont été retenus : League of Legends, Fortnite et FIFA. Sandra Niellini-Sombret précise: «Pour chaque jeu, un véritable professionnel de l’esport sera le référent. Chacun a été sélectionné pour sa connaissance du jeu et sa capacité à transmettre. Son rôle sera de former les formateurs et suivre la qualité des programmes sur le long terme». Les référents bénéficieront dès début 2019 d’une formation continue auprès du Creps de Poitiers qui lance un programme de formation à l’attention des professionnels de l’esport. Dévoile qu’«en collaboration avec Kedge Business School, nous travaillons sur un cycle de conférences ainsi que sur l’ingénierie pédagogique d’un Master esport qui ouvrira en septembre 2019». L’académie sera chapeautée par Jean-Marc Gaudin -dit «Bjoran»- fondateur historique de Millenium, première structure esport professionnelle de France dans laquelle il a officié jusqu’en 2015. Pour League of Legends Sami Harbi -dit «Rico»-, passé par les plus grandes équipes d’esport professionnelles (Fnatic, Dignitas, CLG…) revient de Los Angeles pour s’impliquer dans le projet

«Je dois m’adapter aux personnalités, favoriser la cohésion d’équipe, fluidifier la communication»

Sur Fortnite, Laura Dejou -«Nasty» (Photo Robert Poulain)
Sur Fortnite, Laura Dejou -«Nasty» (Photo Robert Poulain)

Sur Fortnite, Laura Dejou -«Nasty»- , l’une des meilleures joueuses mondiales sur Counter Strike qui a forcément été emportée par le phénomène Fortnite et accompagne déjà depuis plusieurs mois 2 des joueurs. Enfin sur FIFA, Williams Kwantoo -«Bad Williams»- qui a repéré et développé quelques-uns des joueurs les plus connus de la scène mondiale. Ces 4 personnes auront pour rôle de décrire les méthodes et les process de MCES Academy sur chaque jeu, de suivre la qualité des entraînements et d’ajuster en temps réel les séances. Ils accompagneront les «coachs du quotidien» afin que les joueurs formés par MCES Academy puissent progresser et que les meilleurs d’entre eux puissent intégrer une équipe professionnelle. Laura Dejou explique que les féminines ont toute leur place dans ces jeux, elle en vient à son rôle d’entraîneur: «J’étais capitaine de mon équipe, j’élaborais les stratégies et je donnais déjà des cours lorsque la MCES Academy m’a contactée pour entraîner sur Fortnite. Je suis là pour analyser comment les équipes jouent en compétition, pour apporter des techniques, de la précision, une maîtrise des touches. Je dois m’adapter aux personnalités, favoriser la cohésion d’équipe, fluidifier la communication. Ce que j’aime dans ce projet c’est qu’il a une dimension complète, intègre le jeu, le développement physique et intellectuel, le bien-être». Yannick Agnel, l’ancien nageur, ne cache pas sa passion pour le esport qu’il pratique et suit depuis des années. Il prend les fonctions de directeur de la performance. «Il me reviendra de décider combien d’heures de sport quelqu’un a besoin et, pour ceux qui veulent devenir Pro, nous aurons une structure étoffée avec coach dans sa discipline, nutritionniste, médecin du sport. Il s’agira également de gérer au mieux le stress, de donner à nos sportifs un équilibre dans leur vie», annonce-t-il.

«Depuis toujours je cherche la performance, devenir pro permet de mieux s’entraîner»

Bac en poche, Richard 18 ans se donne un an pour voir s'il peut réussir en Pro (Photo Robert Poulain)
Bac en poche, Richard 18 ans se donne un an pour voir s’il peut réussir en Pro (Photo Robert Poulain)

«Ma carrière de footballeur professionnel m’a permis d’observer différentes méthodes d’entraînement et de travail. Convaincu que l’esport doit s’inspirer des bonnes pratiques du sport traditionnel, mon rôle dès aujourd’hui est de proposer des séances d’entraînement basées sur le collectif et le savoir jouer ensemble. La pratique du sport sur les terrains du centre Monclub 2.0 viendra compléter ce dispositif dans un but de performance mais aussi d’épanouissement pour les académiciens MCES» considère pour sa part Guy Demel, international ivoirien de Football, référent sport pour MCES Academy. Richard, 18 ans, joue au esport depuis qu’il a 4 ou 5 ans. «J’ai obtenu mon Bac et j’ai décidé de prendre une année sabbatique pour devenir pro. Depuis toujours je cherche la performance, devenir pro permet de mieux s’entraîner, de bénéficier d’un encadrement, de jouer avec mon binôme, de disposer des ordinateurs les plus performants, de développer la cohésion d’équipe et, tous les mois, nous avons des compétitions en France mais nous sommes aussi allés jouer en Suisse ». Aujourd’hui la métropole Aix-Marseille-Provence est en retrait par rapport à Paris, Poitiers, Tours ou Lyon qui investissent massivement pour attirer des compétitions, ouvrir des arénas dédiées à la pratique esportive, et développer des projets dans ce domaine. monclubesport entend bien contribuer à rattraper le retard. D’autant qu’afin de crédibiliser l’approche académique «et étendre notre champ d’action dans l’esport, nous travaillons sur la création d’un club esport professionnel à Marseille. Cette aventure viendra s’insérer complètement dans le projet des salles monclubesport et encore plus avec MCES Academy qui sera un moyen de détecter les joueurs de talent en capacité d’intégrer les équipes professionnelles», annonce Romain Sombret.
Michel CAIRE

Chiffres clés

-130 000 € . Investissement dans la salle monclub esport
-10 . Nombre de de personnes impliquées dans le projet
-24 . Nombre de PC
-40 . Nombre de jeux proposés dans la salle
-3 . Nombre de jeux dans le cadre de MCES Academy
-1Go . Puissance de la fibre
-20 . Ping
-200 . Superficie de la salle en m²
-120 . Nombre de tournois organisés tout au long de l’année

L’esport en chiffres
Dans le monde :
-Gaming : 1 personne sur 5 joue dans le monde (tout support inclus: ordinateurs, portable, tablette)
-Esport : 323 millions de fans dans le monde

Les enjeux économiques
Au fil des années, le jeu vidéo est devenu la première industrie culturelle mondiale avec 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017 ; devant l’édition et loin devant la TV, la musique ou le cinéma. Le monde du sport investi dans l’esport. Dernière exemple en date : Michael Jordan a investi dans l’équipe américaine Team Liquid et apportera des stratégies et des méthodes d’entraînement afin de permettre à l’esport de tirer le meilleur du sport traditionnel. Dans le football français, les détenteurs de droits historiques se mettent à l’esport avec le jeu FIFA. La Ligue Professionnelle de Football (LFP) organise le championnat orange eligue 1 dans lequel les clubs professionnels participent. La Fédération Française de Football (FFF) a lancé l’équipe de France efoot avec des gamers professionnels. Avec des audiences record, il n’est pas surprenant de constater que les joueurs les plus connus sont devenus de véritables stars. Du côté des streamers, l’américain « Ninja » compte 19,5 millions d’abonnés sur YouTube et diffuse du contenu sur le jeu Fortnite …. et a fait plus d’interactions que Cristiano Ronaldo pendant quelques jours sur les réseaux sociaux en réalisant une performance unique dans le jeu.
Lexique
Tout ce que vous voulez savoir sur l’esport, sans oser le demander (à vos enfants !)
-Gaming : L’industrie, l’écosystème et l’univers du jeu vidéo dans sa globalité.
-Gamer : Un joueur de jeux vidéo.
-Esport : Abréviation de « sport électronique » qui définit la pratique des jeux vidéo de façon compétitive en ligne ou lors de rassemblements physiques. Dans les deux cas les compétitions génèrent de très larges audiences et mobilisent les fans.
-LAN : Acronyme de l’anglais « Local area network », soit réseau local. Une LAN est un rassemblement éphémère au cours duquel des participants jouent en réseau local à des jeux vidéo multi-joueurs.
-Streaming : Le fait de diffuser du contenu (légal) en direct à une audience. Dans la communauté gaming, ce contenu est issu des jeux vidéo. C’est ce qui donne au streaming son intérêt : vivre le moment en live.
-Streamer : Personne physique qui diffuse du contenu en direct à une audience. Les -streamers peuvent être des joueurs professionnels, des présentateurs ou des passionnés.
-GG : Expression utilisée dans le milieu esport qui signifie « Good Game » à savoir «bien joué». Cette expression utilisé très fréquemment par les gamers en guise de félicitations traduit l’esprit fairplay qui règne lors des compétitions esport.
-Skill : Mot anglais signifiant compétence, et qui regroupe l’ensemble de l’expérience de jeu qu’un joueur peut accumuler, déterminant au final ses capacités sur le jeu, qu’elles regroupent sa visée, sa rapidité ou encore son talent à communiquer avec ses coéquipiers.
-Boot camp : plutôt réservé aux équipes professionnelles et semi professionnelles, un boot camp est un stage intensif de quelques jours pour préparer au mieux une compétition.
-Teamplay : De l’anglais « jeu en équipe ». Capacité d’un joueur à se coordonner avec ses coéquipiers pour créer une dynamique d’équipe qui leur soit favorable.

Diaporama de Robert Poulain

Articles similaires

Aller au contenu principal