Med Business Days : Nord et Sud de la Méditerranée affichent une envie de travailler ensemble

Publié le 6 novembre 2014 à  23h30 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Les Med Business Days ont débuté ce 6 novembre, dans le cadre de la semaine économique de la Méditerranée. Leur objectif est de mieux comprendre les évolutions des pays du Bassin Méditerranéen, favoriser les échanges et partager des opportunités ou encore mettre en relation des chefs d’entreprise. L’ouverture officielle de la manifestation, à la Villa Méditerranée, a porté sur les enjeux et les défis politiques, économiques et sociaux.

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)

Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en profite pour rappeler, inlassablement, que «concernant la Méditerranée, nous sommes en communauté de destin et non dans une politique de voisinage». Il insiste sur l’importance de la lutte contre le terrorisme qu’il refuse de qualifier d’islamiste « tant il est étranger à cette religion pétrie de valeurs humanistes». Il affiche son soutien aux actions militaires comme de police mais, indique-t-il: «Cela ne suffit pas. Et les milieux d’affaires offrent une réponse car nous avons avec la rive Sud une même inquiétude à l’égard d’une jeunesse qui, de part et d’autre, se retrouve trop souvent sans emploi, avec le sentiment d’être rejeté». Et de rappeler l’importance du colloque 5+5 qui vient de se dérouler à la Villa Méditerranée et qui a mis en avant l’importance de développer, au Nord comme au Sud, la formation professionnelle.
Thibault Lanxade, Medef de souligner : «Nous avons 3,2 millions d’entreprises en France sur lesquelles 100 000 sont dans une logique d’exportation et seulement 1 000 exportent. La grande majorité des PME « exporte » à 50 km, dans le département voisin. Et, celles qui sont à l’étranger ont plutôt commencé dans les pays de la Méditerranée. Mais il est vrai que nos PME n’ont pas la taille et les structures pour s’ouvrir à l’international. L’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne ont 2 à 3 fois plus d’entreprises de taille intermédiaire pertinente pour l’exportation. Par ailleurs, nous n’avons pas en France la culture du travail en commun contrairement à l’Allemagne. Enfin, la France a été présente lors des Printemps arabes mais les entreprises françaises ont été frileuses pour revenir».

« Marseille a été fondée par les Phocéens, Grecs d’Asie Mineure tout comme Avignon et Nice. Et ils ont fait cela pour une raison : le commerce international »

Dominique Esteve, CCI Provence-Alpes-Côte d’Azur rappelle : «La Méditerranée représente nos racines. Marseille a été fondée par les Phocéens, Grecs d’Asie Mineure tout comme Avignon et Nice. Et ils ont fait cela pour une raison : le commerce international. C’est donc un retour aux sources que nous devons vivre sachant que le commerce international ce n’est pas seulement l’exportation, c’est l’échange. Nous avons une culture commune et nous voyons la rive Sud se développer : le taux de croissance est de 4,4% au Maroc, +4% en Turquie, +2,2% en Algérie et c’est en plus une ouverture sur l’Afrique subsaharienne». Il avoue s’interroger sur la politique méditerranéenne de l’Europe : «L’économie elle ne connaît pas la politique, les religions. Nous devons oser l’international, nous rencontrer, il faut tisser des liens de confiance».
Jean-Luc Chauvin, le président de l’UPE 13 va dans le même sens : «Pendant que le discours politique est en panne, le commerce perdure. Et Marseille, c’est l’ouverture, c’est un hub, premièrement celui des transports, avec le port et l’aéroport; deuxièmement celui des télécoms; troisièmement, c’est un hub sociétal et culturel. Nous sommes, peuples de la Méditerranée, nous avons toutes les raisons de travailler ensemble».

«Nous souhaitons développer notre partenariat avec l’Europe et notamment la France»

Reda Hamiani, représentant le patronat algérien, donne un premier point de vue de la rive Sud, en mettant tout particulièrement l’accent sur son pays : « L’Algérie est très proche de Marseille, de la France. Nous souhaitons développer notre partenariat avec l’Europe et notamment la France. Nous sommes dotés d’un pactole pétrolier et gazier mais c’est un cadeau empoisonné. Dans les années 70, nous avons fait le choix du modèle soviétique privilégiant l’industrie lourde et un secteur public omniprésent. Aujourd’hui nous faisons le choix d’un modèle libéral et nous voulons aller vers la diversification de nos activités. Nous gardons le secteur public mais nous développons le privé. Et les perspectives que nous offrons sont intéressantes pour les entreprises étrangères».
Un chef d’entreprise français intervient pour indiquer avoir des problèmes avec l’Algérie du fait des visas, « de la loi 49/51 qui fait qu’un étranger ne peut être majoritaire en Algérie, 51% devant revenir à un national »; et il déplore ensuite le contrôle des changes. Reda Hamiani de rétorquer : «Concernant les visas, c’est la France qui les a mis en place, nous ne faisons qu’appliquer la réciprocité. En ce qui concerne le 51%, il s’agit d’une règle commune au Moyen-Orient. Un débat est en cours pour faciliter les investissements étrangers dans des secteurs non stratégiques. Et, concernant le contrôle des changes, le patronat algérien est favorable à une convertibilité totale».

«Nous espérons que les investisseurs étrangers vont redécouvrir l’Égypte »

Fouad Younes, Égypte, avance que le gouvernement entend lutter contre les déficits budgétaires et relancer l’économie «dans un pays où le calme revient même s’il est toujours en guerre contre le terrorisme. De nombreux grands projets vont être lancés en 2015. Nous espérons que les investisseurs étrangers vont redécouvrir l’Égypte ».
Amran Shore est Israélien, il travaille notamment avec les Palestiniens et les Jordaniens, évoque les liens construits : «Nous avons contribué à ce que les Chrétiens puissent se rendre à Bethléem. On est passé ainsi de 50 000 à 2 millions». Et de considérer : «Lorsque chacun à un intérêt partagé, on résout des problèmes».
Il poursuit : «Il existe des entreprises, des personnes compétentes en informatique en Palestine, nous les avons mis en contact avec des entreprises, notamment Volvo. J’ai été aussi le premier à m’installer en Jordanie». Et de conclure son intervention: « Si on sort les politiciens on peut construire des ponts entre les gens, et, une fois cela fait, on peut utiliser les politiciens. J’ai beaucoup d’amis en Palestine, je suis reçu partout, accepté comme un ami sincère. Nous pouvons faire des choses ensemble».
Naval El Aidaoui, chef d’entreprise, travaille tout aussi bien au Maroc qu’en Algérie. «Le business transcende les barrières. Et, si les frontières terrestres sont fermées, il reste les échanges maritimes». Elle plaide pour suivre l’action de certains pays asiatiques «qui ont su aller au-delà des conflits en créant des corridors économiques». Un système auquel elle croit d’autant plus qu’«une économie informelle s’est développée autour de la frontière». Elle estime enfin que «les hommes d’affaires algériens sont plus résolus que les Marocains à développer des échanges économiques ».
Nabgha Salem, Tunisie considère, à propos des événements politiques dans son pays: « La sagesse du peuple tunisien a primé et la Tunisie retrouve son élan, l’avenir est devant nous ».
Michel CAIRE

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