Prévention de la délinquance à Marseille: une pertinente cellule de citoyenneté pour éviter le pire, respecter les règles

Publié le 19 novembre 2014 à  23h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h25

La troisième séance de la Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique (CCTP) s'est tenue ce mercredi 19 novembre à l'Hôtel de Ville (Photo Robert Tomassian)
La troisième séance de la Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique (CCTP) s’est tenue ce mercredi 19 novembre à l’Hôtel de Ville (Photo Robert Tomassian)

«Si on ne sauvait ne serait-ce qu’un enfant, nous n’aurions pas perdu notre temps», indique Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille déléguée à la Sécurité Publique et à la Prévention de la délinquance, lors de la troisième séance de la Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique (CCTP). A ses côtés : Brice Robin, Procureur de la République, Jean-Paul Bonnetain, Préfet de Police des Bouches-du-Rhône, Patrick Guichard, Directeur Académique des Services de lʼÉducation Nationale, Pierre-Marie Bourniquel, Directeur Départemental de la Sécurité Publique des Bouches-du-Rhône qui, tous, indiqueront tout l’intérêt qu’ils portent à ce dispositif.
La Cellule de Citoyenneté et de Tranquillité Publique de la Ville de Marseille permet de convoquer plusieurs mineurs et leurs parents pour faire lʼobjet dʼun rappel à lʼordre solennel. Issus de différents quartiers de Marseille, ces collégiens seront appelés à s’expliquer pour des faits d’absentéisme répétés et injustifiés. Conformément à la loi, le maire de Marseille peut prononcer une mesure de réparation (équivalent d’un Travail d’Intérêt Général) en cas de dégradations sur le patrimoine municipal et proposer une mesure de soutien à la fonction éducative et parentale aux familles dont les enfants s’éloignent prématurément du système scolaire.
Grâce à cette instance qui réunit lʼensemble des acteurs de la sécurité à Marseille, partenaires du Contrat Local de sécurité et Prévention de la Délinquance (CLSPD), la ville de Marseille place la lutte contre absentéisme scolaire et les troubles à la tranquillité publique au cœur de ses priorités. «Nous sommes la seule grande ville de France a avoir mis en place un tel dispositif », n’omet pas de signaler l’élue.

«Nous avons étudié 22 cas avec 100% de réussite»

Caroline Pozmentier ne cache pas sa satisfaction de voir ce travail de prévention accompli dans un parfait partenariat avec, «un croisement d’informations, après avoir signé une Charte de confidentialité, avec le Parquet, la Police, le Département… Nous recevons ici, principalement des mineurs, dont l’absentéisme commence à inquiéter, mais aussi d’autres dont les actes ne sont pas civiques, sans pour autant encore relever du pénal, mais aussi, parfois, des personnes majeures qui se retrouvent dans le même cas. Nous avons étudié 22 cas avec 100% de réussite».
Il est vrai que la rencontre a de quoi impressionner. Elle est précédée par une convocation transmise par la police municipale. Et le mineur entre avec ses parents dans la salle des mariages où il est reçu par l’élu représentant le maire de Marseille, les membres de la police, nationale et municipale, du parquet et de l’Éducation Nationale. Les ors et l’Autorité de la République sont réunis dans un même lieu. «Les dossiers sont instruits par trois groupes de travail, dans le Nord, le Centre et le Sud. Ici nous pratiquons une prévention ferme, puis nous accompagnons». Et de rendre hommage au Conseil général des Bouches-du-Rhône pour son action en ce domaine.

«Nous sommes ici dans une instance extrêmement importante»

Jean-Paul Bonnetain : « Nous sommes ici dans une instance extrêmement importante. On pourrait dire « tout cela pour 22 dossiers c’est beaucoup pour pas grand chose ». Ce serait une erreur, il s’agit de 22 gamins, 22 familles, souvent monoparentales. Il s’agit donc d’un enfant et d’un parent en difficulté dont le destin se joue avant de tomber dans des réponses plus punitives. Et tout est dit dans un langage plein d’attention pour la personne mais plein de justesse et avec des mots sévères lorsque cela est nécessaire». Il ajoute: «Ce matin j’étais à l’Établissement pour mineurs de la Valentine. Et bien, ce qui se passe ici a pour but d’éviter que ces gamins ne se retrouvent là-bas, que la Police n’ait plus à les revoir, comme agresseurs… ou comme victimes».

«La lutte contre l’absentéisme se mène bien évidemment en premier lieu au sein de l’Éducation Nationale»

Patrick Guichard explique : «La lutte contre l’absentéisme se mène bien évidemment en premier lieu au sein de l’Éducation Nationale. Mais, à un moment, l’absentéisme devient conséquent et c’est là que cette cellule de citoyenneté a tout son rôle avant de passer à des réponses plus lourdes».
Brice Robin de préciser: «le Maire est un magistrat qui fait de la prévention. En ce qui concerne l’absentéisme très lourd, il relève du tribunal. Alors je suis très content de ce qui se passe ici car cela coupe la voie vers des comportements délictueux. En effet, les affaires pénales concernant des mineurs touchent en majorité des enfants déscolarisés».
«C’est cela la prévention, reprend Caroline Pozmentier, ce n’est pas seulement travailler sur des grandes politiques, c’est du quotidien, du rappel à l’ordre, c’est cela qui se joue ici envers les parents, envers des enfants qui, parfois, n’osent pas dire qu’ils veulent faire des études. Mais c’est aussi la garantie d’un suivi et c’est une mère qui pleure à chaudes larmes, avec son enfant à ses côtés, lui-même ayant les yeux humides car, tous deux mesurent que c’est une bouée de sauvetage qui leur est lancée».
Jean-Paul Bonnetain d’ajouter : «C’est aussi un signal que nous envoyons en direction des enseignants qui ne peuvent pas tout faire tout seul. Nous sommes là pour dire à ces Hussards de la République que nous sommes à leur côté lorsqu’ils sont face à des comportements de violence; que nous sommes là, ensemble, pour trouver des solutions avant que des faits méritent une qualification pénale».
Caroline Pozmentier conclut son intervention en rappelant : «Notre action ici, est là aussi pour mettre à mal le propos de certains selon lequel tout pourrait être fait sans conséquences».
Michel CAIRE

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