Tables rondes de l’Arbois: Louis Schweitzer met en lumière l’importance du programme d’investissements d’avenir

Publié le 31 mars 2017 à  11h58 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h00

Les tables rondes de l’Arbois se sont ouvertes à Aix-en-Provence ce jeudi 30 mars avec Louis Schweitzer, Commissaire Général à l’Investissement, qui est intervenu sur la place de la science dans la société du XXIe siècle à travers le prisme du Programme d’investissements d’avenir.

Louis Schweitzer, Commissaire Général à l’Investissement (Photo P.M.-C.)
Louis Schweitzer, Commissaire Général à l’Investissement (Photo P.M.-C.)
Une intervention lors de laquelle Louis Schweitzer mettra en avant les potentialités de la France, dont la qualité et la vitalité de son innovation, sa qualité de vie et, ses faiblesses, à l’exportation, en termes de capacité à s’ouvrir: «En France on préfère détenir 100% du capital d’une entreprise qui réalise 10 millions de chiffre d’affaires, alors qu’aux États-Unis on préfère disposer de 30% d’une société qui réalise 100 millions». Déplore également «le chacun pour soi» qui règne en France, lorsque d’autres pays ont une culture de la coopération, comme l’Allemagne notamment qui, forte de sa culture industrielle -une autre différence avec la France- s’appuie sur des filières structurées. Il met alors en avant le triptyque: excellence, innovation et coopération, qui structure le programme d’investissements d’avenir. Et de prendre bien soin d’insister sur l’importance des sciences sociales: «Dans quelques années nous aurons des voitures autonomes dans lesquelles il n’y aura plus de volant. Il suffira de leur dire où l’on veut se rendre. Cela relève de la technologie. Mais il faut bien mesurer tout ce que cela va modifier sur le plan de l’urbanisme, de la répartition des logements… Et c’est aux sciences humaines et sociales de réfléchir à cela». Il insiste également sur l’importance de la mise en partage du savoir scientifique et technique. «Trump met en péril le monde entier par sa position sur le climat. Cela se produit parce que, comme le peuple américain, il n’a pas de connaissances scientifiques et techniques. Il faut en effet savoir que la moitié des américains sont convaincus que la monde a été créé en six jours voilà moins de 10 000 ans. C’est dans ce contexte que la critique de la science est le plus facile». Pour lui, donc, «la question du partage des savoirs scientifiques et techniques est une condition de l’avenir du monde entier».
Louis Schweitzer revient à la genèse de ce projet: «Le programme d’investissements d’avenir est né de l’idée de Nicolas Sarkozy, en 2009, de lancer un grand emprunt. Il a fait quelque chose d’inhabituel, au lieu de prendre sa décision tout seul il a demandé à deux politiques de bords opposés, Alain Juppé et Michel Rocard, de construire un projet qui s’est révélé très différent de l’idée initiale mais, qui a traversé l’alternance et s’inscrit dans la durée ce qui est fondamental pour la science». Et d’expliquer que 35 milliards d’euros ont été déployés à partir de 2010, au bénéfice de l’enseignement supérieur, la recherche, la valorisation et l’innovation dans les secteurs stratégiques de l’économie française (Industrie, numérique, transport, énergie, santé). Douze milliards ont renforcé cette dynamique à partir de 2014. Dix milliards ont été annoncés par le Président de la République pour un troisième Programme d’investissements d’avenir. Ils amplifient l’ambition initiale et répondent à trois priorités : soutenir les progrès de l’enseignement et la recherche, valoriser la recherche et accélérer la modernisation des entreprises.
Le Commissaire Général à l’Investissement décline ensuite ce qu’il y a derrière les trois mots clés: «Soutenir l’excellence n’est pas une habitude de l’administration française qui est plus dans une logique égalitariste ou d’aide aux groupes en difficulté. C’est un processus exigeant». Et de prendre l’exemple de l’université pour expliquer comment le dispositif fonctionne: «Nous avons un système très national, très spécifique qui, depuis quelques années est confronté à une compétition internationale pour attirer les meilleurs étudiants et les meilleurs professeurs. Il s’agissait de définir l’excellence, le gouvernement a accepté de rogner ses prérogatives pour confier à un jury international cette mission de définir l’excellence des universités. Pour cela les universités ont passé des examens. L’Amu (Aix Marseille Université) fait partie des universités qui ont réussi cet examen et qui l’ont repassé avec succès au bout de 4 ans». Il ajoute que les universités qui s’inscrivent dans cette logique demandent maintenant à l’État plus d’autonomie. Il en vient à l’innovation: «C’est le cœur de métier du programme. Et cela concerne l’innovation scientifique, technique et d’usage. Nous avons une très belle entreprise, « Blablacar », qui n’a rien inventé si ce n’est un nouvel usage. Nous soutenons donc toute l’innovation à partir de deux transversales: le numérique et le développement durable». Il évoque enfin la dimension de la coopération. «En France nous avons des personnes de tout premier ordre, nous ne sommes pas mauvais en matière d’innovation en revanche, nous sommes bien moins convaincants en ce qui concerne la coopération. Alors nous aidons financièrement la structuration de coopérations interdisciplinaires. Nous favorisons ainsi le dialogue c’est à dire cet acte de faire confiance à l’Autre, de partager avec lui». De même Louis Schweitzer insiste sur l’importance qu’il accorde aux «territoires d’innovation» qui se mettent en place, une douzaine de projets d’expérimentations à l’échelle. «Ils permettront d’associer sur un même secteur des progrès pour la planète et d’autres perceptibles par les habitants du territoire». Au préalable Yvon Berland, le président de l’Amu s’était réjoui du succès des tables rondes de l’Arbois et sur l’importance qu’il accorde au décloisonnement des savoirs.
Michel CAIRE
Les Tables rondes de l’Arbois se poursuivent ce vendredi 31 mars – plus d’info:tablesrondes-arbois.com

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