« VanillaMilk » redonne vie et sens à l’allaitement maternel en France

Publié le 30 avril 2020 à  13h33 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h16

© VanillaMilk
© VanillaMilk

Le site « vanillamilk.fr« , lié depuis février à une application, se présente comme la «première plateforme de référencement et de mise en relation dans le domaine de l’allaitement maternel». Dans le but de pouvoir allaiter son enfant de manière plus sereine, il regroupe les bons conseils et les ressources adaptées pour avoir accès aux professionnels de santé formés, associations de soutien, lactariums, lieux publics et privés -toujours peu nombreux en France, équipés en espaces pour pouvoir allaiter. La plateforme compte aujourd’hui 2 300 mamans et plus de 200 professionnels de santé référencés. Rencontre avec Stéphanie Habenstein l’une des deux fondatrices de la jeune startup provençale.

Les deux fondatrices de la plateforme
Les deux fondatrices de la plateforme

«Notre idée est unique au monde», annonce Stéphanie Habenstein, 37 ans, formée dans l’e-commerce, maman de deux enfants, qui a ainsi créé vanillamilk.fr en compagnie de Laurie Poquérusse, 38 ans, infirmière puéricultrice. «Nous avons décidé de lancer d’abord le site, en 2018. Nous sommes un binôme complémentaire, avec mon profil très e-commerce, et notamment une expérience chez Kodak. J’ai démissionné, il y a 2 ans, pour me lancer dans l’aventure. Aujourd’hui, nous sommes fiers de voir que plus de 2 300 mamans sont référencées sur le site.» Le projet de cette plateforme s’articule autour du site vanillamilk.fr, en accès libre et gratuit, associé depuis fin février dernier à une application. «Nous avons lancé l’appli pour qu’elle soit le parfait complément du site. Elle donne encore plus de ressources utiles et de conseils précieux dans la mise en relation des mamans entre elles, notamment. Il y a un gros besoin dans ce sens : l’allaitement étant toujours perçu comme un gros sujet tabou en France. Nous entendons nous adresser à toutes les jeunes et futurs mamans, sans être un site pro-allaitement. Le but de notre démarche est d’éclairer le plus possible sur le sujet, tout en désirant à chaque fois que la maman prenne seule la décision, pour elle». Sans vouloir ainsi contraindre ou obliger, les deux jeunes entrepreneuses s’appuient sur les professionnels de santé qui ont accepté de répondre favorablement à leur initiative. «Nous en avons aujourd’hui un peu plus de 200 avec nous : puéricultrices, sages-femmes, ostéopathes, ORL, orthophonistes, naturopathes, pédiatres ou encore médecins généralistes. Autant de ressources de qualité pour accompagner les mamans dans leur vie quotidienne et répondre à leurs questions sur la maternité. Notre modèle économique est clair : nous avons souhaité créé une entreprise et non pas une association. L’une des finalités est de se faire connaître et reconnaître par les associations spécialisées dans le domaine, afin de proposer le meilleur référencement possible et partagé sur notre site internet.»

«Les taux d’allaitement maternel en France sont parmi les plus faibles au monde»

La carte nationale de géolocalisation des lieux référencés par le site dédiés à l'allaitement maternel  © VanillaMilk
La carte nationale de géolocalisation des lieux référencés par le site dédiés à l’allaitement maternel © VanillaMilk

L’un des autres points essentiels de l’entreprise est de tout mettre en œuvre pour que les mamans se rencontrent entre elles, à travers des contacts réguliers et surtout humains. «C’est essentiel dans notre initiative, nous n’entendons surtout pas devenir le « Facebook » de l’allaitement maternel. Mais susciter des rencontres entre mamans et avec des professionnels ainsi formés en allaitement.» L’entreprise se positionne en «label de qualité» pour apporter de la confiance aux mamans en leur indiquant tous les endroits à proximité pour pouvoir allaiter, comme les crèches sensibilisées, pharmacies formées, lactariums… «Les taux d’allaitement maternel en France sont parmi les plus faibles au monde, précise-t-elle, une maman sur deux allaite exclusivement son bébé au sein à la sortie de la maternité alors que, selon une étude récente, près de 96 % des futures mamans souhaitent le faire ou du moins hésitent encore pendant leur grossesse. En 2017, nous avions réalisé une enquête auprès des mamans allaitantes ou ayant allaité. Elles étaient déjà près de 70 % à se sentir isolées à leur retour de la maternité.» L’idée est ainsi d’impulser un grand réseau des lieux d’allaitement, et de l’étendre partout dans le pays, au gré des nouveaux partenaires et référencements. Dans un proche avenir, déjà, la crise sanitaire actuelle et son confinement devraient entraîner pour Stéphanie une augmentation des téléconsultations afin de permettre aux mamans d’échanger avec le réseau des professionnels de santé. «L’aspect psychologique est très important pour beaucoup. Elles ont un grand besoin de parler pendant une bonne heure pour évoquer leur grossesse et les questions, nombreuses, qui vont avec. Même si la rencontre physique devra toujours être privilégiée, il est bien sûr très important de voir le bébé.»

«Il y a beaucoup trop de donneurs de leçons sur le sujet. Tout cela fait que l’on bascule très vite vers des discours moralisateurs»

Pour les deux fondatrices, l’année 2019 aura été décisive pour mieux se faire reconnaître auprès des professionnels de santé, «qui voient de plus en plus de vrais résultats auprès de leurs activités, ce qui est important pour la sensibilisation auprès du grand public.» Elles ont en tête, aussi, de changer cette image «vieillotte» et «pas très glamour» qui continue de coller à l’allaitement maternel en France. «Les professionnels se rendent compte du sérieux de notre projet, ce ne peut être que bénéfique pour faire changer les choses. Sur l’explication de cette image en France, je pense que les mamans sont trop souvent questionnées sur le fait d’allaiter ou non, pour être toujours jugées. Il y a beaucoup trop de donneurs de leçons sur le sujet. Tout cela fait que l’on bascule très vite vers des discours moralisateurs… » Aujourd’hui, plus que jamais, faire reconnaître l’allaitement paraît être dans notre région comme ailleurs un besoin à revendiquer et généraliser. «Rien que pour pouvoir au moins s’asseoir tranquillement dans un supermarché pour allaiter ! , explique Stéphanie, au lieu d’être obligée de devoir s’asseoir par terre… Il faut que se développent des endroits isolés avec des chaises, au calme, pour pouvoir allaiter. Il y a ce même besoin sur les aires d’autoroute.» Autre cheval de bataille, la sensibilisation au sujet dans le monde du travail. «Les chefs d’entreprise ne sont pas au courant que les mamans ont des droits pour pouvoir allaiter dans le cadre de leur activité professionnelle.» Un combat supplémentaire à mener que la crise sanitaire actuelle, pointant enfin du doigt la priorité de la santé sur le rendement professionnel, saura – faut-il l’espérer – mettre en lumière.
Bruno ANGELICA

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