Fraternité – Médecins sans Frontières/SOS Méditerranée : « Les noyades se multiplient pendant que les gouvernements européens bloquent les secours humanitaires en Méditerranée »

Publié le 12 juillet 2018 à  13h19 - Dernière mise à  jour le 1 décembre 2022 à  14h57

L'Aquarius navire de SOS Méditerranée lors de son escale à Marseille (Photo Robert Poulain)
L’Aquarius navire de SOS Méditerranée lors de son escale à Marseille (Photo Robert Poulain)
«Plus de 600 personnes tentant de traverser la Méditerranée centrale se sont noyées au cours des quatre dernières semaines, y compris des bébés et des petits enfants. Ces tragédies, qui représentent la moitié du nombre total de morts dans la zone en 2018, se sont produites car il n’y avait plus de bateaux de sauvetage d’organisations non gouvernementales (ONG) actives en Méditerranée centrale», dévoilent Médecins Sans Frontières (MSF) & SOS Méditerranée dans un communiqué commun. Soulignant qu’il y a un mois, le navire de recherche et sauvetage Aquarius, géré par SOS Méditerranée en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a été empêché par les autorités italiennes de débarquer 630 personnes secourues en mer. D’autres blocages et obstruction des navires de sauvetage des ONG par les États européens ont suivi. «Les décisions politiques européennes prises ces dernières semaines ont eu des conséquences mortelles. Le choix de laisser les hommes, les femmes et les enfants se noyer dans la mer Méditerranée est délibéré. C’est scandaleux et inacceptable », a déclaré Karline Kleijer, responsable des urgences à MSF. «Plutôt que d’entraver la fourniture d’une assistance médicale et humanitaire vitale aux personnes en détresse en mer, les gouvernements européens doivent mettre en place des moyens de recherche et de sauvetage proactifs et dédiés en Méditerranée centrale». Alors que les navires de sauvetage des ONG opérant dans les eaux internationales entre Malte, l’Italie et la Libye ont été accusés de créer l’augmentation des départs par les politiciens européens, les récents événements en mer montrent que des personnes désespérées continuent de fuir la Libye. La violence, la pauvreté et les conflits poussent les gens à risquer leur vie et celle de leurs enfants. «Les gouvernements européens sont pleinement conscients des niveaux alarmants de violence et d’exploitation subis par les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants en Libye, mais sont déterminés à empêcher les personnes d’atteindre l’Europe à tout prix. Un élément clé de la stratégie visant à protéger la Méditerranée consiste à équiper, former et soutenir les garde-côtes libyens pour intercepter les gens en mer et les renvoyer en Libye. Le renvoi des personnes en Libye ne peut être effectué légalement par les navires non libyens, car le pays n’est pas reconnu comme un lieu sûr. Les personnes secourues dans les eaux internationales de la Méditerranée ne doivent pas être renvoyées en Libye mais doivent être conduites dans un port sûr conformément au droit international et maritime», affirment les deux ONG .« En outre, les garde-côtes libyens soutenus par l’UE ont intercepté quelques 10 000 personnes cette année et les ont emmenées dans des centres de détention en Libye, au péril de leur santé et de leur vie. L’abdication de toute responsabilité de recherche et de sauvetage en Méditerranée en faveur des garde-côtes libyens ne fera que provoquer davantage de morts», insistent-ils. «La décision politique de fermer les ports aux personnes secourues en mer, et la confusion totale en Méditerranée centrale, ont conduit à une mortalité accrue sur la traversée maritime la plus meurtrière du monde», a déclaré Sophie Beau, vice-présidente de SOS Méditerranée. « L’Europe porte la responsabilité de ces morts. Les gouvernements européens doivent réagir immédiatement et garantir que les lois maritimes et humanitaires internationales encadrant l’obligation de secourir les personnes en détresse en mer soient pleinement respectées».

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