Métropole Aix-Marseille Provence : « il serait dommage que les socialistes rejoignent la majorité de Jean-Claude Gaudin »

Publié le 15 mars 2016 à  23h20 - Dernière mise à  jour le 1 décembre 2022 à  15h22

ce jeudi 17 mars se tiendra la seconde réunion d’installation de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Laurent Lhardit, conseiller du 3e secteur de Marseille, Secrétaire fédéral et Benoît Payan, conseiller municipal de Marseille, conseiller départemental PS de déclarer dans un communiqué commun: «Élection du Président, désignation des vice-présidents: les élus socialistes vont devoir faire des choix qui vont engager notre territoire pour les années à venir.» Dénonçant: «Alors que toutes les grandes formations politiques annoncent leur intention de présenter un candidat à l’élection du Président, seul le Parti Socialiste semble ne pas vouloir faire acte de candidature. Pourtant, nous pensons qu’il nous faut défendre une vision de la Métropole et de ce territoire : celui d’une institution cohérente, dépassant les anciennes logiques pour répondre aux besoins des habitants de la Métropole et aux grands défis qui nous attendent. De la même manière, la proposition faite par Jean-Claude Gaudin aux élus socialistes de rejoindre sa majorité nous inquiète tant elle reproduit les vieux schémas d’un grand marchandage pour que rien ne change, au détriment de l’intérêt métropolitain. C’est pourquoi nous adressons aujourd’hui une lettre ouverte aux élus et militants socialistes des Bouches-du-Rhône.»

Lettre ouverte

Chers Amis, Chers Camarades,

Il est des combats politiques qui fondent notre identité de socialistes. La Métropole, projet institutionnel qui s’inscrit dans le prolongement de la décentralisation, en fait partie.
L’institution métropolitaine a pour mission de mener des politiques au service d’un vaste territoire de près de deux millions d’habitants, là où les communes puis les intercommunalités ont refusé d’agir ensemble depuis des décennies. Elle doit nous permettre d’unir nos forces pour développer les secteurs économiques et les zones d’excellence, favoriser l’essor du tissu associatif, accompagner le développement de l’économie verte et de la transition énergétique. Elle doit aussi rapidement lancer les lourds chantiers de la mobilité dans le territoire le plus embouteillé d’Europe et le plus pollué de France et s’attaquer avec des moyens conséquents à la crise du logement, et notamment au déficit de logements sociaux sur un territoire où 70% de la population peut y prétendre.
Un débat était nécessaire au sein de la fédération du PS 13 afin de définir les priorités que nous allons défendre au cours des quatre années de la mandature actuelle. Ce débat n’a pas eu lieu et à l’heure où la Métropole se met en place, nos élus doivent pourtant agir sur la base d’un projet politique partagé, élaboré avec une vision progressiste du développement territorial.
Un tel projet suppose en premier lieu que la nouvelle institution privilégie l’intérêt général de l’ensemble du territoire et de ses habitants, et non plus celui de ses seules communes. Or, la majorité de droite organise déjà un vaste marchandage entre les élus locaux pour tenter de recoudre sa majorité déchirée sur le sujet métropolitain. Les travaux de prestidigitation qu’entreprend la ville de Marseille au travers de MPM pour escamoter sous le tapis de la Métropole vingt années de gestion calamiteuse des finances et de l’administration municipale montrent bien qu’il va nous falloir être vigilants pour que la Métropole se concentre sur ses missions essentielles.
Il nous faut donc être les porteurs d’un modèle métropolitain constructif, le plus éloigné possible de celui qui a prévalu au sein des intercommunalités où le consensus entre gauche et droite s’établit autour du dépeçage des moyens d’un territoire au seul profit de ses communes et où chacun vient plaider pour un retour sur sa terre d’élection, à grands renforts de projets sans envergure, de ronds points fleuris et de subventions.
L’autre question qui se pose à nous est celle de la participation des élus socialistes à l’exécutif métropolitain. Nous entendons les arguments de ceux qui prétendent qu’il nous faudrait le faire mais nous considérons qu’ils sont bien faibles face à l’avalanche des motifs qui, au contraire, militent dans le sens contraire.
Là où notre territoire et nos concitoyens ont besoin de lisibilité et de clarté, notre participation à une gouvernance partagée reviendrait d’emblée à considérer que nous défendrions les mêmes projets que ceux de la majorité de droite. On peut certes penser qu’il existera des sujets consensuels, notamment sur la question du développement économique, et il faut évidemment que nous soyons prêts à apporter un soutien librement consenti à toute décision qui ira dans un sens positif. Mais pour le reste ? Des doutes existent déjà sur la question de la mobilité et des transports, qui est pourtant celle où la Métropole a sans doute le plus à faire pour rapprocher les citoyens des bassins d’emplois, libérer les énergies perdues par millions d’heures dans des embouteillages et des systèmes de transports archaïques. Quand au logement, comment croire que nous pourrions avoir une position partagée avec une majorité dont la plupart des maires refusent déjà de respecter les lois de la République en matière de logements sociaux ?
Dans ce contexte, la participation des élus socialistes à l’exécutif métropolitain est une très mauvaise idée. Si nous le faisons, nous chausserons des semelles de plomb en devenant l’instrument d’une gouvernance où nos propres élus viendront renforcer les logiques d’éparpillement des ressources métropolitaines, où nous deviendrons forcément solidaires de politiques qui ne correspondront pas à celles que nous souhaitons défendre, et où nous serons évidemment la cible d’une extrême droite qui fait déjà son miel de la perspective d’une telle alliance. Comme si nous avions besoin de ça, en plus de tout le reste.
La Métropole est une chance historique, elle représente le plus important défi politique de notre territoire pour les décennies à venir. Elle est aussi une chance pour la gauche, alors ne répétons pas les erreurs du passé. Arrêtons de dire que nous avons changé et montrons le ! Construisons un projet métropolitain partagé, ouvrons portes et fenêtres en y associant tous ceux qui se reconnaissent dans le courant de pensée que nous souhaitons représenter. Sachons nous hisser à la hauteur du défi métropolitain.

Laurent LHARDIT et Benoit PAYAN

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