EELV : le Parc National des Calanques doit être garant de l’excellence environnementale

Publié le 4 septembre 2014 à  20h36 - Dernière mise à  jour le 1 décembre 2022 à  15h39

Le conseil d’administration du Parc National des Calanques doit se prononcer le 8 septembre 2014 sur des rejets d’eaux de traitement de boues rouges en mer, en plein cœur marin du parc. Cette demande est déposée par l’usine d’alumine de Gardanne, reprise depuis août 2012 par la société Alteo (Péchiney restant propriétaire des ouvrages en mer).
Le groupe EELV rappelle que « Boue rouge » est le nom communément donné au principal déchet produit par le traitement de la bauxite dans la fabrication de l’alumine ou de l’aluminium.
Puis d’avancer : « Depuis près de 50 ans, près de 30 millions de tonnes de « boues rouges » ont été déversées au large de Cassis et s’étalent du golfe de Fos à la rade de Toulon, acheminées par une conduite longue de 47 km reliant l’usine de Gardanne à la mer Méditerranée. Ces boues rouges sont chargées en métaux lourds toxiques (titane, chrome, plomb, nickel, mercure, arsenic, cadmium). La dette écologique est extrêmement lourde.
Il est temps de faire respecter l’interdiction de rejeter ces boues rouges au 31 décembre 2015, conformément à une date prévue depuis 20 ans, par un Arrêté de la Préfecture des Bouches-du-Rhône du 1er juillet 1996, reprise dans le décret de création du Parc national des Calanques du 18 avril 2012.
Aujourd’hui, la société Alteo prévoit bien de respecter cette interdiction, grâce à des filtres-presse qui retiennent les résidus de bauxite (résidus solides). Si cet engagement est tenu, il s’agira d’une avancée réelle, et pour l’environnement, et pour l’emploi, ce dont nous nous félicitons. Nous avons d’autant plus besoin de savoir-faire industriels sur notre territoire qu’il faudra tôt ou tard dépolluer, traiter et valoriser les stocks de boues rouges à terre.
Mais cette avancée n’est pas suffisante et il faut se donner les moyens d’aller plus loin. En effet, il restera les rejets d’eaux de lavage et de ruissellement, chargées en métaux lourds comme l’arsenic, l’aluminium, le fer total, potentiellement nocifs pour la faune et la flore et qui dérogent aux normes autorisées. L’entreprise fait valoir qu’une réaction chimique avec l’eau de mer piègera ces métaux lourds par la production d’ « hydrotalcites ». Ce traitement naturel des métaux lourds par l’eau de mer doit être prouvé en situation réelle et ne suffit pas, selon nous, à accepter la demande en l’état. Le délai accordé pour trouver une solution (depuis 20 ans), les exigences d’un Parc national et l’utilisation d’argent public pour financer les investissements (15 M€ de l’Agence de l’Eau), justifient d’être particulièrement exigeants.
Nous demandons au Conseil d’Administration du Parc national des Calanques de ne pas donner d’avis favorable sans les conditions suivantes :
– Une expertise scientifique indépendante sur les « hydrotalcites », en lien avec le Conseil scientifique du Parc, et un contrôle annuel des effets sur la faune et la flore ;
– Des engagements à réduire le volume des effluents et la recherche d’une amélioration continue du process vers zéro déchet ;
– L’application des meilleurs techniques disponibles, et l’investissement dans un procédé propre et à basse consommation d’énergie, dès que les recherches en cours auront fait leurs preuves ;
– Un suivi et un contrôle annuel des engagements de l’entreprise ci-dessus et une clause de revoyure périodique, permettant à l’Etat et au Parc national de contrôler les engagements de l’entreprise, mais aussi d’accompagner une démarche de progrès.
Même si l’arrêt des rejets solides est une avancée (180 000 tonnes par an de déchets supprimées), laisser déverser des eaux chargées de métaux lourds en cœur de zone naturelle protégée, resterait un mauvais signe pour l’ensemble des acteurs qui se sont impliqués dans la création du Parc National des Calanques, mais aussi pour tous les usagers, professionnels du tourisme et de la mer, et tous les citoyens attachés à notre mer Méditerranée.
Le signal serait d’autant plus mauvais qu’il faut avancer aussi sur d’autres enjeux comme l’amélioration du traitement des eaux usées de la Ville par l’exutoire de Cortiou, l’aménagement de l’Huveaune et les bassins de rétention nécessaires pour éviter la pollution et la fermeture des plages de Marseille.

Nous attendons donc du Parc national des Calanques, pour la 1ère décision majeure de son histoire, qu’il soit garant de l’excellence environnementale qui a justifié sa création ».

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