5e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Le Quatuor Belcea tout en intensité et retenue

Publié le 22 avril 2017 à  21h15 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h02

Quatuor Belcea - Corina Belcea, au violon, Axel Schacher, au violon, Krysztof à l’alto, et Antoine Lerderlin, au violoncelle, dialoguent en permanence (Photo Caroline Doutre)
Quatuor Belcea – Corina Belcea, au violon, Axel Schacher, au violon, Krysztof à l’alto, et Antoine Lerderlin, au violoncelle, dialoguent en permanence (Photo Caroline Doutre)

Accueil plus que mitigé pour Beethoven quand il fit ses «Quatuors à cordes op. 59 » que d’aucuns jugèrent comme étant «une mauvaise farce de toqué, une musique de cinglé » ce qui, reconnaissons-le était plutôt bon signe, puisque se faisait jour de la part du compositeur une réelle envie d’innovation. Une véritable ambition de trouver des nouvelles pistes musicales, comme c’était déjà le cas avec la Symphonie n°3 dite Héroïque, annonciatrice des quatuors dans la volonté de bousculer les codes. Si on ne juge plus aujourd’hui cette œuvre trop longue, c’est parce que les musicologues ont mis en avant l’aspect filiation avec la musique de Haydn et Mozart, et son aspect recueilli. Avec intelligence et intériorité le Quatuor Belcea a donné au Jeu de paume une interprétation nuancée, et fougueuse du Quatuor n° 8 où se dégage un deuxième mouvement Molto Adagio, pièce central et véritable joyau. Corina Belcea, au violon, Axel Schacher, au violon, Krysztof à l’alto, et Antoine Lerderlin, au violoncelle, dialoguent en permanence, et le résultat est saisissant. Il faut dire que cette formation fondée au Royal College Music de Londres en 1994 privilégie l’étude d’un langage musical commun. Et n’hésite pas à mélanger les genres, aborder plusieurs types de compositeurs, passer de Mozart à Penderecki avec une aisance égale, et un éclectisme rassérénant. En première partie de programme c’est en effet le «Langsamer Satz » pour quatuor à cordes de Webern qui représente une des rares incursions du compositeur dans la musique de chambre pour quatre instruments. Lyrisme et finesse se répondent ici, le violon entraînant le spectateur dans un océan d’impressions contrastées. Autre monument du Quatuor à Cordes le N° 3 de Chostakovitch va crescendo dans l’émotion en prenant pour inspiration d’écriture la guerre, avec un adagio en forme d’hommage aux morts, et une conclusion moderato sorte de calme après l’orage. Là encore les Belcea se fondent dans la partition avec dextérité et élégance. Remarquable et choix d’œuvres d’une grande cohérence.
Jean-Rémi BARLAND

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