5e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Quand Renaud Capuçon et Jean-Yves Thibaudet rencontrent The Knights !

Publié le 21 avril 2017 à  21h54 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  16h02

Eric Jacobsen au centre entouré de Jean-Yves Thibaudet & Renaud Capuçon (Photo Caroline Doutre)
Eric Jacobsen au centre entouré de Jean-Yves Thibaudet & Renaud Capuçon (Photo Caroline Doutre)

Du double Concerto pour piano et violon en ré mineur que Mendelssohn composa à l’âge de 14 ans, on peut affirmer qu’il prend plutôt la forme d’une sonate que celle d’une œuvre concertante. L’orchestre en effet se fait plutôt discret, n’intervient pratiquement pas dans le second mouvement et n’éclate pas dans le final allegro molto. En retrait donc, laissant la place au clavier qui dans l’adagio entame avec le piano un dialogue chargé d’émotion pour l’auditeur. D’inspiration classique, voire baroque en exprimant des tonalités romantiques l’œuvre réclame doigté, intériorité et pour ne pas tomber dans le maniérisme ou la paraphrase une certaine dose de recul, et de prise de hauteur. Ce que réussissent aisément Renaud Capuçon violoniste virtuose autant que poète, et son complice d’un soir le pianiste Jean-Yves Thibaudet, très à l’aise avec toutes les musiques impressionnistes. Le son s’envole, la magie opère, et l’orchestre du groupe The Knights emmené par Eric Jacobsen assure l’essentiel de ce qu’exige la partition tout en retenue. Habituée aux œuvres plus «explosives» la formation américaine excellera en deuxième partie de programme dans le «Dumbarton Oaks», concerto que Stravinsky composa peu avant la Seconde Guerre mondiale dans le style des Brandebourgeois de Bach. La fantaisie de l’œuvre, son aspect parfois loufoque sied parfaitement aux musiciens américains des «Knights» qui redoublent ici d’inventivité. Ils semblent d’ailleurs curieusement moins à l’aise dans le Concerto brandebourgeois N° 3 de Bach, donné en début de récital, le manque de relief des violons et l’aspect plutôt compact de l’ensemble étant gommés par la formidable idée d’enrichir l’œuvre de l’interprétation par Christina Courtin de la chanson «American Tune» de Paul Simon écrite en pensant justement à l’univers de Bach. Moment de grâce, de fantaisie même, salué comme il se doit par des applaudissements nourris. En final, si la Symphonie N° 29 de Mozart l’une des plus connues symphonies de jeunesse n’a pas sous la houlette des Knights l’éclat des grands orchestres allemands le travail soigné de la formation met correctement en lumière le lyrisme et les variations bondissantes de l’œuvre. Un bel exemple de soirée musicale éclectique et très enjouée donnée dans un Grand Théâtre de Provence (GTP) tout entier acquis à l’ambiance particulière distillée par les quatre compositeurs mis à l’honneur ici. .
Jean-Rémi BARLAND

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