6e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (Jour 8) – Un moment hors du temps avec Mozart et les Viennois

Publié le 3 avril 2018 à  21h45 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h40

Devant les musiciens de la Wiener Staatsoper, de g. à dr. Bartolo, Marceline, Basile, Almaviva, Susanna, Figaro et La comtesse soit Dan Paul Dumitrescu, Ulrike Helzel, Pavel Kolgatin, Carlos Álvarez, Valentina Naforniţă, Jongmin Park et Olga Bezsmertna. (Photo Caroline Doutre)
Devant les musiciens de la Wiener Staatsoper, de g. à dr. Bartolo, Marceline, Basile, Almaviva, Susanna, Figaro et La comtesse soit Dan Paul Dumitrescu, Ulrike Helzel, Pavel Kolgatin, Carlos Álvarez, Valentina Naforniţă, Jongmin Park et Olga Bezsmertna. (Photo Caroline Doutre)
A mi-festival, force est de reconnaître que le public et la qualité des concerts sont au rendez-vous de cette édition. Mais celui de ce lundi soir était assurément le plus attendu et ce pour plusieurs raisons. Pour la première fois en six ans, un opéra était programmé; en version concertante, certes, mais cette incursion lyrique fera date. D’autant plus que Mozart était au rendez-vous avec «Le Nozze di Figaro» et l’on sait qu’entre Aix et Mozart, c’est toujours une histoire d’amour. Puis, il y avait la (grosse) cerise sur le gâteau: pour servir l’œuvre, sur scène, l’orchestre et le chœur de la Wiener Staatsoper placés sous la direction d’Alain Altinoglu ainsi qu’une exceptionnelle distribution. Excusez du peu ! Autant dire qu’il n’y avait pas beaucoup de places en vente à la dernière minute et qu’à 19 heures, au moment de l’extinction des feux dans la salle, plus d’un millier de paires d’yeux et d’oreilles étaient mobilisés. D’entrée de jeu, Alain Altinoglu et ses musiciens décidaient de placer la barre très haut avec une ouverture lumineuse, toute de finesse et d’entrain. Ce qui laissait augurer le meilleur. Cet orchestre, on le sait, est l’un des meilleurs au monde et, lorsqu’il s’agit de jouer Mozart, on dirait qu’il met un malin plaisir à être meilleur que meilleur ! Il y arrive sous la baguette d’un directeur musical inspiré qui respecte l’harmonieux «outil de travail» qui est devant lui et les solistes qui chantent à ses côtés ou derrière lui. Toujours à l’écoute, il prend même part à l’action, par moments, dans la judicieuses mise en espace travaillée pour cette production. Un travail théâtral fait d’entrées et de sorties très bien réglées, de regards complices, de sourires, d’espiègleries, de pas de danse esquissés qui apportent énormément à la représentation. Travail qui porte d’autant plus de fruits que les artistes qui le mettent en œuvre y prennent visiblement grand plaisir sans une seule fois mettre leurs voix en danger. On a devant nos yeux cet esprit de troupe qui procure complicité et osmose. Car, la quasi totalité du casting fait partie de la troupe de l’Opéra de Vienne. Vraiment difficile de trouver la moindre chose à redire sur les prestations vocales aux lignes de chant franches et puissantes, avec de la précision et de belles couleurs. Tout comme pour les musiciens de l’orchestre, on est ici sur un très haut niveau qualitatif. Alors, s’il faut donner des coups de cœur, mission délicate, c’est au Figaro de Jongmin Park et à la Susanna de Valentina Nafortina qu’iront les notes en ce lundi soir. Le Coréen et la Moldave ont formé un couple idéal, physiquement et vocalement. Les accessits de luxe iront à la comtesse d’Olga Bezsmertna, à l’Almaviva de Carlos Alvarez qui fait ici une sacré performance, ainsi qu’au Chérubin de Margarita Gritskova. Ulrike Helzel, Pavel Kolgatin, Peter Jelosits, Dan Paul Dumitrescu, Rafael Fingerlos et Bryony Dwyer complétant idéalement le casting. Cette soirée restera assurément dans les annales du Festival de Pâques au rang des meilleures. Une vraie chance que Renaud Capuçon ait pu «épingler» au programme 2018 cette représentation d’une production en tournée un peu partout dans le monde, mais uniquement à Aix-en-Provence pour la France. On en redemande !
Michel EGEA

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