6e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence (jour 3) – Du Mozart comme dans une bijouterie

Publié le 29 mars 2018 à  13h35 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h40

Renaud Capuçon et Gérard Caussé, solistes devant une remarquable Camerata Salzburg (Photo Caroline Doutre)
Renaud Capuçon et Gérard Caussé, solistes devant une remarquable Camerata Salzburg (Photo Caroline Doutre)
Un seul rendez-vous au Festival de Pâques en ce mercredi, mais quel rendez-vous ! Avec La Camerata Salzburg, Renaud Capuçon, Gérard Caussé et… Mozart ! Certes, il y eu le concerto pour cordes de Paul Ben-Haim pour ouvrir la soirée au Grand Théâtre de Provence, mais avec ce qui allait suivre, cette composition post-romantique fut reléguée au rang d’échauffement pour les instrumentistes de la Camerata… Car tout de suite après, nous avions tous rendez-vous avec Mozart. Avant l’entracte pour la Symphonie concertante pour violon et alto en mi bémol majeur et, après, avec la sérénade n°9 en ré majeur dite « posthorn » car on y joue de la trompe de poste, emblème bien connu en Suisse, en Autriche ou en Allemagne puisqu’il est celui de l’administration qui gère le courrier. Mais revenons-en à la symphonie dont les solistes n’étaient autres que les complices Capuçon et Caussé. Vieux complices, même, qui ont communié en parfaite osmose pour servir Mozart. Pour la circonstance, le premier violon de la Camerata, Gregory Ahss, avait cédé la direction de l’ensemble à Renaud Capuçon. L’occasion pour lui, tout en assumant la partie de soliste, de prouver par son aisance que cette place de maestro ne lui déplairait peut-être pas… Un jour ou un autre! Souhaitons le plus tard possible car une fois de plus, dans un esprit de partage total, le musicien a une fois de plus séduit, ébloui, enchanté avec finesse, son extraordinaire, au sens propre du terme, et joie de jouer… Entraînant avec lui Gérard Caussé, solide comme un roc, son alto accroché à l’épaule, qui relevait sans coup férir le défi de l’échange entre les deux instruments magnifiant, lui aussi, la partition de Mozart. Et l’orchestre, direz-vous… Que dire, justement, sinon qu’il fut l’allié parfait des deux hommes par ses couleurs et sa précision; si bien que Renaud Capuçon avait tenu à l’associer, par pizzicati interposés, au bis qui n’était autre que la «Sicilienne» de Maria Theresia Von Paradis dont il se murmure qu’elle fut l’une des maîtresses de Mozart. Nous n’étions pas là pour vérifier, donc nous ne ferons pas courir la rumeur. Mais c’est un peu plus tard que la Camerata Salzburg allait briller de tous ses feux avec la «Sérénade». Difficile de trouver une seule faille dans une interprétation éblouissante de sensibilité, de couleurs, de puissance et de précision. Aux cordes souples et soyeuses, chaudes, il convient d’ajouter des vents très présents et harmonieux en diable avec de réelles performances pour les bois, saluées comme il se doit à la demande de Gregory Ahss. Les sept mouvements furent donnés comme autant de bijoux musicaux avec deux énormes coups de cœur pour le deuxième (menuet allegretto) et le cinquième (Andantino) qui nous a tiré des frissons de plaisir. Si la perfection existe, en ce mercredi soir, nous n’en étions pas loin. Il faut dire que de porter le nom de la ville natale de Mozart et d’y jouer régulièrement n’est pas anodin et que cette extrême qualité de l’ensemble à travers chacun de ses composantes est certainement liée au fait que tous travaillent habités par le souffle de l’esprit de Wolfie très présent là-bas. Des concerts comme celui ci, on en redemande !
Michel EGEA

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