70e Festival d’Aix-en-Provence – Pierre Audi, le nouveau directeur : « Je ne suis pas un homme de coups »

Publié le 16 juillet 2018 à  16h21 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h55

Pierre Audi, le nouveau directeur général du Festival d’Aix-en-Provence (Photo Michel Egéa)
Pierre Audi, le nouveau directeur général du Festival d’Aix-en-Provence (Photo Michel Egéa)
Pierre Audi, qui succède dans quelques jours à Bernard Foccroulle, à la direction générale du Festival d’Aix-en-Provence, a rencontré des journalistes pour suivre les premières représentations des opéras de l’édition 2018. L’occasion de se présenter à ceux qui ne le connaissaient pas et de lever un coin de voile sur le programme du Festival 2019. «Je suis ici pour un mandat de cinq ans, confiait-t-il, mais, je travaille déjà depuis deux ans sur la programmation des années à venir en compagnie de l’équipe merveilleuse du Festival dont a su s’entourer Bernard Foccroulle pour qui j’ai une grande admiration. Je tiens à préciser qu’arrivant seul à la direction, je compte moi aussi sur l’efficacité de cette équipe.» Une stabilité des effectifs fort appréciée qui évite les éventuelles tensions liées parfois à des «révolutions». Né au Liban, de culture française, Pierre Audi est un homme de théâtre et d’opéra qui va quitter l’Opéra national des Pays-Bas où il vient de passer 30 ans. D’entrée de jeu, il tient à affirmer quelques positions qui devraient guider son action au Festival d’Aix-en-Provence. «Nous sommes des servants ; il ne s’agit pas de faire un travail sur moi, je ne suis pas intéressé par l’ego du directeur incontournable et signature. Ce qui m’importe c’est de pérenniser l’institution en étant membre d’une équipe qui a le même objectif. » Avance: «Vive le slow cooking. Je crois aux choses qui mijotent et je ne suis pas intéressé par les « coups ». D’ailleurs je ne sais pas les faire.» «Il y a plusieurs valeurs dans ce Festival d’Aix-en-Provence que j’estime énormément, poursuit-il, notamment cette philosophie unique au monde qui est de placer au même niveau les productions, mais aussi l’Académie, Passerelles, la politique d’ouverture sur la Méditerranée, toute cette vie foisonnante qui doit s’épanouir encore plus dans les années à venir.» Pierre Audi, qui a dirigé pendant 10 ans le Festival d’Edimbourg, entend poursuivre dans la voie ouverte par Bernard Foccroulle et y apporter des nouveautés. «Pourquoi ne pas envisager au cœur du Festival, pendant dix jours, une programmation de musique contemporaine comme un festival dans le festival ? Puis, il y a une chose à laquelle je suis attaché, le Festival doit croire dans les compositeurs d’aujourd’hui. D’ailleurs, dès 2019, il y en a deux qui sont sollicités. Il y a de la richesse qui se dégage du mot opéra ; le 20e siècle a ouvert l’opéra, le 21e doit le faire progresser. Quant à ma façon de travailler sur les programmations, elle est très participative. En fait j’essaie de faire en sorte que ce soit les artistes qui choisissent. Ainsi un chef et un metteur en scène que je mets en contact peuvent choisir l’œuvre qu’ils ont envie de travailler ensemble. Il faut écouter le cœur des artistes…» Le nouveau directeur entend poursuivre et développer «Aix en juin», qui doit être «un festival gratuit », mais aussi de travailler avec d’autres structures culturelles de la Région, comme la Fondation Luma à Arles ou, plus près d’Aix, Château La Coste. Enfin, lorsqu’on lui demande de s’exprimer sur la situation au Moyen Orient, avec émotion, Pierre Audi confie: «Je suis exaspéré de voir le Moyen Orient se liquéfier. Nos vies sont désormais impactées en occident par cette situation. Ce n’était le cas en 1976 lorsque j’ai quitté le Liban. C’est comme une obligation, aujourd’hui, de créer des ponts entre ici et là-bas en utilisant nos origines… »
Michel EGEA

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Au programme en 2019

L’année prochaine, le Festival d’Aix-en-Provence débutera le 3 juillet au théâtre de l’Archevêché avec «Requiem» de Mozart, une production autour de cette pièce sacrée, imaginée par Raphaël Pichon et mise en scène par Romeo Castellucci. Raphaël Pichon dirigera son orchestre et son chœur Pygmalion à cette occasion. Toujours à l’Archevêché, c’est «Tosca» qui est programmé pour la première fois à Aix-en-Provence dans une mise en scène de Christophe Honoré. Daniele Rustioni sera à la tête de l’orchestre et du chœur de l’Opéra de Lyon. Au Grand Théâtre de Provence, Pierre Audi a programmé «Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny» de Kurt Weill. Esa-Pekka Salonen dirigera le Philharmonia Orchestra et le chœur Pygmalion, mise en scène de Ivo van Hove. Il y aura aussi la production, en première française, de «Jacob Lenz» de Wolfgang Rihm, mise en scène de Andrea Breth, Ingo Metzmacher étant à la tête de l’Ensemble Modern. Le théâtre du Jeu de Paume abritera la création mondiale de «The Sleeping Thousand» d’Adam Maor, livret et mise en scène de Yonatan Levy, direction musicale de Elena Schwarz à la tête de l’ensemble Lucilin.
Enfin, le Conservatoire Darius Milhaud accueillera la création française de « Blank out» de Michel van der Aa. On peut le constater, Pierre Audi n’hésite pas à marquer de son sceau une première programmation très moderne. «C’est vrai qu’il n’y a pas de baroque, confiait le nouveau directeur, mais que les amoureux du genre se rassurent, dés 2020 ils seront satisfaits. En fait, les choses se sont présentées comme ça en 2019… »
M.E. |

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