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< >70e Festival d’Aix-en-Provence - Pierre Audi, le nouveau directeur : "Je ne suis pas un homme de coups"
lundi 16 juillet 2018
- Pierre Audi, le nouveau directeur général du Festival d’Aix-en-Provence (Photo Michel Egéa)
Pierre Audi, qui succède dans quelques jours à Bernard Foccroulle, à la direction générale du Festival d’Aix-en-Provence, a rencontré des journalistes pour suivre les premières représentations des opéras de l’édition 2018. L’occasion de se présenter à ceux qui ne le connaissaient pas et de lever un coin de voile sur le programme du Festival 2019. « Je suis ici pour un mandat de cinq ans, confiait-t-il, mais, je travaille déjà depuis deux ans sur la programmation des années à venir en compagnie de l’équipe merveilleuse du Festival dont a su s’entourer Bernard Foccroulle pour qui j’ai une grande admiration. Je tiens à préciser qu’arrivant seul à la direction, je compte moi aussi sur l’efficacité de cette équipe. » Une stabilité des effectifs fort appréciée qui évite les éventuelles tensions liées parfois à des « révolutions ». Né au Liban, de culture française, Pierre Audi est un homme de théâtre et d’opéra qui va quitter l’Opéra national des Pays-Bas où il vient de passer 30 ans. D’entrée de jeu, il tient à affirmer quelques positions qui devraient guider son action au Festival d’Aix-en-Provence. « Nous sommes des servants ; il ne s’agit pas de faire un travail sur moi, je ne suis pas intéressé par l’ego du directeur incontournable et signature. Ce qui m’importe c’est de pérenniser l’institution en étant membre d’une équipe qui a le même objectif. » Avance : « Vive le slow cooking. Je crois aux choses qui mijotent et je ne suis pas intéressé par les "coups". D’ailleurs je ne sais pas les faire. » « Il y a plusieurs valeurs dans ce Festival d’Aix-en-Provence que j’estime énormément, poursuit-il, notamment cette philosophie unique au monde qui est de placer au même niveau les productions, mais aussi l’Académie, Passerelles, la politique d’ouverture sur la Méditerranée, toute cette vie foisonnante qui doit s’épanouir encore plus dans les années à venir. » Pierre Audi, qui a dirigé pendant 10 ans le Festival d’Edimbourg, entend poursuivre dans la voie ouverte par Bernard Foccroulle et y apporter des nouveautés. « Pourquoi ne pas envisager au cœur du Festival, pendant dix jours, une programmation de musique contemporaine comme un festival dans le festival ? Puis, il y a une chose à laquelle je suis attaché, le Festival doit croire dans les compositeurs d’aujourd’hui. D’ailleurs, dès 2019, il y en a deux qui sont sollicités. Il y a de la richesse qui se dégage du mot opéra ; le 20e siècle a ouvert l’opéra, le 21e doit le faire progresser. Quant à ma façon de travailler sur les programmations, elle est très participative. En fait j’essaie de faire en sorte que ce soit les artistes qui choisissent. Ainsi un chef et un metteur en scène que je mets en contact peuvent choisir l’œuvre qu’ils ont envie de travailler ensemble. Il faut écouter le cœur des artistes… » Le nouveau directeur entend poursuivre et développer « Aix en juin », qui doit être « un festival gratuit », mais aussi de travailler avec d’autres structures culturelles de la Région, comme la Fondation Luma à Arles ou, plus près d’Aix, Château La Coste. Enfin, lorsqu’on lui demande de s’exprimer sur la situation au Moyen Orient, avec émotion, Pierre Audi confie : « Je suis exaspéré de voir le Moyen Orient se liquéfier. Nos vies sont désormais impactées en occident par cette situation. Ce n’était le cas en 1976 lorsque j’ai quitté le Liban. C’est comme une obligation, aujourd’hui, de créer des ponts entre ici et là-bas en utilisant nos origines… »
Michel EGEA
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