7e festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Michel Corboz pour une Passion lumineuse

Publié le 20 avril 2019 à  22h12 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  11h43

Au moment des saluts, devant l’orchestre et Michel Corboz en chemise carmin, de g. à dr., les solistes Marco Alves dos Santos, Ana Quintans, Marianne Beate Kielland, André Baleiro et Hans Jörg Mammel (absent sur la photo : Peter Harvey). (Photo Caroline Doutre)
Au moment des saluts, devant l’orchestre et Michel Corboz en chemise carmin, de g. à dr., les solistes Marco Alves dos Santos, Ana Quintans, Marianne Beate Kielland, André Baleiro et Hans Jörg Mammel (absent sur la photo : Peter Harvey). (Photo Caroline Doutre)

Au 7e soir du Festival de Pâques, celui du Vendredi saint pour les chrétiens, c’est «La Passion selon Saint Matthieu», l’un des chefs-d’œuvre absolus dans l’histoire de la musique, signé Jean-Sébastien Bach, qui était au programme dans la salle archi-comble du Grand Théâtre de Provence (GTP) d’Aix. Pour servir ce monument, Renaud Capuçon, directeur artistique du Festival printanier aixois, avait convié un autre «monument» en la personne de Michel Corboz référence incontournable et mythe entré de son vivant au panthéon de la musique. Corboz a qui l’on doit, avec quelques autres dont le regretté Jean-Claude Malgoire, le retour en grâce du baroque, retrouvait pour la circonstance son ensemble vocal et instrumental de Lausanne fondé par ses soins en 1961 et dont il est désormais chef honoraire. Du haut de ses 85 printemps, le Suisse a abordé ces quelque trois heures de musique avec le génie qu’on lui connaît, direction minutieuse et sensible, respect de l’extraordinaire architecture de l’œuvre, respirations bienvenues et dimension émotionnelle omniprésente. Face à lui, double chœur et double orchestre, pour un incessant va et vient entre les musiciens, les solistes et les choristes. On dit souvent que Bach est «le père» des musiques qui viendront après lui et cette Passion selon Saint-Matthieu en est l’une des parfaites illustrations ; ouverture, airs, chorals, récit : autant d’éléments qui sont travaillés pour charpenter cette partition de longue haleine. Pour qui sait entrer en écoute profonde, le chemin proposé mène de joyaux en joyaux, soli de violon, flûte ou hautbois, polyphonies d’une totale harmonie… Michel Corboz connaît tout cela sur le bout des doigts et aborde pourtant sa direction quasiment comme au premier jour, avec un investissement total et cette aspiration à la lumière qui sied merveilleusement à l’œuvre. Il peut compter, pour l’accompagner dans sa vision, sur la qualité extrême des exécutants, chœur(s) et orchestre, d’une précision très helvétique, avec beaucoup de sensibilité et les couleurs adéquates. Il bénéficie aussi d’un sextuor de solistes de très bon niveau duquel nous retiendrons les remarquables prestations de la mezzo Marianne Beate Kielland, du baryton André Baleiro et de la basse Peter Harvey. Une très grande Passion, donc, et le bonheur d’avoir bénéficié, une fois encore, de la direction à nulle autre pareille de Michel Corboz.
Michel EGEA

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