Aix-en-Provence, l’ouverture d’un nouveau théâtre. Rencontre avec Denis d’Antoni, son fondateur

Publié le 12 novembre 2014 à  15h01 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h24

Denis d’Antoni, il y a quelques jours, dans la salle en construction du Théâtre d’Aix (Photo M.E.)
Denis d’Antoni, il y a quelques jours, dans la salle en construction du Théâtre d’Aix (Photo M.E.)

Il s’appelle « Le Théâtre d’Aix », en toute simplicité. Et il ouvre ses portes cette semaine. 380 places assises, une scène de 400 m2 et, déjà une programmation éclectique témoignant la volonté de son fondateur, Denis d’Antoni, de «défendre le patrimoine culturel français» et de «valoriser la jeune création artistique». Denis d’Antoni n’est pas un inconnu dans le monde du spectacle. Comédien, il a créé à Aix-en-Provence le «Piccolo Théâtre». C’était il y a huit ans et, au fil des ans, de nombreux jeunes artistes s’y sont révélés. Quant au Théâtre d’Aix, ce nouveau lieu de culture, il est installé avenue de la Violette, dans les anciens entrepôts de l’enseigne «Fly». A quelques minutes du centre-ville et à deux pas de trois parkings publics. Une situation idéale.
S’il est un lieu d’accueil de spectacles, le Théâtre d’Aix est aussi le lieu de résidence de l’école de l’Acteur, théâtre et cinéma, créée cette année par Denis d’Antoni. Ce dernier, qui fut élève d’Ariane Mnouchkine et de Jean Périmony, a expérimenté, dans sa carrière, les taquineries, et parfois plus, liées aux «familles» auxquelles étaient rattachés les comédiens, soit «théâtre», soit «cinéma». Alors, il a voulu créer une école qui forme aux deux outils «pour un métier qui est le même», s’empresse-t-il d’ajouter. Et de poursuivre: «La formation sera dispensée sur trois ans, mais le cursus sera de quatre ans. Car je ne veux pas lâcher les comédiens dans la nature comme cela, du jour au lendemain. La quatrième année permettra aux jeunes diplômés de partir en tournée, sous chapiteau, pour montrer leur savoir-faire et se faire remarquer par les professionnels susceptibles de les engager ensuite.
Sous ce chapiteau, ils monteront une pièce de théâtre et présenteront des courts-métrages.
»
Lorsqu’on lui demande s’il est judicieux d’ouvrir une telle structure en cette période dite «de crise», Denis d’Antoni n’hésite pas une seconde pour répondre : «Je suis persuadé qu’au Moyen-Age, la crise existait déjà. La crise a toujours existé avec des formes différentes. Moi, je ne veux pas me plaindre que la lumière soit éteinte, mais je veux chercher un briquet dans ma poche pour allumer une bougie. Toujours se plaindre augmente les difficultés. Je préfère créer, inventer de nouvelles choses pour aller de l’avant.» Et de poursuivre: « Il y a huit ans j’ai ouvert le Piccolo. Il vit sans subventions et il va bien; je ne dis pas qu’il se porte à merveille, mais il va bien. J’ai un regard très particulier sur les subventions des tutelles. Je suis pour lorsqu’elles permettent de réaliser des choses utiles pour la collectivité et qui ne pourraient voir le jour si ceux qui portent les projets étaient seuls. Je pense qu’un lieu culturel doit être capable de subvenir à ses besoins. S’il y arrive, c’est qu’il répond à une demande. Sinon pourquoi maintenir un plombier dans le Sahel alors qu’il n’y a pas un seul client.»
« Pour le Théâtre d’Aix , indique-t-il, je bénéficie d’une subvention de 30 000 euros sur trois ans au titre de l’investissement. Ensuite ce sera à nous de créer nos sources de revenus en accueillant des productions, en louant la salle.» Et lorsqu’on lui fait remarquer qu’il y a les élèves de l’École, Denis d’Antoni réagit : «Les élèves ne sont pas et ne seront jamais des vaches à lait. Nous avions 30 candidats, cette année. Nous en avons retenu sept. Si j’avais voulu faire du beurre j’aurai pris les trente, non ? Le tarif de l’École est de 3 500 euros par an et par élève. Cela sert à payer les enseignants et l’administration. C’est tout.» Lucide, il envisage l’avenir : « Cela va être difficile, je le sais. Mais, je n’ai jamais vu une belle chose qui se soit faite sans difficultés. Je suis persuadé que ce sera un lieu chaleureux, de rencontres, de croisement des arts, un lieu de partage…».

Michel EGEA

A l’affiche au Théâtre d’Aix

Vendredi 14 et samedi 15 novembre, à 20 h 30, c’est la pièce de Carlo Boso, Fabio Gorgolini et Ciro Cesarano, «Fabula Buffa» qui «essuie les plâtres» au Théâtre d’Aix. Une pièce donnée par les comédiens du Teatro Picaro. Tarif plein :30 euros, tarif réduit : 20 euros, enfants : 12 euros. Le Théâtre d’Aix, 8 avenue de la Violette. Tél. 04 42 33 04 18

Prochain spectacle: « J’ai tué Maurice Thorez», une pièce de Gilles Ascaride, mise en scène par Serge Valletti, avec Gérard Andréani et Gilles Ascaride. Le samedi 22 novembre à 20 h 30 et le dimanche 23 novembre à 17 heures.

Articles similaires

Aller au contenu principal