Aix-en-Provence : le Prince de Liechtenstein montre une partie de ses collections à l’Hôtel de Caumont

Publié le 6 novembre 2015 à  20h11 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h43

Philippe de Lichtenstein (à droite) nous présente l’exposition avec Johann Kräftner, commissaire général, directeur des Collections Princières à Vienne et Vaduz (Photo M.E.)
Philippe de Lichtenstein (à droite) nous présente l’exposition avec Johann Kräftner, commissaire général, directeur des Collections Princières à Vienne et Vaduz (Photo M.E.)

Où se trouve la principauté du Liechtenstein ? Quelle en est la capitale ? Quel est le nom de l’actuel souverain de cette principauté ? Posez les questions à 100 personnes dans la rue, il se peut qu’il n’y en ait aucune qui puisse répondre juste aux trois interrogations ! La principauté se trouve à la frontière Austro-helvétique, la capitale en est Vaduz et le souverain en est le Prince Hans-Adam II von und zu Liechtenstein, grand amateur d’art et qui, selon son frère Philippe, ne laisse à personne le soin de prendre une décision d’achat d’un tableau. Une chose est certaine, dans la famille Liechtenstein, l’art contemporain n’est pas la tasse de thé. Ici on est plutôt accro aux œuvres réalisées entre le 16e siècle et le 19e siècle. Pour preuve, l’une des dernières acquisitions du Prince, cette somptueuse «Vénus» de Lucas Cranach l’Ancien, entrée dans les collections en 2013. Une huile sur bois de 1531 qui a séduit Hans-Adam II et dont personne n’aura l’indélicatesse de demander une estimation de la valeur. Tout juste peut-on lire sur internet, sur le site Antiques Trade Gazette, que Liechtenstein a dû débourser «several million pounds», several voulant dire plusieurs. Quant au pound, la livre britannique, on l’échange à l’unité pour 1,40 euros. Nous voici bien renseignés. Mais, que l’on se rassure, le Prince n’a pas cassé sa tirelire ! Et il pousse même l’amabilité à partager la beauté de cette «Vénus» avec le commun des mortels que nous sommes puisque c’est elle qui accueille le visiteur de l’exposition accrochée au cœur de l’Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, jusqu’au 20 mars prochain. Cette belle femme est aussi sur toutes les affiches de l’expo ; une vraie invitation sensuelle à la visite.

Du pur chef-d’œuvre à toutes les haltes

« Mars et Rhéa Silvia », du Rubens, l’une des pièces maîtresses de cette exposition (Photo M.E.)
« Mars et Rhéa Silvia », du Rubens, l’une des pièces maîtresses de cette exposition (Photo M.E.)

Cette visite, nous sommes quelques un(e)s a avoir eu le bonheur de la réaliser en compagnie du Prince Philippe, délégué par son souverain de frère pour le représenter dans la ville du Roy René, et de Johann Kräftner, commissaire général de l’exposition mais, surtout, depuis 2011, directeur des Collections Princières à Vienne et Vaduz. Pour avoir une idée de l’importance de ces collections, il suffit de savoir qu’elles comptent en leur sein 35 œuvres autographes de Rubens, soit l’un des plus vastes ensembles au monde. Et le tableau présenté à Caumont, une monumentale huile sur toile «Mars et Rhéa Silvia» en est assurément l’une des pièces maîtresses, acquise en 1710 par le prince Johann Adam Andreas 1er. Pur chef d’œuvre.
En fait, cette expo, c’est du pur chef d’œuvre à toutes les haltes. De Cranach à Rubens, de Van Dyck à Pannini, de Batoni à Vigée-Lebrun apprêtez-vous à rester scotchés de longues minutes devant chacune des œuvres du plus grand au plus petit des formats. Élisabeth Vigée-Lebrun, peintre officielle de Marie Antoinette, qui va profiter de son exil forcé entre 1792 et 1795 pour séjourner à Vienne et y réaliser, en 1793, les portraits en pendants de la princesse Karoline von Liechtenstein en Iris et de sa belle-sœur Maria Josepha Hermenegilde von Esterhazy sous les traits d’Ariane à Naxos. Œuvres commandées et achetées directement à l’artiste, en 1794, par Alois 1er. On peut voir, à l’Hôtel de Caumont, la toile représentant Karoline dans la section «Princes et Princesses». Car le parcours de cette exposition est divisé en section. Il s’ouvre, fort normalement, par un rappel historique et géographie sur le Liechtenstein et ses princes avant d’entrer dans la grande galerie du XVIe siècle où le visiteur est donc accueilli par la «Venus» de Cranach l’Ancien. Suivent la salle Rubens, celle consacrée au goût éclectique des Liechtenstein puis, le cabinet de curiosité des princes, la salle consacrée au siècle d’or de la peinture hollandaise et flamande; une salle consacrée aux paysages et natures mortes; une aux demeures princières et la dernière aux princes et princesses, là ou l’on peut découvrir la charmante Karoline en déesse messagère des dieux.

«Petite, mais sublime. Telle pourrait être la devise de cette exposition qui présente au public d’Aix-en-Provence une sélection des joyaux de ma collection et offre un panorama des premiers exemples de portraits et tableaux religieux, jusqu’à la peinture Biedermeier viennoise de la première moitié du XIX, terme chronologique de ma collection», écrit en ouverture de son propos dans le catalogue, le prince Hans-Adam II. Petite, mais sublime, assurément… Et au sortir des salles, plusieurs choses sont certaines : on a envie de revoir toutes les œuvres une fois de plus, on veut partir à Vienne visiter les Palais des Liechtenstein et on rêve de monter jusqu’au nid d’aigle de Vaduz à l’ombre du Grauspitz, le plus haut sommet de la principauté qui culmine à 2599 mètres dans le massif du Rätikon. Avec son exposition inaugurale consacrée à Canaletto, l’Hôtel de Caumont a accueilli un peu plus de 140 000 visiteurs. C’était, il est vrai, une exposition estivale. Cette nouvelle exposition, hivernale, elle, ne sera certainement pas aussi importante en terme de visite, du fait de sa position au calendrier, mais la qualité des chef-d’œuvres exposés est telle que nous ne prendrons aucun pari sur le nombre de visiteurs totalisé au soir du 20 mars prochain…
Michel EGEA

Détail de l’étonnante « Nature morte aux fruits avec une coupe à couvercle » de Jan Davidsz. De Heem, huile sur bois de la seconde moitié du XVIIème siècle. Œuvre acquise en 2006 par Hans-Adam II (Photo M.E.)
Détail de l’étonnante « Nature morte aux fruits avec une coupe à couvercle » de Jan Davidsz. De Heem, huile sur bois de la seconde moitié du XVIIème siècle. Œuvre acquise en 2006 par Hans-Adam II (Photo M.E.)

Pratique – « Les Collections du prince de Liechtenstein », Hôtel de Caumont, 3, rue Joseph Cabassol à Aix-en-Provence. Tél. 04 42 20 70 01. Ouvert tous les jours de 10 à 18 heures, nocturne le vendredi jusqu’à 20h30. Dernière entrée 30 minutes avant la fermeture. Tarif : 11 euros et 8,50 euros.
caumont-centredart.com

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