Economie – Algérie : les réserves fondent

Depuis le début de la baisse des prix du pétrole en juin 2014, les ressources du fonds de régulation des recettes (FRR) ont diminué d’un tiers, pour atteindre 3 444,3 milliards de dinars algériens (DA), soit $ 32,8 milliards. Les recettes d’exportations, assurées à 90% par les ventes d’hydrocarbures, serait de l’ordre de $ 34 milliards en 2015, inférieures de moitié à celles de 2014 ($68 milliards). Cette baisse résulte à la fois de la baisse du prix du pétrole (de $ 109,92 le baril au 1er semestre 2014 à seulement $ 58,23 le baril au 1er semestre de l’année en cours, soit une baisse de 47,02) et de la diminution des quantités exportées (moins 4,59 %, au 1er semestre de l’année en cours comparativement à la même période de l’année écoulée). Les recettes des exportations d’hydrocarbures ont atteint $ 18,10 milliards au 1er semestre 2015 contre $ 31,79 milliards pour la même période de l’année 2014, soit une baisse de 43,1%. Cette baisse s’ajoute celle de la fiscalité pétrolière perçue sur les compagnies opérant en Algérie.

En regard, l’Algérie importe pour quelque $ 70 milliards de biens et services. Au 1er semestre 2015 elles ont connu une légère baisse, passant de $ 30,134 milliards au premier semestre 2014 à $ 27,086 milliards pour la même période de 2015. La baisse des importations amorcée au cours du premier semestre 2015 a bénéficié, dans une certaine mesure, du bas niveau des prix des produits de base sur les marchés internationaux. Il en a résulté un déficit de la balance commerciale de 8,18 milliards de dollars contre un excédent de 2,31 milliards de dollars au titre du premier semestre 2014. Les réserves de change de l’Algérie se sont réduites de $ 34,242 milliards entre juin 2014 et juin 2015. C’est ce qu’a révélé le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, lors de la présentation des tendances financières et monétaires de l’Algérie au premier semestre 2015. Le déficit budgétaire pour 2015 serait de l’ordre de $ 25 milliards; il est donc finançable; ce qui pourrait ne pas être le cas de celui de 2016 si les prix du pétrole ne remontent pas de manière significative. Et à ce rythme là, le FRR devrait être épuisé en 2017. Le gouvernement doit donc agir, mais ses marges de manœuvre sont étroites, s’il veut préserver la relative paix sociale de ces dernières années, d’autant plus importante que son environnement extérieur est particulièrement instable.
La loi de finances complémentaire votée en juillet dernier n’a apporté que des réponses limitées : hausse de la taxe d’habitation, hausse des droits sur les importations de véhicules neufs… C’est donc avec la loi de Finances 2016 que les vraies mesures sont attendues. Même si le ministre délégué chargé du Budget et de la prospective, Hadji Baba Ammi, fait preuve d’optimisme. « Pour 2016 nous prévoyons une croissance de 4,6% du PIB qui sera tirée de toutes les branches mais surtout des hydrocarbures», a-t-il déclaré. la croissance attendue pour 2015 est de 3,76% contre 3,8% en 2013.
Plusieurs hypothèses sont évoquées. Des coupes budgétaires, mais dans quels domaines? Le ministre des finances, Abderrahmane Benkhalfa, a déjà précisé que «la réduction des dépenses budgétaires de l’État ne va pas toucher les salaires des travailleurs». Pas d’augmentation des prix des produits de première nécessité non plus, au nom de la préservation des acquis sociaux. Pas de remise en cause, non plus, de la gratuité des soins médicaux ni de révision du programme national de logement. La baisse des subventions et aides diverses, qui atteindraient 29% du PIB du pays et dont 40% concernent les produits énergétiques (électricité, carburants liquides et gaz naturel) est souvent évoquée ainsi que la hausse de la TVA, des droits de douane et la réduction du budget d’investissements. La Sonatrach qui génère à elle seule 30% du PIB du pays, «va mener, à terme, tous les projets d’investissements « d’intérêt national » dans les segments de l’exploration et de l’exploitation des gisements, le raffinage, la liquéfaction et le transport par canalisation», a affirmé récemment son PDG, Amine Mazouzi.
ENERGYMED

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