Ammin Youssouf reçu à la CCI Marseille-Provence: « L’Afrique, aujourd’hui, c’est croissance, entrepreneuriat, un potentiel immense de marchés »

Publié le 3 avril 2018 à  11h32 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h40

Ammin Youssouf reçu par Jean-Luc Chauvin à la CCI Marseille-Provence (Photo Robert Poulain)
Ammin Youssouf reçu par Jean-Luc Chauvin à la CCI Marseille-Provence (Photo Robert Poulain)
La CCI Marseille-Provence vient d’accueillir Ammin Youssouf, fondateur d’Afrobytes, plateforme de rencontre entre les start-up technologiques africaines et l’écosystème de l’innovation européen. [[Ammin Youssouf était déjà intervenu sur la métropole le 15 décembre 2017 dans le cadre de la présentation, par le ministre des Affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian, de la stratégie internationale de la France pour le numérique sur le site de thecamp à Aix-en-Provence.]] Occasion pour Jean-Luc Chauvin, le président de la CCIMP, de rappeler: «Nous sommes convaincus qu’Aix Marseille Provence, de par son positionnement géostratégique, la richesse de son métissage culturel et de son identité portuaire, à vocation à devenir le hub entre l’Europe et la Méditerranée ainsi que l’Afrique; mais aussi, de devenir le partenaire majeur pour les entreprises qui souhaitent se déployer en Afrique». Ammin Youssouf, met en exergue ce qui se joue en Afrique, souligne ce qui c’est produit en Chine: «Il y a trente ans ce pays comptait zéro licorne (start-up, valorisée à plus d’un milliard de dollars), aujourd’hui, 36% des licornes mondiales sont chinoises et, cette année, on a plus inventé en Chine qu’aux Etats-Unis. Alors personne ne peut dire ce qui va se produire dans deux ans en Afrique, ce qui est sûr c’est qu’il faut être présent, maintenant, sur ce continent».

«Il ne faut pas aller en Afrique par charité mais pour le business»

«Avec Afrobytes, poursuit-il, nous faisons se rencontrer à Paris la Tech industrie africaine en recherche de lisibilité, de financement et de partenaires avec le reste du monde en quête d’opportunités, de nouveaux marchés et de rendements». Et d’expliquer le choix de Paris: «Parce que c’est un enfer de voyager en Afrique et qu’il est plus facile pour tous, de venir à Paris. De plus, un investisseur qui ne connaît pas l’Afrique ne s’y rendra pas alors qu’il viendra à Paris. ainsi, nous positions la France comme porte d’entrée de l’Afrique». Il n’omet pas de signaler que le Nord et le Sud de l’Afrique verront passer la route de la Soie, «une opportunité à ne pas rater». Et de marteler: «Il ne faut pas aller en Afrique par charité mais pour le business. Et Marseille, aux portes de ce business, doit saisir l’opportunité, c’est une obligation. L’Afrique, aujourd’hui, ce n’est pas misère, corruption, c’est croissance, entrepreneuriat, un potentiel immense de marchés».

«La Méditerranée est un mur»

Ammin Youssouf n’ignore pas la question de l’immigration: «Je viens des Comores, je sais ce que c’est. La Méditerranée est un mur. Mais si on ne donne pas de raisons à quelqu’un de rester alors il ne restera pas. On a l’exemple d’une femme enceinte qui a traversé le désert à pied, réussi à embarqué sur un bateau avant de traverser une montagne à pied. Il importe donc de proposer autre chose que de s’exiler ou se barricader. C’est ce qui nous conduit à inviter à cocréer la prospérité de demain. A Marseille de prendre le leadership sur cette question.» Ammin Youssouf préconise: «Ouvrez les fenêtres, dites que le monde ne s’arrête pas aux portes de l’Afrique, inviter les jeunes à y faire des stages». Un intervenant, dans la salle, revient sur la question des migrants, donne l’exemple des Tunisiens qui arrivent sur les côtes italiennes: «42% d’entre eux ont des diplômes supérieurs, c’est énorme. C’est l’intelligence de ce pays qui part, que faire pour éviter ce drame». La réponse d’Ammin Youssouf fuse: «Du business, il n’y a pas d’autre alternative». Jean-Luc Chauvin revient sur la chance que représente pour Marseille le fait de bénéficier des jeunes des quartiers. «Tel sera vraiment le cas lorsque, en haut du CV, les jeunes écriront pour langue parlée par exemple: le svahili», considère Ammin Youssouf. Il en vient aux différences entre les systèmes anglo-saxons et francophones: «90% des fintech qui ont été levées en Afrique de l’Est étaient américaines ou anglaises. Dans la francophonie on investit sur les acteurs locaux. Nous partons certes avec du retard mais les pratiques sont plus saines». Enfin, il n’occulte pas la question de la corruption en Afrique: «Si vous allez voir la jeunesse, vous découvrirez que la corruption n’est pas son problème, elle veut juste faire du business et elle sait les portes auxquelles il faut frapper, celles à éviter». Jean-Luc Chauvin conclut cette rencontre : «Nous sommes convaincus et Ammin Youssouf nous en a donné une nouvelle fois la preuve, que l’Afrique, marché équivalent à celui de la Chine et de l’Inde réunies est notre marché naturel de demain et qu’il concerne aussi bien les grands groupes que les PME. Nous sommes également convaincus que l’aéroport international Marseille Provence doit ouvrir de nouvelles liaisons aériennes vers l’Afrique avec notamment des navettes quotidiennes vers Casablanca, hub aéroportuaire de l’Afrique, comme cela existe déjà avec Paris»
Michel CAIRE

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