Au Grand Théâtre de Provence : Capuçon virtuose, Weilerstein aérien et les Suisses au diapason

Publié le 16 novembre 2016 à  20h36 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h42

Au moment des saluts, Renaud Capuçon et Joshua Weilerstein devant les instrumentistes de l’Orchestre de Chambre de Lausanne (Photo M.E.)
Au moment des saluts, Renaud Capuçon et Joshua Weilerstein devant les instrumentistes de l’Orchestre de Chambre de Lausanne (Photo M.E.)

Il a un super son, cet Orchestre de chambre de Lausanne qui accompagnait Renaud Capuçon, mardi soir, au Grand Théâtre de Provence. De la couleur, de la souplesse, des cordes chaudes et riches, des vents solides et des cuivres affirmés et précis : il n’en fallait pas plus pour que Joshua Weilerstein, son directeur artistique, pas encore âgé de 30 ans, offre au public un concert des plus intéressants. S’il a la fougue de la jeunesse, le jeune chef a aussi le sens de la nuance, le respect de la précision et de la chose écrite. Aérienne, sa direction fait merveille pour servir Haydn et sa symphonie n°60 baptisée «le distrait». De la légèreté, donc, mais aussi des tutti allègres et entraînants. Renaud Capuçon entrait ensuite en scène comme soliste de la Sérénade d’après le Banquet de Platon, de Léonard Bernstein. Ce dialogue entre philosophes est une œuvre un peu déconcertante, construite de bric et de broc, en fait un fourre-tout orchestral peut-être destiné à la mise en valeur du soliste et de son instrument. Ici, on explore la quasi totalité des capacités du violon et l’extraordinaire musicien qu’est Renaud Capuçon le fait à merveille en osmose avec l’orchestre et son chef qui mettent en valeur le soliste. De la finesse et de la précision, il en faudra à Joshua Weilerstein et douze de ses musiciens pour donner «Ramifications» de Ligeti. Le chef a eu la bonne idée de prendre la parole avant l’interprétation pour donner une clé d’écoute importante au public : l’œuvre n’est pas narrative, il faut l’entendre comme la musique du pinceau de Monet qui installe un détail sur la toile. Les musiciens se font face, la moitié accordée un quart de ton au dessus des autres et cette musique s’installe tout en installant elle même une ambiance. C’est paisible, linéaire, sans aspérité… Suivait le souffle romantique de la symphonie n°3 de Schumann et son alternance de puissance et de douceur. Un interprétation élégante et très colorée des musiciens de la Confédération mettant en valeur le travail de construction de leur directeur musical. Un «bis» pour terminer, et ce ne fut pas le moindre des intérêts de ce concert. Avec un extrait de la musique de scène de Rosamunde de Schubert, Weilerstein a atteint, à notre sens, un sommet de beauté avec ses musiciens. Élégance, raffinement, émotion et bien d’autres choses encore, ont marqué cette interprétation dont nous nous souviendrons.
Michel EGEA

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