Au Grand Théâtre de Provence, Laurence Equilbey, Nicholas Angelich et Insula Orchestra retrouvent le son original des œuvres de Beethoven

Publié le 6 mars 2016 à  20h12 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h04

Laurence Equilbey et Nicholas Angelich au moment des saluts à l’issue de l’interprétation du concerto pour piano au Grand Théâtre de Provence (Photo M.E.)
Laurence Equilbey et Nicholas Angelich au moment des saluts à l’issue de l’interprétation du concerto pour piano au Grand Théâtre de Provence (Photo M.E.)

Laurence Equilbey a de la suite dans les idées ! Et une certaine dose de courage pour aborder les œuvres de Beethoven à la tête de son Insula Orchestra. L’accueil qui fut réservé samedi soir, au Grand Théâtre de Provence, à son programme «Beethoven Héroïque» comportant le concerto pour piano n°4 et la symphonie n°3 «Héroïque» ne peut que la conforter dans ses choix. Il faut oser la donner, cette symphonie, dans une configuration d’orchestre bien éloignée de la luxuriance instrumentale d’un philharmonique de Berlin faisant briller cuivres et cordes sous la direction d’Herbert von Karajan. Karajan, Bernstein et bien d’autres à la tête de phalanges importantes… Des références qui meublent nos mémoires de sons éclatants, puissants, étourdissants.
Laurence Equilbey a choisi de revenir aux origines. Dix premiers violons, neuf violons II, six altos, cinq violoncelles et quatre contrebasses, les bois par deux, trois cors, deux trompettes et timbales : une configuration «historique» qui s’est avérée être séduisante pour la première d’une série de six concerts donnés jusqu’au 13 mars prochain en France et en Suisse. Soliste du concerto pour piano n°4, Nicholas Angelich s’est retrouvé devant le clavier d’un imposant Pleyel du début du siècle dernier. Un instrument aux sonorités assez particulières, moins brillant qu’un piano moderne, mais avec beaucoup plus de rondeur et de chaleur pour mettre en avant le romantisme qui perle tout au long de cette partition ardue, certes, mais d’une extrême beauté. Nicholas Angelich est là en terrain de connaissance et s’accorde avec aisance à un ensemble orchestral qui a désormais trouvé un «son» quasi idéal sous la direction sensible de Laurence Equilbey. En quatre années de travail, la directrice musicale n’a pas eu de mal à imposer Insula Orchestra au sein des meilleures formations jouant sur instruments d’époque.
Ce son unique, ces couleurs, cette puissance maîtrisée ont fait merveille dans l’interprétation de la Symphonie n°3 de Beethoven avec, après une marche funèbre chargée d’émotion, deux derniers mouvements éblouissants de musicalité et emplis de sentiments. Aux cordes sensibles et précises, viennent se marier avec bonheur des vents d’une extrême qualité. Les bois ont des sonorités étonnantes avec une mention à la première flûte, très présente, solide et agréable. Un mot, aussi, pour les cors qui n’ont pas la partie facile et qui s’acquittent de leur tâche avec talent. Rien de clinquant ni de tape à l’œil dans cette interprétation, mais une belle structure, un charme indéniable et la mise en valeur de subtilités qui sont parfois écrasées par l’importance du volume orchestral.
Nul doute que ce programme « héroïque » sera salué comme il se doit dans les jours qui arrivent et, notamment, à Paris le 8 mars où il sera donné à guichets fermés à la Philharmonie.

Michel EGEA

Dans le cadre du partenariat entre France Télévisions et Insula orchestra, le concert du 8 mars 2016 à la Philharmonie de Paris sera diffusé en direct sur Culturebox.fr, puis disponible en replay pendant six mois. Rendez-vous le mardi 8 mars à 20h30 ! Retrouvez également le concert sur medici.tv.

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