Au Grand Théâtre de Provence : Mozart tout en finesse, Haydn magistral

Publié le 3 février 2017 à  19h34 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h51

Robin Ticciati et Maria João Pires aux saluts
Robin Ticciati et Maria João Pires aux saluts

Le grand Théâtre de Provence affichait complet, jeudi soir, pour accueillir Maria João Pires accompagnée du Scottish Chamber Orchestra placé sous la direction de son chef d’orchestre principal, Robin Ticciati. «Les Légendes», op. 59 de Dvořák qui ouvraient la soirée n’ont pas vraiment marqué les esprits. Cycle initialement composé pour piano à quatre mains, il aurait mieux fait de le rester, sans transcription pour orchestre n’étant pas d’un grand intérêt. Mais qu’importe puisque Maria João Pires entrait ensuite sur scène pour donner l’ultime concerto pour piano, le n°27, composé par Mozart. Entre le compositeur et la pianiste, l’histoire d’amour, débutée il y a quelques printemps, n’est pas prête de s’achever. Et dès que ses doigts effleurent l’ivoire, Maria João Pires entame un échange avec Wolfgang l’aimé du dieu de la musique. Pas de grands airs, chez la pianiste, pas d’effets superflus, de soupirs fiévreux, de port de tête arrogant; avec elle c’est simplicité et musicalité. La douceur et l’élégance de son jeu n’obèrent en rien la couleur et la puissance. Les notes jaillissent, fluides et séduisantes. La main droite est efficace et distille de superbes aigus veloutés, la main gauche est véloce et docile : du grand art pianistique, posé, presque zen, un voyage… Derrière elle, le Scottish se fait presque discret, cordes souples et colorées, vents tout de finesse sous la direction de Robin Ticciati très attentif, voire attentionné, pour sa soliste. Pour le bis, Maria João Pires et l’orchestre proposaient l’andante du concerto n°21 du même Mozart. Un «tube» que la pianiste avait choisi d’offrir avec un tempo un peu moins sirupeux que celui adopté par nombre d’interprètes. Mais au bout du compte beaucoup de plaisir et un grand succès pour cette immense (par le talent) musicienne qu’est Maria João Pires. Après l’entracte, c’est avec l’ultime symphonie, la n°104 dite «de Londres», de Joseph Haydn que se poursuivait la soirée. Une œuvre dirigée de mémoire par le maestro Ticciati, visiblement rompu à l’exercice. Une direction dynamique, parfois spectaculaire mais qui n’en demeure pas moins précise et sensible permettant à l’orchestre de mettre en valeur les qualités de la totalité de ses pupitres. Belles couleurs, précision, souplesse : des Écossais qui font briller «Londres», il fallait l’entendre pour le croire !
Michel EGEA

Articles similaires

Aller au contenu principal