Au Musée Granet d’Aix-en-Provence, Charles Camoin et ses amis fauves dans la lumière

Publié le 8 juillet 2016 à  13h35 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h28

L’une des toiles de Charles Camoin représentant le Vieux Port de Marseille et où l’influence de Cézanne est indéniable. (Photo M.E.)
L’une des toiles de Charles Camoin représentant le Vieux Port de Marseille et où l’influence de Cézanne est indéniable. (Photo M.E.)

Au musée Granet, l’expression «en prendre plein les mirettes» devient une réalité pour le visiteur de la superbe exposition «Camoin dans sa lumière» consacrée au peintre marseillais mais aussi à ses amis du «groupe des fauves», Cézanne, Manguin, Marquet et Matisse. Un parcours lumineux, de plus de 90 peintures et 40 dessins, aquarelles et pastels, où les couleurs du sud de la France, et plus particulièrement du sud-est, sont à l’honneur. Un parcours pour rencontrer Charles Camoin et l’accompagner depuis sa rencontre avec Paul Cézanne jusqu’à la fin de sa vie à Saint-Tropez. Dès la première salle, c’est l’amitié avec Matisse, Manguin et Marquet qui est évoquée avec quelques œuvres majeures. On appréciera la toile de Manguin «Devant la fenêtre, rue Boursault», le portrait d’Albert Marquet par Camoin et cette superbe toile, toujours de Camoin «Madame Matisse faisant de la tapisserie».
Suivent les rencontres avec Cézanne qui sont fréquentes et au cours desquelles Camoin fait approuver par le Maître d’Aix quelques-unes de ses œuvres, notamment les portraits de quelques prostituées des quartiers chauds de Marseille.
Charles Camoin aime les femmes, c’est indéniable. Et il les peint merveilleusement bien, sans retenue ; ainsi avec «La Saltimbanque au repos», nous ne sommes pas loin de «L’Origine du monde» de Courbet .
A apprécier, aussi, dans la troisième salle, une série de vues du port de Marseille d’où l’influence cézannienne n’est pas absente. Puis il y aura l’histoire d’amour avec Émilie Charmy, femme peintre. Le couple ira jusqu’en Corse où il peindra sur les mêmes motifs, quelques une des ces toiles «jumelles» étant exposées à Granet. En 1912, c’est la rupture avec Émilie Charmy et Camoin va lacérer et découper tous les tableaux qui se trouvent dans son atelier. Puis, il part au Maroc retrouver Matisse; une période sereine et féconde pour les deux peintres. A partir des années 1920, Charles Camoin partagera sa vie entre Saint-Tropez et Paris où il s’éteindra, dans son atelier, en 1965. Un parcours de vie à découvrir au sein de cette riche exposition dont le commissariat est assuré par Claudine Grammont, historienne de l’art, petite-fille de Charles Camoin et Bruno Ely, Directeur et Conservateur en chef du Musée Granet.
Michel EGEA

Trois questions à Claudine Grammont

Claudine Grammont, historienne de l’art et petite fille de Charles Camoin. (Photo M.E.)
Claudine Grammont, historienne de l’art et petite fille de Charles Camoin. (Photo M.E.)

S’il vous fallait qualifier votre grand père et son œuvre avec trois adjectifs, quels seraient-ils ?

Spontanéité, douceur et humilité. Spontanéité dans le geste, dans le travail au quotidien. Douceur dans les couleurs, dans la gamme de tons et dans la façon dont est appliquée la peinture. Humilité car il n’a jamais cherché à gagner de l’importance. Il n’a jamais cherché à être un génie de la peinture, se contentant d’être un bon peintre qui creuse son sillon.

Comment était-il en tant qu’homme ?
Il aimait la vie et il aimait vivre. Il avait une réelle affection pour la littérature et il lisait beaucoup. Parmi ses auteurs préférés on trouve Proust et Montaigne. Il aimait vivre des moments simples, des retrouvailles avec les copains ; il voulait être libre, ne pas posséder. C’était un grand gaillard séduisant et c’est vrai que jusqu’en 1920 et son mariage avec Charlotte Prost, il était ce qu’il est convenu d’appeler un homme à femmes.

Vivait-il de son art ?
Il vivait. Mais il a traversé de nombreuses périodes de galère lorsqu’il ne vendait pas. Matisse, lui, s’enrichissait et s’embourgeoisait. Camoin, non. J’ai visité son atelier à Saint-Tropez, c’était vraiment très sommaire. A Paris aussi ce n’était pas le luxe. Il louait l’atelier et je sais que ma mère y dormait par terre. Cependant il était généreux et s’occupait financièrement de sa famille, notamment de sa mère.
Propos recueillis par M.E.

Pratique. « Camoin dans sa lumière » au Musée Granet d’Aix-en-Provence, place Saint-Jean de Malte, jusqu’au 2 octobre. Du mardi au dimanche de
10 à 19 heures ; fermeture hebdomadaire le lundi. Entrée : 7 euros, tarif réduit : 5 euros, gratuit : – 18 ans, étudiants – 26 ans. Tél. 04 42 52 88 32 – museegranet-aixenprovence.fr

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