Billet : Une majorité de Français favorable à l’envoi de l’Armée à Marseille ou la pédagogie de l’échec en marche

C’est fait, après des mois de pilonnage médiatique, de visites ministérielles mensuelles et plus si affinité, un sondage (YouGov pour le Huffington Post) met en avant le fait qu’une majorité de Français serait favorable à l’envoi de militaires à Marseille. L’Autre a été ainsi créé, celui sur qui l’on peut déverser ses fantasmes, faire oublier les échecs du gouvernement, le mal vivre des Français. Ce pourrait être pire, il pourrait être Marseillais. Bien sûr, il y a des problèmes à Marseille, et cela fait des décennies que cela dure. Marseille est une ville pauvre, avec des quartiers qui souffrent. Et la nature ayant horreur du vide, lorsque l’économie est absente, c’est l’économie parallèle qui se met en place. Alors oui, il faut de la sécurité, il faut de la police, de la vidéosurveillance. Et, si l’État veut occulter ses responsabilités cela suffira. Mieux, l’échec sera au rendez-vous. La belle affaire, Marseille est devenue terre d’expérimentation. L’échec ici devient une réussite, l’occasion de communiquer, de faire passer la politique au second voire au troisième plan, après le sécuritaire, après la morale. Mieux, la ville commence à fédérer les Français.
Et puis, on peut se dire que la France a besoin de Marseille. Que, se priver de cette ville, cette région, c’est, sur un plan géopolitique comme économique se tirer une balle dans le pied, tant au niveau national qu’européen. Qu’il est alors urgent d’intervenir, non par générosité ou par on ne sait quel néocolonialisme, mais dans le cadre de l’aménagement du territoire. Mais à l’heure de la compétition des territoires, il en est qui doivent bien rire du propos sur Marseille. C’est autant d’entreprises qui ne risquent pas de choisir le territoire phocéen.
A contrario, encore une fois sans occulter les questions de sécurité, on peut se dire que, voilà quelques siècles, dans ce pays, on a inventé quelque chose de pas mal qui s’appelle la République. Et, alors, il s’agit de créer des services publics, du logement décent, de la mobilité, de l’emploi. Donner de la sécurité à des gens contraints de vivre dans l’insécurité sociale.
Mais envoyer l’Armée peut être plus simple. Alors poussons la logique à son terme, soyons efficace, cherchons de l’expertise. Bachar El Assad devrait pouvoir donner quelques conseils pertinents.
DestiMed

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