CCI Aix Marseille Provence : une vision et des actions pour hier, aujourd’hui, demain et après-demain

Publié le 30 avril 2020 à  9h39 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h16

«Soyons lucides, il y aura un avant et un après Covid-19. Nous l’avons tous constaté et vécu dans nos vies personnelles, familiales et professionnelles. Les conséquences brutales et massives du Covid-19 sur nos vies, bousculent tous les logiciels, des décideurs politiques aux acteurs économiques en passant par les salariés ou les consommateurs», avance Jean-Luc Chauvin, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille-Provence lors de la conférence de presse qu’il a tenu ce 29 mai pour faire le point sur l’action de la Chambre face à cette crise sans précédent.

Jean-Luc Chauvin (Capture d'écran  visio-conférence)
Jean-Luc Chauvin (Capture d’écran visio-conférence)

Jean-Luc Chauvin a rappelé que les équipes de la CCIAMP sont mobilisées depuis le début de la crise pour répondre à l’urgence de la situation. Au-delà de l’urgence, précise-t-il, les équipes travaillent aussi à «anticiper et accompagner la reprise» avec une CCI «utile» qui entend dans ce cadre favoriser l’achat local. La Chambre va, afin de soutenir tous les commerces de proximité de la Métropole Aix-Marseille-Provence, lancer les chèques-cadeaux «Treiz’local». Ils pourraient être utilisés par les entreprises et les collectivités pour récompenser leurs employés. Elle travaille, enfin, à préparer «le rebond», à permettre à ce territoire d’effectuer «un saut quantique». «Même si nos efforts doivent prioritairement se concentrer sur la reprise et l’accompagnement de nos entreprises tout au long des mois à venir, nous devons également remettre en perspective tous ces événements et tirer les enseignements de la situation que nous vivons», explique Jean-Luc Chauvin avant de souligner l’importance d’avoir une vision, d’œuvrer à la transformation de notre économie à plus long terme «pour nous interroger sur le territoire que nous voulons bâtir pour demain, de repérer les domaines dans lesquels nous pouvons faire des sauts quantiques et prendre une longueur d’avance». Précisant: «C’est notre rôle d’agence de développement économique métropolitaine». Et, dans ces domaines, un travail de fond a déjà été accompli, en partenariat notamment, au sein du collectif «Tous acteurs-Municipales 2020».

«Nous avons observé l’effet révélateur de cette crise, révélateur de nos failles et aussi de nos ressources»

«Localement, nous avons observé l’effet révélateur de cette crise, révélateur de nos failles et aussi de nos ressources, tant d’un point de vue macroéconomique que microéconomique, et même dans nos pratiques managériales», note Jean-Luc Chauvin qui rend, à ce propos, «hommage à l’inventivité et aux formidables gestes de solidarité qui se sont multipliés de la part des entreprises de notre territoire, en matière de production de gel, de fabrication de masques, de préparation de repas pour les soignants… C’est la force du collectif face à l’adversité». Il ne manque pas de lancer:«On entend trop souvent parler de Marseille en des termes peu élogieux. Montrons que notre ADN rebelle sait se montrer créatif et inspiré». Et l’ambition est là, tout comme les idées fortes avec la certitude que le jour, les jours d’après, se construisent maintenant.

«La Team CCIAMP fera entendre sa voix au nom des entreprises sur tous les leviers d’action susceptibles de produire des effets à moyen et long terme»

«La Team CCIAMP fera entendre sa voix au nom des entreprises sur tous les leviers d’action susceptibles de produire des effets à moyen et long terme», prévient-il avant d’insister sur une crise du Covid-19 qui a mis en évidence «une trop forte dépendance de nos entreprises et de nos économies à des chaînes d’approvisionnement lointaines, entraînant une perte de souveraineté technologique et industrielle». Il considère que les efforts devront se porter «sur quelques filières prioritaires, là où nous avons des atouts différenciants à mettre en avant». Ce qui, à ses yeux, «pose aussi un enjeu de développement et d’intégration de nos pôles de recherche et d’innovation au bénéfice de ces filières». Dans la continuité du travail réalisé dans le cadre de « Tous Acteurs », «la crise nous démontre que nous avons un potentiel d’avenir élevé au moins dans 3 domaines forts: la santé, le numérique et l’économie décarbonée»

Santé: «nous figurons parmi les grands pôles d’excellence reconnus en France et dans le monde»

Concernant la santé, une filière déjà structurée à l’échelle métropolitaine, il rappelle: «Nous figurons parmi les grands pôles d’excellence reconnus en France et dans le monde sur l’axe « rechercher » ; sans compter que c’est à Marseille que se trouve l’IHU Méditerranée Infection, qui a gagné en notoriété internationale grâce aux travaux conduits par l’équipe du Pr. Didier Raoult ou ceux du virologue Bruno Canard, directeur de recherche au CNRS, qui avait alerté sur les risques accrus de pandémie et l’importance de soutenir la recherche européenne en la matière». Très bien mais insuffisant pour le président de la CCI qui considère: «Puisque nous inventons ici les molécules, franchissons l’étape de la production de la molécule».

«Notre territoire a tous les atouts pour devenir un hub international de la data»

D’en venir au numérique: «Notre réseau de câbles sous-marins nous place dans le Top 10 mondial des plateformes d’échanges et de contenus, à la neuvième place exactement ; notre territoire a tous les atouts pour devenir un hub international de la data, mais il ne suffit pas de construire des Datacenters, il faut en tirer de la richesse et déployer une ingénierie de la donnée qui crée de la valeur ajoutée et des emplois». Et les atouts ne manquent pas, insiste-t-il: «Nous pouvons compter sur une communauté tech structurée (Aix-Marseille French Tech, des accélérateurs tels que thecamp ou appuyés par des grands groupes (Zebox, Obratori) ou encore des concours d’innovation pour challenger les startups et expérimenter des solutions innovantes (MedInnovant, Smart Port Challenge)». Puis, le président aborde le dossier de l’économie décarbonée : «Notre territoire possède des ressources naturelles (taux d’ensoleillement, gisement éolien, mer, etc.), des disponibilités foncières, des savoir-faire industriels historiques, des clusters, pôles de compétitivité, centre de recherche (CEA, AMU) et un tissu d’entreprises innovantes et performantes, des plus grandes (Air Liquide, Engie, GRT Gaz, …), et des petites… et aussi des projets innovants de dimension internationale (Iter). Aix-Marseille-Provence peut se convertir en un laboratoire à ciel ouvert de cette nouvelle économie décarbonée : Gardanne, Fos-sur-Mer, Frioul, l’espace maritime avec l’éolien offshore flottant… ». La CCIAMP n’en reste pas au constat, elle avance quelques pistes de travail concrètes : «Pour s’engager sur le long terme et arbitrer, nous avons besoin d’outils d’aide à la décision objectivés, qui mettent en évidence nos forces par rapport à la concurrence française et mondiale, et qui priorisent nos choix selon une logique de retour sur investissement : x euros investis produit x % de PIB». Dans ce cadre, à la demande de Provence-Promotion et de la Métropole, la CCIAMP va réaliser une étude. Jean-Luc Chauvin affiche sa volonté de voir ce territoire effectuer « des sauts quantiques », pour y parvenir: «Nous devons attirer ici les meilleurs : c’est le moment de lancer un concours international aux startuppers des cinq continents pour qu’ils s’installent sur notre territoire. Aix-Marseille-Provence pourrait ainsi se convertir en un laboratoire d’expérimentation « in vivo », pour tester, développer des solutions innovantes, créer des synergies économiques ou technologiques».

«Créer un fonds doté à minima de 100 millions d’euros»

Pour relocaliser des chaînes de production: «on pourrait par exemple créer un fonds doté à minima de 100 millions d’euros qui serait géré par une « cellule métropolitaine de relocalisation de l’industrie » chargée de prospecter, de séduire, de convaincre et de suivre les dossiers ; cette cellule aurait une vision 360° en matière de foncier, de financement, de formation, d’accueil… On pourrait d’intéresser de près aux entrepreneurs marseillais ou métropolitains qui fabriquent à l’étranger ? pourquoi ils y sont allés ? d’où ils viennent ? quelles sont aujourd’hui leurs attaches familiales ?». Mais avec quels partenaires monter cette opération? : «Publics et privés, préconise jean-Luc Chauvin, je pense à la métropole, à la région, d’autres collectivités mais aussi l’État et puis des investisseurs de long terme tels que la Caisse des Dépôts ou la BPI et des investisseurs privés locaux, régionaux…» «De toute façon, ajoute-t-il, sur toutes les pistes de travail je lance un appel solennel à l’ensemble de l’écosystème local à nous rejoindre. On aura besoin de tous : l’AMU, la Région, L’État… Seul le jeu collectif nous permettra de réussir. La CCIAMP peut apporter beaucoup : du foncier, de l’ingénierie, du sourcing, du coaching, de la formation… Nous avons du foncier et des locaux disponibles, que ce soit à Sainte-Victoire ou au Palais de la Bourse. Nous ne sommes pas les seuls : il y a aussi de la place à Sainte-Marguerite, pour la filière santé, ou à l’Arbois pour accueillir des entreprises du numérique. Pour cela, il faut transformer l’essai et passer d’un pôle d’excellence de recherche à un pôle d’excellence économique.»

«Si nos entreprises ne se relèvent pas, nous prenons le risque d’un crise sociale et sociétale majeure»

Cette étape n’est réalisable que si la reprise est anticipée, accompagnée. Là encore la CCIAMP ne manque pas d’idées. C’est d’autant plus important pour Jean-Luc Chauvin qu’il est persuadé que «si nos entreprises ne se relèvent pas, nous prenons le risque d’un crise sociale et sociétale majeure». Pour lui: «Dans cette période anxiogène pour tout le monde, dans cette période pendant laquelle les individus, les familles souffrent, l’entreprise a une rôle à jouer». Raison pour laquelle la cellule urgence Covid-19 est en train de muter en une cellule de continuité et de reprise économique pour préserver nos entreprises et nos emplois, afin de «préserver l’activité de nos entreprises et nos emplois; permettre aux salariés de réintégrer leurs entreprises et aux commerces de rouvrir dans des conditions sanitaires maximales car, le respect des gestes barrières restera la règle pour plusieurs mois encore; stimuler la consommation locale, par des dispositifs de mise en relation de nos entreprises avec des clients, aussi bien en BtoB qu’en BtoC; soutenir la reprise, par un choc de simplification notamment basé sur l’expérimentation». Plusieurs actions concrètes ont déjà été mise en ouvre. La CCIAMP assure la gestion technique d’un fonds d’aide aux entreprises de 50M€ mis en place par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, la Métropole Aix-Marseille-Provence, la Ville de Marseille «et nous-mêmes» et, précise-t-il: «D’autres communes volontaires de notre territoire sont également en train de nous rejoindre». 106 dossiers ont été déposés dont 13 sont d’ores et déjà validés, et recevront leur règlement dans les prochains jours. 650 dossiers sont en cours de constitution et 200 à 250 dossiers seront traités par jour. Les versements auront lieu chaque semaine.

Un appel aux dons en partenariat avec l’IHU et le BMPM, en faveur de la fondation IHU Méditerranée Infection

Pour permettre le retour des salariés dans les entreprises et aussi la réouverture des commerces la CCIAMP a lancé un appel aux dons en partenariat avec l’IHU Méditerranée infection et le Bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM), en faveur de la fondation IHU Méditerranée Infection pour accélérer le dépistage massif du Covid-19 sur les lieux de travail et auprès des salariés. Car, plus le dépistage sera massif, «plus vite nous sortirons de cette crise sanitaire et plus rapidement notre économie se relèvera. Nous ne pouvons pas prendre le risque d’un rebond de l’épidémie et d’un reconfinement». «Nous avons aussi déployé plusieurs initiatives pour faciliter la production de matériel de protection sanitaire et les rendre accessibles aux entreprises et établissements de santé», indique-t-il. Et de mettre en exergue, «dans le cadre de l’opération du collectif « Couturiers solidaires du Sud » lancée par Fask, la CCIAMP a mis à disposition le Palais de la Bourse pour la distribution de kits « prêts-à-coudre » et des produits finis aux hôpitaux». Un partenariat avec Cdiscount a également permis aux entreprises d’acheter des stocks de masques pour la reprise d’activité. La CCIAMP a de plus mis en relation des distributeurs et fabricants locaux de masques, de gels hydroalcooliques et autres dispositifs individuels et collectifs de protection, avec des entreprises clientes du territoire, à travers la plateforme « Métropolitain Business Act« .

«Une aide directe aux habitants pour consommer local»

«Pour stimuler la consommation locale, nous agissons dans plusieurs directions, reprend Jean-Luc Chauvin en présentant l’opération chèques et cartes cadeaux « Treiz’local », déployée à l’échelle de la Métropole, qui est une aide directe aux habitants pour consommer local. C’est une opération complémentaire des chèques vacances mis en place par la Région Sud en faveur de nos entreprises de tourisme». Le site internet dédié (treizlocal.com) proposera à partir du 4 mai un formulaire de demande d’affiliation pour les commerçants. Chaque commerce affilié pourra suivre l’activité des commandes et des chèques, et effectuer le suivi de ses remboursements. La CCIAMP met de plus en place un Métropolitain Business Act (MBA) solidaire. «Nous lançons cette opération dans le cadre de MBA, notre outil de mise en relation des entreprises locales. Cela consistera à subventionner l’adhésion au MBA jusqu’à janvier 2021 pour toutes les entreprises de notre territoire – Start-up, TPE/PME, ETI, grands comptes – qui travaillent en BtoB sur le département des Bouches-du Rhône.» Pour favoriser la reprise, assure Jean-Luc Chauvin : «Nous défendrons chaque fois que c’est utile et efficace, le droit à l’expérimentation et les mesures dérogatoires pour imaginer des procédures spécifiques permettant aux entreprises d’engranger des commandes: droit ouverture le dimanche, amplitudes horaires plus longues, dérogations … Sur ces différents sujets, comme je l’ai déjà fait, je ferai remonter des propositions au Préfet». Et, d’autres actions sont en préparation, en lien avec différents secteurs économiques.

«Nous étudions la création d’une foncière hôtelière»

Un focus est fait sur le tourisme et l’événementiel, totalement à l’arrêt : «On craint la défaillance de 40% des acteurs de la filière; l’heure est grave». Pour atténuer le choc, avance-t-il: «Nous étudions la création d’une foncière hôtelière composée d’acteurs publics et privés dont des investisseurs de long terme ; cette foncière pourrait racheter momentanément les murs d’entreprises hôtelières défaillantes et procéder à leur restructuration pour leur permettre d’être mieux armées face à l’avenir et de préserver leur activité : rénovation, numérisation, verdissement de l’activité … Concernant la filière événementielle, afin de préserver notre tissu d’entreprises locales qui sont nécessaires au redémarrage de l’activité, on pourrait envisager la création d’une structure dédiée, qui viendrait en soutien des sociétés d’événementiel en difficulté». Mais, pour en arriver là, il a d’abord fallu gérer l’urgence. Jean-Luc Chauvin rappelle que dès le 4 mars, la CCIAMP a mis en place la cellule d’urgence Covid-19 et à la demande de la Préfecture cette cellule est devenue le 16 mars le guichet unique pour toutes les entreprises des Bouches-du-Rhône, Pays d’Arles inclus. Cette cellule d’écoute, d’information, de conseil, d’aide au montage de dossiers ayant pour objectif de permettre aux entreprises d’activer sans tarder les dispositifs proposés par le gouvernement et aussi de recenser les questions ou les situations difficiles des chefs d’entreprises. Un action réalisée avec les experts-comptables, les commissaires aux comptes et les avocats. Une période intense où 6 500 demandes d’entreprises ont été traitées par les équipes de la CCIAMP avec 97% de dossiers résolus, et plus de 4 500 appels sortants ont été effectués. La direction de la CCIAMP et le secrétariat général de la Préfecture ont été en lien direct pour faire remonter des demandes et obtenir des réponses ciblées. La Chambre a aussi organisé une soixantaine de réunions en visioconférence avec les réseaux d‘entreprises : interprofessions, fédérations, groupements professionnels, associations de commerçants, associations de zones d’activités du territoire, «pour suivre l’évolution de la situation, repérer des dysfonctionnements et réagir très vite, par exemple sur les conditions d’éligibilité des entreprises aux différentes aides… ce qui a contribué à peser sur le gouvernement et faire bouger les lignes», précise Jean-Luc Chauvin qui parle également de décryptage en temps réel des mesures gouvernementales par les collaborateurs-experts de la Chambre «ce qui a permis de mettre en ligne une vingtaine de fiches pratiques à disposition des chefs d’entreprises, des commerçants, des professions libérales et entrepreneurs indépendants, pour expliquer les dispositifs et la manière de s’en saisir». Le président de la Chambre met également en exergue une autre initiative «qui a eu de l’impact», des enquêtes hebdomadaires sur l’état de l’économie, remontées aux parlementaires. Il insiste sur «une vraie présence» auprès des entreprises grâce à une information digitale renforcée via 8 webinaires, 10 Facebook Live, 510 publications sur les réseaux sociaux de la CCIAMP pour plus d’un million de vues et une page web dédiée « Urgence Entreprise Covid19 » consultée 22 270 fois.

«2 330 établissements sont géolocalisés sur Conso MAP’13»

Pour soutenir l’achat local, Jean-Luc Chauvin revient sur la mise en place en «temps record» dès le 20 mars, d’une carte interactive des commerces de proximité ouverts pendant la période de confinement. Un succès puisque 2 330 établissements sont géolocalisés sur Conso MAP’13 et 236 000 pages consultées. «Nous avons déployé cette plateforme sur 62 territoires de France métropolitaine et d’outremer, en lien avec les CCI ; au total, plus de 28 000 commerces sont inscrits et 1,4 millions de pages vues». Et, à 30 partenaires du monde économique, «nous avons sensibilisé à l’importance de jouer solidaires entre entreprises, entre donneurs d’ordres et fournisseurs, avec la campagne #jepaiemesfournisseurs, ainsi qu’un appel co-signé TOP20, UPE13, CCIAMP».
Michel CAIRE

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