Camp des Milles/Aix-en-Provence : Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation et 70e anniversaire de la libération des camps

Publié le 26 avril 2015 à  22h39 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h54

La Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation a été instituée afin de rappeler à tous le drame historique exceptionnel que fut la déportation durant la seconde guerre mondiale, et de rendre hommage à toutes les victimes, survivantes ou disparues dont le comportement fut souvent héroïque face à la volonté de briser leur dignité, de les déshumaniser, souvent de les assassiner.
Ces cérémonies ont pris une dimension particulière en ce 70e anniversaire de la libération des camps, marqué par un retour préoccupant des extrémismes et des racismes qui étaient déjà à l’origine des horreurs de la seconde guerre mondiale.

Dans le silence et le recueillement, Nina 11 ans égrène les noms et âges des enfants et adolescents déportés de ce principal camp de la région Sud-Est en août et septembre1942 (Photo D.R.)
Dans le silence et le recueillement, Nina 11 ans égrène les noms et âges des enfants et adolescents déportés de ce principal camp de la région Sud-Est en août et septembre1942 (Photo D.R.)

Au Camp des Milles, elles ont débuté par les dépôts de gerbe puis par la lecture des noms et âges des enfants et adolescents déportés de ce principal camp de la région Sud-Est en août et septembre 1942 vers Auschwitz où ils furent assassinés. Abraham, Myriam, Hans, Anna, Susy, Otto…
Dans le silence et le recueillement, Nina 11 ans égrène cette liste avec une voix fragile. Lentement… Pour simplement ne pas les oublier eux ainsi que leurs parents, soit plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs, partis de ce lieu vers la mort programmée. Des fleurs coupées sont alors déposées par des enfants de l’École Juive d’Aix-en-Provence en hommage à leurs semblables dont la vie fut brutalement interrompue. Puis «pour se rappeler que, face aux extrémismes et aux fanatismes il est possible d’agir au nom du vivre ensemble et des valeurs de justice, de tolérance et d’humanité», les noms des Justes ayant œuvré pour les internés du Camp des Milles sont lus par Bertrand Manen, fils du Pasteur Henri Manen et son épouse Alice, Justes des Nations, présents lors des déportations.
La parole est alors laissée aux déportés et victimes de la barbarie nazie, aux résistants et à leurs représentants. Denise Toros Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz, Jean-Louis Medvedowsky Président de l’Union des Déportés, Internés, Familles de Disparus et Fusillés de la Résistance Aixoise et Marie-Thérèse Claverie, Présidente Départementale de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance appellent au nécessaire devoir de se souvenir, à la vigilance face à la montée des extrêmes, à la détermination pour rejeter les discours et les comportements xénophobes, racistes et antisémites.
Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, évoque tout d’abord le centième anniversaire du génocide des Arméniens dont la souffrance collective est redoublée par la non-reconnaissance, puis les Chrétiens d’Orient et du Nigeria massacrés parce que chrétiens. Puis il rapporte l’émotion ressentie à Buchenwald le 12 avril dernier, anniversaire de sa libération, devant les quelques déportés survivants partagés entre la tristesse de voir monter à nouveau les extrémismes identitaires et le serment réitéré de lutter pour un monde meilleur. En écho fidèle à leur appel à poursuivre leur combat, Alain Chouraqui lit alors le serment de Mauthausen fait par les survivants le 16 mai 1945 et reprend la conclusion du serment de Buchenwald : «Notre idéal est la construction d’un monde nouveau dans la paix et la liberté»
Après les prises de paroles des élus, Serge Gouteyron, Sous-préfet d’Aix-en-Provence, représentant l’État affirme: «Il nous revient de résister à la tentation du repli, à la tentation du communautarisme, à la tentation de la facilité et du compromis. Et tout cela nous engage, dans nos dignités et fonctions, mais pas uniquement, à tous les échelons de la société. L’État, les enseignants, les chefs d’entreprises, les particuliers, nous devons être à la hauteur, plus que jamais.»
Cette commémoration s’est poursuivie par un autre temps de recueillement au Centre-ville d’Aix où un hommage particulier fut rendu place des Martyrs de la Résistance aux déportés et fusillés de la Résistance aixoise.
«Je ne veux pas que mon passé soit l’avenir de mes enfants et petit enfants», a martelé d’une voix vibrante un déporté lors de la cérémonie du 27 janvier dernier à Auschwitz. Il appartient à chacun d’entre nous aujourd’hui d’apprendre de l’expérience du pire que furent les génocides du XXe siècle. Le Site-mémorial du Camp des Milles, dans le seul camp français d’internement encore intact et accessible au public, entend y contribuer par le développement de ses actions de mémoire et d’éducation.
O.B.

Articles similaires

Aller au contenu principal