Camp des Milles : En hommage aux victimes du nazisme la musique s’est élevée, ce lundi 8 juillet, dans l’auditorium du site-mémorial

Dans le cadre d’un partenariat entre le Festival d’Aix-en-Provence et la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, la musique s’est élevée à nouveau ce 8 juillet dans l’auditorium du Site-Mémorial.
Le Quatuor Béla y a présenté un programme choisi spécialement en fonction du lieu qui l’accueille, avec trois grands compositeurs européens confrontés au régime nazi, Belá Bartók, György Ligeti et Erwin Schulhoff. Le premier parce qu’il s’exila aux USA pour refuser toute compromission avec ce régime ; le deuxième parce que sa famille fut déportée et exterminée. Quant à Erwin Schulhoff, compositeur pragois, il fut interné dans le camp de concentration de Wülzburg, où il mourut d’épuisement.
C’est avec beaucoup de sensibilité, de force et de virtuosité que ces œuvres ont été interprétées par ce quatuor d’une qualité exceptionnelle composé de Frédéric Aurier et Julien Dieudegard (violons), Julian Boutin (alto), et Luc Dedreuil (violoncelle). Spécialistes de ce répertoire, ils ont fait découvrir à une salle pleine cinq pièces pour quatuor d’Erwin Schulhoff. Ecrites en 1923, elles sont prémonitoires des angoisses et souffrances dont il sera victime. Ils ont aussi proposé le quatuor n° 3 de Belá Bartók ainsi que le quatuor n°1 dit « Métamorphoses nocturnes » de Gyorgy Ligeti. Moments émouvants, forts, d’une intensité particulière pour les interprètes comme pour le public lorsque l’on sait que de nombreux artistes et intellectuels ont été internés au Camp des Milles entre 1939 et 1942 et que certains d’entre eux, ont été déportés à Auschwitz parmi plus de 2000 hommes, femmes et enfants juifs. Ce concert est le 3e qui se tient dans l’auditorium du Site-Mémorial en partenariat avec le Festival d’Aix-en Provence. Il fait suite à la venue du London Symphony Orchestra le 17 mai dernier où les qualités musicales de ce brillant orchestre se sont combinées à l’engagement d’écoliers et de collégiens de la région pour permettre la composition et l’interprétation partagées de portraits musicaux de quatre personnages du Camp des Milles confrontés à la persécution. Puis ce furent quatre représentations de l’opéra pour chœur d’enfants « Brundibar » d’Hans Krasa (compositeur tchèque assassiné à Auschwitz) qui ont permis à de jeunes enfants d’Aix-en-Provence de s’approprier cette fable interprétée par d’autres enfants au camp de Térézin en septembre 1943 « Brundibar est vaincu ! /Le tyran est perdu !/On n’s’est pas laissé faire,/On a gagné la guerre !/Les enfants ont chanté, réunis, tous amis/Ils ont formé un chœur,/Pas un seul n’a eu peur,/Devant ce dictateur,/Pas un seul n’a eu peur ! » Mémoire et citoyenneté ont été au cœur du travail musical de ces jeunes fortement inspirés par leur visite du Camp des Milles et par son histoire. Au Camp des Milles, les voix des enfants, le chant et la musique ont pris le relais des mots qui ne suffisent plus parfois, surtout lorsque l’on pense à la centaine d’enfants déportés du camp des Milles ; le plus jeune avait un an….
Dans la programmation culturelle du Site-Mémorial, ces premiers concerts interviennent après un premier Forum annuel « Femmes debout, Femmes en résistances », le 8 mars 2013, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Ils seront suivis par un cycle de trois expositions réunies sous l’intitulé « Créer pour résister ». Car l’activité artistique est ici la marque d’une résistance à l’abaissement, délibérée ou non, parfois explicite, qui fait son chemin entre les couloirs du camp. Ce cycle s’ouvre dès ce 13 juillet par une exposition sur le parcours du peintre allemand Ferdinand Springer. Cet ensemble d’événements culturels répond à l’objectif du Site-Mémorial de compléter son approche mémorielle et scientifique par une expression artistique de qualité qui aide à percevoir la réalité sensible de l’histoire de l’internement et de la déportation, mais aussi les mécanismes humains fondamentaux qui peuvent mener au pire ou au contraire permettre de résister. Dans ce sens, le partenariat avec le Festival d’Aix-en-Provence est un point d’appui privilégié pour rendre hommage à la mémoire des internés des Milles comme à toutes les victimes du régime nazi.

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