Camp des milles: Cérémonie régionale de commémoration de la journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah

Publié le 27 janvier 2019 à  21h46 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h47

Une journée pour se souvenir. Pour rappeler les noms de la centaine d’enfants et d’adolescents déportés du Camp des Milles. Comme les noms des Justes qui agirent en faveur des internés du camp. Devant deux cents personnes, réunies malgré le froid glacial, dont de nombreux jeunes, parlementaires, Consuls, et diverses personnalités comme le 1er Président de la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, le Gouverneur Militaire de Marseille, le Président du Consistoire de France… Mais c’est aussi une journée pour réfléchir…

Cérémonie régionale de commémoration de la journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah (Photo CdM)
Cérémonie régionale de commémoration de la journée internationale en mémoire des victimes de la Shoah (Photo CdM)
À l’heure où 21% des Français entre 18 et 24 ans, et 10 % de l’ensemble des Français, disent ne pas connaître l’histoire de la Shoah, la journée internationale en mémoire des victimes de l’Holocauste, dont la cérémonie régionale eut lieu ce dimanche 27 janvier jour au Camp des Milles, devient plus que jamais un temps d’éducation et de transmission. Pour permettre à chacun, à partir des leçons de l’Histoire, de résister face à «la bête immonde» de l’antisémitisme et du racisme qui a, aujourd’hui encore, « le ventre fécond…» Tel fut le message transmis dans les différentes prises de paroles, notamment celle de Serge Gouteyron, représentant le Préfet de Région qui, après un hommage appuyé à Denise Toros-Marter, déportée à 16 ans à Auschwitz, rappela la particularité de cette journée pour un représentant de l’État. «C’est un temps pour parler vrai. Parler juste. Parler avec le cœur… Nous devons résister à cette tentation mortifère qui a conduit pendant 100 ans des peuples entiers à s’affronter, au prix de centaines de millions de morts. Nous devons résister. Comme Sidney Chouraqui, comme Louis Monguilan, comme Denise Toros-Marter, comme les Justes, pour défendre nos valeurs, notre devise républicaine.» Des paroles qui appuient le propos d’Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles- Mémoire et Éducation. « À nouveau l’antisémitisme, le racisme et les extrémismes resurgissent puissamment. Je suis interpellé par la relecture de notre Petit manuel de survie démocratique. Le décryptage des 3 étapes qui mènent au pire, sur la base de l’analyse des plus grandes tragédies humaines, nous indique que nous en sommes déjà à la deuxième, ainsi caractérisée : « Pertes de repères, institutions attaquées et ébranlées, rejet des élites, crises hors de contrôle, désordres, agressions, pouvoirs impuissants »… A quoi serviraient des commémorations si ce n’est pour dire « Halte au feu ! « . Pour rappeler cette ombre terrible qui plane et qui planera toujours sur notre humanité. La Shoah. Mais au cœur de laquelle, les Justes, par leurs actions, ont été des petites lumières. (…) Je voudrais dire à chacun le rôle essentiel que nous avons à jouer aujourd’hui parce que l’Histoire hésite.Les engrenages qui mènent au pire sont enclenchés. Il est grand temps que les résistances se lèvent vite et fort.» Le constat de Bruno Benjamin, Président du CRIF Marseille-Provence en est le reflet… «Je suis inquiet… Mais nous ne resterons pas spectateurs, bras croisés, yeux mi-clos, devant cette époque où les dangers se mêlent aux peurs et à la haine, et nous n’en serons pas non plus acteurs sauf par l’appel à la paix, qui sera notre seul combat ! Pour nous aider à ne pas le perdre, notre arme sera toujours la Mémoire (… ) La nécessité de Mémoire n’est pas de réparer le passé en l’évoquant, mais d’imposer un présent vertueux et de préparer le futur, en l’invoquant et en exposant à son éclairage, les conséquences de nos actes, de nos paroles et de nos pensées.» Ce travail de mémoire, Denise Toros-Marter le fait inlassablement depuis plus de 30 ans, afin «que nul ne doute, nul de n’oublie et que nul ne nie.» Son Testament d’Auschwitz qui l’accompagne depuis toutes ces années, et qu’elle lut durant la cérémonie, sonne plus que jamais comme un appel à la vigilance. «Puissent les jeunes qui visitent le Camp des Milles, faire preuve de vigilance, dans les années et pour les siècles à venir, et ne pas oublier la tolérance vis-à-vis des autres. Pour faire barrage à la haine et rappeler le souvenir des hommes, des femmes et des enfants qui ont séjourné dans ce camp de départ pour l’enfer et l’anéantissement. Puisse le flambeau de la mémoire collective que nous vous transmettons, avant d’arriver au bout de notre voyage, vous protéger à tout jamais d’un nouvel Auschwitz.» Le «parler juste» conclut également le discours du Sous-préfet : « Il nous revient d’être dignes du legs des résistants. Dignes des sacrifices de ceux d’Auschwitz-Birkenau et de bien d’autres. Dignes, comme l’écrivait Guy Môquet, avant de partir devant le peloton d’exécution: « Vous tous qui restez, soyez dignes de nous ».» Nul doute que cette commémoration fut plus que jamais ancrée dans le présent.

Deux ouvrages références pour nourrir la réflexion sur le sujet :
> «Petit manuel de survie démocratique » (coll. Fondation du Camp des Milles, 40p) Pour le télécharger : campdesmilles.org.
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> « Pour résister… à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme» Prix Seligmann contre le racisme, l’intolérance et l’injustice.

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