Canet et Cotillard dansent un « Rock’n Roll » cinématographique déjanté et délirant

Publié le 18 janvier 2017 à  16h53 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h48

Guillaume Canet qui est venu présenter au cinéma Le Cézanne d’Aix-en-Provence  son film « Rock’n Roll » en avant première (Photo A. Lagrange)
Guillaume Canet qui est venu présenter au cinéma Le Cézanne d’Aix-en-Provence son film « Rock’n Roll » en avant première (Photo A. Lagrange)
(Photo A.Lagrange)
(Photo A.Lagrange)

Guillaume Canet qui est venu présenter au cinéma Le Cézanne d’Aix-en-Provence son film « Rock’n Roll » en avant première, a lancé en conclusion de la soirée : «Si le film ne vous a pas plu n’en parlez pas. S’il vous a plu dites-le. Mais surtout ne dévoilez-pas le coup de théâtre qui ouvre la deuxième partie du film. Je vous le demande expressément ». Si dans son ancien long métrage «Blood Ties» (son meilleur à mes yeux) l’acteur-cinéaste arpentait les terres narratives de Sam Peckinpah et Jerry Schatzberg, cinéastes américains d’exception, c’est plutôt du côté de «Grosse fatigue» de Michel Blanc que Guillaume Canet nous entraîne avec cette comédie déjantée, interprétée avec un brin de folie, dans laquelle Marion Cotillard qui partage l’affiche avec lui est tout à fait épatante. Le pitch en est simple : Guillaume Canet, 43 ans, est épanoui dans sa vie, il a tout pour être heureux. Sur un tournage, une jolie comédienne de 20 ans va le stopper net dans son élan, en lui apprenant qu’il n’est pas très «Rock», qu’il ne l’a d’ailleurs jamais vraiment été, et pour l’achever, qu’il a beaucoup chuté dans la «liste» des acteurs que l’on aimerait bien se taper… Sa vie de famille avec Marion, son fils, sa maison de campagne, ses chevaux, lui donnent une image ringarde et plus vraiment sexy… Guillaume a compris qu’il y a urgence à tout changer. Et il va aller loin, très loin, sous le regard médusé et impuissant de son entourage. Cela commence donc par un pétage de plomb et l’on assiste hilares à la lente descente aux portes de la folie d’un Guillaume Canet qui, on l’a compris, nous gratifie ici de son propre rôle. Un faux-vrai Canet donc qui a construit son film à la suite d’un vrai coup de colère à l’encontre d’une jeune journaliste brossant de lui lors d’un interview un portrait qui ne correspondait pas du tout à la réalité. Et cette phrase lâchée comme un reproche : «C’est l’image que vous renvoyez aux gens». Énervement, découragement, une certaine forme de colère, Guillaume Canet s’emballe et pour reprendre la main, remonte à cheval (au sens propre du terme) et écrit ce film avec ses complices Philippe Lefebvre et Rodolphe Luga. Et d’aller jusqu’au bout de sa démarche en ne se ménageant guère, offrant un film délirant, où il y a quelques moments hilarants. Notamment quand Marion Cotillard parle québécois pour préparer un film avec Xavier Dolan, et surtout lors d’un clash avec les frères Attal qui comme Gilles Lellouche ou Kev Adams interprètent leurs propres rôles avec bien sûr une invention dans les situations exposées. Scène d’anthologie où Yvan Attal et Alain Attal (producteur du film) pètent les plombs, et dont on reste pliés en deux de rire durant un bon moment.
Et puis il y a la musique de Yodelice, copain de Cottilard et Canet (celle-ci a même chanté avec lui sur la scène du Pasino d’Aix en prenant soin de ne pas être reconnue) qui porte les images à leur paroxysme. D’ailleurs l’aspect Rock du film est évident et on trouve même des chanteurs tels que Jean-Louis Aubert et Johnny Hallyday ainsi que le compositeur Yarol Poupaud, frère de l’acteur Melvil Poupaud et qui lui écrivit des musiques sur son album «Un simple appareil». Cela donne en effet la pêche, et c’est une des réussites du long métrage.

Beaucoup trop long

Du très long métrage devrait-on dire, tant il est évident que malgré un jeu assez fin des comédiens et beaucoup d’inventivité, «Rock’n Roll » traîne en longueur (2h05 pour ne dire que ça) et on trouve par moments que le récit aurait gagné au resserrement. Mais plus embêtant à mes yeux. Je trouve que l’interminable dernière partie plombe l’ensemble, et j’avoue que je n’ai guère goûté à ce fameux coup de théâtre dont on parlait au début, tout comme je n’ai pas adhéré à tout ce qui s’ensuit, estimant que c’est du grand n’importe quoi, pas vraiment drôle. Reste un film agréable et qui traitant du problème de l’image parle avec légèreté de choses finalement assez graves. Mais tout ceci est assez inégal et parfois excessif sans être inventif.
Jean-Rémi BARLAND

Sortie le 15 février

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