Ce 8 mars, les femmes ont investi le théâtre de la Criée à Marseille

Publié le 9 mars 2013 à  6h00 - Dernière mise à  jour le 10 août 2023 à  10h30

Aujourd’hui bien plus qu’hier et bien moins que demain

Table ronde au petit théâtre sur le thème
Table ronde au petit théâtre sur le thème
Nora Preciosi, adjointe au maire, déléguée à l'Action familiale et au Droit de la femme PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Nora Preciosi, adjointe au maire, déléguée à l’Action familiale et au Droit de la femme PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Macha Makeïeff , metteur en scène et directrice de la Criée
Macha Makeïeff , metteur en scène et directrice de la Criée
Claire Gibault, Chef d'orchestre et Corinne Vezzoni, architecte PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Claire Gibault, Chef d’orchestre et Corinne Vezzoni, architecte PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Catherine Sentis, administratrice générale du Mucem entourée pas Astrid Veillon, comédienne et auteure et Anne Loubet Photographe. PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Catherine Sentis, administratrice générale du Mucem entourée pas Astrid Veillon, comédienne et auteure et Anne Loubet Photographe. PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Martine Derain, éditrice et artiste PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Martine Derain, éditrice et artiste PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Gaëlle Solal guitariste PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Gaëlle Solal guitariste PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Véronique Mavros et Alain Benazza de Good Times PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Véronique Mavros et Alain Benazza de Good Times PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Performance en direct PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Performance en direct PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Performance en direct PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Performance en direct PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Et un éléphant ... PHOTO PHILIPPE MAILLÉ
Et un éléphant … PHOTO PHILIPPE MAILLÉ

Organisée dans le cadre de Marseille Provence 2013, par la Division Femmes et Familles du Service des Droits de la Personne de la Ville de Marseille avec La Criée comme terre d’accueil, cette journée de la Femme a été dignement célébrée. Tous les ingrédients ont été réunis pour mettre en lumière les femmes du monde de l’art et de la culture au travers de moments de partage, de rencontres, d’échanges.
Débat, projections de films, expositions de photos, musique, danses, performances artistiques, stand d’informations… ont offert au public un panel haut de gamme.
Au sein du petit Théâtre, Nora Preziosi, adjointe au maire, déléguée à l’Action familiale et aux Droits de la femme et Macha Makeïeff, metteur en scène, directrice de La Criée, ont ouvert les festivités.
L’élue, après avoir constaté une bien trop faible présence masculine dans l’assemblée, deux hommes pour préciser, souligne que le 8 mars, journée internationale de lutte des femmes, pour l’égalité des droits permet de rappeler la place des femmes dans la société et « rendre hommage à tous ces combats menés contre toutes les discriminations infligées aux femmes dans le monde ». Elle illustre, in fine, ses propos par un extrait d’ Une femme est l’amour de Gérard de Nerval. « Une femme est l’amour, la gloire et l’espérance ; Aux enfants qu’elle guide, à l’homme consolé. Elle élève le cœur et calme la souffrance ».
Macha Makeïeff pour sa part rappelle qu’être « artiste et femme est une double mission, quelque chose de puissant ». Elle établit un parallèle avec Ali Baba, création qu’elle porte de la mise en scène, aux décors, aux costumes… et qui sera présentée, dans le cadre de MP2013, au Théâtre de la Criée du 13 au 29 mars. Ali Baba, sorti tout droit de l’imagination de Shéhérazade au 8e siècle. Des histoires qu’elle raconte « pour faire reculer la menace de mort qui plane sur elle. Le sultan tuant ses femmes pour les empêcher d’être libre, de transgresser. » Un exemple qui montre que « nous pouvons inventer la vie. L’invention artistique de notre propre existence au fur et à mesure de notre émancipation. »
Place est donnée à la parole, celle de femmes qui comptent, qui transforment, qui tracent des routes de plus en plus larges pour les générations à venir. Rien n’est plus difficile mais la passion et la volonté semblent être au cœur des avancées et… des réussites.

Claire Gibault est chef d’orchestre « un vrai boulot d’homme », lui lancera-t-on. Elle explique que « dans la musique les rôles ne sont pas distribués comme au théâtre, la danse, etc. ce qui est défavorable aux femmes dans la corporéité du métier. » Elle rappelle que les symboles attachés au chef d’orchestre sont forts : baguettes, queue-de-pie, autorité. « Et je me demande comment à 17 ans, j’ai voulu être chef d’orchestre ». Face aux difficultés rencontrées pour s’imposer, elle indique : « J’ai choisi plutôt que d’attendre que l’on me choisisse. J’aime la pédagogie et je me suis donner les moyens. » Forte de son expérience à l’international, elle a dirigé, entre autres, à Covent Garden à Londres, l’opéra de Washington, elle a créé le Paris Mozart Orchestra et mis en place une Charte de parité au sein de son orchestre « pour lutter contre toutes les formes de discriminations notamment pour les postes de solistes ». Expliquant que ce poste, normalement, est attribué à l’aveugle, avec un paravent, sauf en France. Ce qui défavorise souvent les femmes. Claire Gibault a également instauré une égalité de salaires musiciens et chefs. Et, précise-t-elle : « Je rembourse le baby-sitting aux femmes. »

Catherine Sentis est administratrice générale du Mucem à l’instar de Claire Gibault, son parcours est riche. Son dernier poste, elle l’a exercé au centre Pompidou comme directrice de la production culturelle, elle avait également en charge la mise en œuvre de la programmation d’expositions en France et à l’étranger. « La femme a une place spécifique dans la culture des musées, des postes d’assistante de production, de chargée de production, des postes qui anticipent et coordonnent. Les hommes eux sont plus dans l’affirmation de soi, commissaire, etc. Il n’y a pas de répartition équitable.On ne laisse pas le choix aux femmes » Elle met en exergue les difficultés que rencontrent les femmes pour accéder aux ateliers techniques. lorsqu’elles y accèdent « Elles sont en but à des intimidations et partent ».

Nathalie Negro est pianiste et directrice artistique de Pianoandco, une structure de production centrée sur la musique contemporaine. Elle avoue ne pas avoir été confrontée à ce genre de problème en tant que pianiste puisque qu’il s’agit « d’un instrument qui est à la fois féminin et masculin ». En revanche, elle raconte qu’une musicienne qui pratiquait le Cor « avait dû passer une radio du thorax pour prouver qu’elle avait autant de souffle qu’un homme. » Elle aborde ensuite la question des compositrices, pour exemple elle cite un festival qui était sur Paris et qui sera sur Aix-en-Provence cette année. Le programme est orienté sur des compositeurs de la Méditerranée. « sur 28 compositeurs, on ne comptait qu’une seule femme… qui a été annulée par la suite. »

Isabelle Rolet est peintre en décor du patrimoine et enseignante à l’école d’Avignon en histoire de l’art : architecture et décors, peinture à la chaux, technique de la fresque, techniques picturales anciennes. Elle souligne que dés qu’il s ‘agit de questions techniques liées à la construction du bâtit ancien, « je dois enseigner à une majorité d’hommes, des architectes, des artisans, etc. qui ont un à priori négatif. J’évite d’entrer dans un processus de prouver et je vais directement au cœur du sujet. Assez rapidement, cet aspect négatif s’évapore. Il ne faut pas entrer dans un rapport de force. Il faut s’accrocher, car en tant que femme on n’a pas droit à l’erreur .» Elle a constaté, par ailleurs, qu’au niveau des fresque monumentales « les meilleures réalisations ont été celles qui ont fait appel à la mixité, chacun ayant apporté ses qualités.».

Astrid Veillon, actrice et auteure
Elle évoque ses débuts de « fille pas trop mal » à qui on attribuait des rôles de potiche. « Puis j’ai été une femme jolie et libre et quand cela ne me plaisait pas je partais et on me houspillait » mais à contrario, indique-t-elle, « un homme qui part, lui est respecté ». De par son actualité, elle tient à signaler que le milieu des metteurs en scène est sexiste. Elle est presque dans la provocation « Aujourd’hui en tant que femme je réalise un film avec uniquement des actrices. » Et dans le même temps elle explique : « Un certain féminisme me fait peur, notamment lorsque les femmes se transforment en homme. On peut mener des combats tout en restant des femmes. »

Martine Derain est éditrice et artiste. Après avoir longuement expliqué ses actions en tant qu’artiste, elle souligne : « Je viens d’un milieu populaire et je pense qu’il y a aussi un conflit de classe entre les femmes. »

Gaëlle Solal est une virtuose de la guitare. « La guitare est un instrument d’homme, classique, flamenca, la tradition veut que la transmission se fasse de père en fils. J’ai passé 10 ans en Espagne, les femmes c’est la danse mais la guitare est pour les hommes. » De par son talent, elle a su s’imposer mais elle a constaté que « beaucoup de filles étudient la guitare au conservatoire mais nombre d’entre-elles s’arrêtent ». Elle regrette pour sa carrière de ne « pas avoir eu de modèle de femmes guitaristes en solo sur scène ».

Corinne Vezzoni est architecte. Elle signale que depuis 50 ans « la profession a évolué et surtout ces dernières années grâce aux concours d’architectes pour des projets publics, ce qui a d’ailleurs permis d’obtenir une meilleure qualité du tissu urbain. Ainsi soumis à un concours, on choisit le meilleur programme sur dossier des équipes. Ainsi, maintenant, même si c’est difficile, l’anonymat permet de nous exprimer. » En revanche, alors que les écoles d’archi accueillent de nombreuses femmes, elle regrette qu’on ne les retrouve pas après dans la profession. « Elles sont installées dans des agences d’archi mais rarement dans leur propre cabinet. »

Patricia MAILLE-CAIRE

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