Chambre des Notaires des Bouches-du-RhĂŽne – Immobilier : les acheteurs ont le vent en poupe

Publié le 21 janvier 2020 à  12h25 - DerniÚre mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Selon l’étude annuelle rĂ©alisĂ©e par les notaires des Bouches-du-RhĂŽne Ă  partir des donnĂ©es de leur base Perval, c’est le moment rĂȘvĂ© pour acquĂ©rir un bien immobilier dans le dĂ©partement. Un climat qui pourrait perdurer au premier semestre 2020 Ă  la faveur de taux d’intĂ©rĂȘt toujours historiquement bas.

A gauche Me Renaud Pinatel a présenté les derniers chiffres de l'immobilier (Photo S.P.)
A gauche Me Renaud Pinatel a prĂ©sentĂ© les derniers chiffres de l’immobilier (Photo S.P.)
C’est le moment. «Le niveau des taux d’intĂ©rĂȘt, historiquement au plus bas, confĂšre aux acquĂ©reurs un pouvoir d’achat record», a lancĂ© Me Renaud Pinatel, prĂ©sident de la Chambre dĂ©partementale des notaires des Bouches-du-RhĂŽne, Ă  l’occasion de son dernier point de conjoncture. Ainsi, Ă  l’aune de cette Ă©tude annuelle, rĂ©alisĂ©e via la base Perval (laquelle recense l’ensemble des actes immobiliers rĂ©alisĂ©s dans le dĂ©partement), il n’y va pas par quatre chemins. Car le prĂ©sident des notaires va jusqu’à Ă©voquer un «climat de rĂȘve» pour les acquĂ©reurs. Et ce contexte, favorable s’il en est, «va se poursuivre au moins jusqu’à la fin du premier semestre 2020, la volontĂ© de la Banque centrale europĂ©enne Ă©tant de ne pas remonter ces taux jusqu’à cette date». Ce qui explique un tel enthousiasme ? Le dĂ©partement des Bouches-du-RhĂŽne touche tout d’abord les dividendes du courant porteur dont bĂ©nĂ©ficie actuellement la province. «Pendant que les prix continuent Ă  s’emballer Ă  Paris et dans la rĂ©gion parisienne, les acheteurs se prĂ©cipitent sur les grandes villes de province et font grimper les prix», analyse Renaud Pinatel. Un phĂ©nomĂšne que l’on observe dans les Bouches-du-RhĂŽne, nuancĂ© cependant de quelques spĂ©cificitĂ©s locales. « Marseille et Aix-en-Provence, qui avaient vu leur cote grimper ces derniĂšres annĂ©es, restent dynamiques mais n’enregistrent en 2019 que des variations modĂ©rĂ©es , relĂšve le prĂ©sident de la Chambre dĂ©partementale des notaires. Au final, les prix plafonnent ainsi dans la citĂ© phocĂ©enne et baissent mĂȘme lĂ©gĂšrement dans la citĂ© du Roy RenĂ©, ce qui, couplĂ© aux taux d’intĂ©rĂȘt bas, placerait les acheteurs en position de force. Une analyse qu’il convient toutefois de tempĂ©rer au regard des prix Ă©levĂ©s, notamment dans le neuf oĂč le prix mĂ©dian du mĂštre carrĂ© s’élĂšve Ă  4 050 euros. DĂšs lors, mĂȘme si un acheteur sur quatre est un trentenaire, l’acquisition d’un bien immobilier demeure encore majoritairement la chasse gardĂ©e des cadres supĂ©rieurs et des professions intermĂ©diaires. Le marchĂ© immobilier du dĂ©partement profite Ă©galement du tropisme du Sud. Il attire en effet des primo-accĂ©dants venus d’autres rĂ©gions, et mĂȘme de la capitale. «Lorsque vous avez la possibilitĂ© d’acquĂ©rir un appartement au soleil avec un prix moyen de 2 300 euros le mĂštre carrĂ© Ă  trois heures de TGV de Paris oĂč les produits Ă  moins de 10 000 euros sont introuvables, beaucoup prĂ©fĂšrent continuer Ă  louer leur rĂ©sidence principale et acquĂ©rir un bien immobilier dans notre belle rĂ©gion», dĂ©crypte Renaud Pinatel.

Une fracture Nord-Sud qui se creuse

A Marseille, les prix et les volumes des transactions sont restĂ©s relativement stables dans l’ancien entre 2018 et 2019. L’augmentation du prix mĂ©dian au mĂštre carrĂ© atteint ainsi 1,1 % pour les appartements et 1,6 % pour les maisons. «Comme en 2018, le prix mĂ©dian pour un appartement se situe autour de 2 330 euros le mĂštre carré», prĂ©cise Me StĂ©phanie Viguier. Et pour une maison ancienne, il faut compter en moyenne 315 000 euros dans la citĂ© phocĂ©enne. Mais, «cette moyenne lisse en rĂ©alitĂ© des Ă©carts de prix considĂ©rables selon les quartiers», souligne la notaire. D’autant que cette fracture «ne cesse de se creuser entre des quartiers rĂ©sidentiels, plutĂŽt au sud de la ville, et ceux manifestement dĂ©favorisĂ©s et qui se paupĂ©risent, plutĂŽt au nord».
Ainsi, le curseur descend jusqu’à un prix mĂ©dian au mĂštre carrĂ© de 1 270 euros Ă  la Belle de Mai dans le 3e arrondissement, 1 190 euros en moyenne Ă  Bon Secours dans le 14e arrondissement, et mĂȘme 1 080 euros Ă  Saint-Antoine dans le 15e arrondissement. A l’autre bout du spectre, c’est Ă  Endoume dans le 7e arrondissement que la moyenne des prix est la plus Ă©levĂ©e (3 940 euros le mĂštre carrĂ©), un chiffre qui progresse de 5 %. «Le 7e arrondissement enregistre une hausse de 7,5 %, et l’on retrouve cette tendance Ă  la hausse dans tous les quartiers : Bompard, Endoume, le Pharo, Saint-Lambert et Saint-Victor, oĂč l’on oscille entre 3 010 euros et 3 940 euros le mĂštre carré», dĂ©taille StĂ©phanie Viguier. Ces trĂšs fortes disparitĂ©s de prix sont Ă©galement observables au sein d’un mĂȘme arrondissement, comme par exemple le 2e oĂč le prix mĂ©dian au mĂštre carrĂ© peut varier de 1 000 euros «selon les quartiers, et mĂȘme selon la rue».

Des prix parisiens Ă  Aix-en-Provence

Du cĂŽtĂ© d’Aix-en-Provence, la citĂ© du Roy RenĂ© confirme sa rĂ©putation de «21e arrondissement de Paris » tant les prix pratiquĂ©s sont parfois comparables Ă  ceux de la capitale. Ainsi, dans le «pur centre-ville», le prix mĂ©dian au mĂštre carrĂ© s’affiche Ă  5 000 euros. Un secteur dont l’attractivitĂ© repose sur diffĂ©rents facteurs, comme le souligne Me BenoĂźt Vacher. Il capte tout d’abord une forte demande Ă©tudiante pour les locations, si bien que «les investisseurs prennent peu de risques en achetant sur Aix». Les taux d’intĂ©rĂȘt historiquement bas incitent quant Ă  eux «les primo-accĂ©dants les plus jeunes Ă  se lancer». Enfin, le secteur bĂ©nĂ©ficie de la «surenchĂšre entre institutionnels qui visent des immeubles entiers avec les rez-de-chaussĂ©e». Les familles optent pour leur part pour la couronne urbaine oĂč elles dĂ©nichent des biens plus spacieux. Cette forte demande maintient un niveau de prix moyen Ă©levĂ©, «à peine infĂ©rieur aux 5 000 euros du centre-ville pur ». Une uniformitĂ© des prix qui n’est en revanche plus la rĂšgle lorsque l’on se penche sur le sud et le nord de la ville. C’est particuliĂšrement vrai sur le crĂ©neau des maisons anciennes : lĂ  oĂč le sud enregistre une hausse de 3 %, le nord connaĂźt une baisse de mĂȘme ampleur. Enfin, on observe un manque de mandats. Une rarĂ©faction de l’offre qui profite aux villes pĂ©riphĂ©riques. Parmi elles, Venelles et Éguilles «ont vu leur marchĂ© exploser ces derniĂšres annĂ©es», relĂšve BenoĂźt Vacher. Le prix des maisons connaĂźt ainsi une forte hausse de 8 % Ă  Éguilles, alors que Venelles «tire son Ă©pingle du jeu sur les appartements ».
Carole PAYRAU

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