Chronique cinéma d’Eric Delbecque – « Les Gardiens de la galaxie » : une belle esquisse de la planète Terre !

Publié le 21 mai 2017 à  11h46 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Le deuxième opus des Gardiens de la Galaxie fonctionne diablement bien ! Loin de traîner en longueur et de constituer la suite laborieuse d’un premier tome réussi, il transporte les amateurs dans une intrigue de science-fiction divertissante, néanmoins truffée de clins d’œil pour les cinéphiles et les amateurs de l’univers Marvel.

p1copie-28.jpgPar ailleurs, il jette quelques graines de réflexion séduisantes sur notre époque en évitant tout esprit de lourdeur. L’ensemble baigne dans l’humour et une certaine tendresse. La scène d’ouverture donne immédiatement le ton avec une bataille homérique menée par Star-Lord (Peter Quill), Gamora, Drax le destructeur et Rocket, contre un monstre singulièrement agressif. Leur but est de protéger des batteries stratégiques appartenant au peuple des Souverains, lesquels promirent en échange de livrer Nabula (la fille de Thanos et sœur de Gamora) aux Gardiens de la Galaxie. Mais Rocket ne peut s’empêcher de dérober lesdites batteries, provoquant la colère des Souverains, qui envoient leur flotte à leur poursuite.

Traqués, ils s’écrasent sur la planète Berhert et ne doivent leur salut qu’au père de Peter Quill : Ego. Ce dernier invite son fils, Gamora et Drax sur le monde qui lui sert de quartier général. Rocket et « bébé » Groot demeurent sur Berhert pour réparer le vaisseau et surveiller Nebula. C’est le moment que choisissent Yondu Udonta et ses Ravageurs pour capturer Rocket et Groot, rapidement trahis par la sœur de Gamora.

Toutefois, une mutinerie éclate au sein des Ravageurs. Yondu se retrouve prisonnier de ses hommes et s’allie aux deux Gardiens pour reprendre le contrôle de son bâtiment spatial, désormais contrôlé par Taserface, un membre de son équipage qui a pris la tête des mutins. Pendant ce temps, Ego révèle à Star-Lord qu’il est un «être céleste», c’est-à-dire une sorte de dieu. Il est en fait une émanation de la planète sur laquelle il vit.

A l’origine, il fut une forme d’intelligence supérieure, une conscience sans corps qui forgea une carapace de matière stellaire autour de son essence, de sa « substance » cérébrale. Au bout du compte, on peut le définir comme une « planète vivante ». Le corps qu’il utilise n’est qu’un véhicule pour voyager dans l’univers et ensemencer des mondes avec des extensions de lui-même qui finiront par détruire toute altérité et ne laisser subsister qu’une seule réalité matérielle et spirituelle : lui-même ! Au passage, il engendre des enfants avec des femmes originaires des planètes qu’il visite, ceci afin de créer un héritier disposant de son essence d’être céleste.
p2copie-22.jpgCar, il a besoin d’énergie complémentaire pour achever son projet. Seul Peter a manifesté sa nature céleste : tous les autres « enfants » d’Ego ne lui ayant pas donné satisfaction, il les a éliminé et laissé pourrir dans ses propres profondeurs…

Ego finit par expliquer à son fils qu’il a lui-même implanté à Meredith, la mère de Star-Lord, la tumeur qui l’emporta, afin que l’amour de celle-ci ne le détourne pas de son rêve de dément mégalomane. Ivre de colère, Peter se révolte contre son père et le met à mort après un combat titanesque qui consume totalement son pouvoir céleste. Alors qu’il va mourir dans l’effondrement d’Ego, il est sauvé par Yondu qui se sacrifie pour lui permettre de vivre. Star-Lord prend alors conscience que Yondu s’est comporté avec lui comme un père, et qu’il ne l’avait pas livré à Ego car il savait le sort que ce dernier réservait à ses rejetons…

Servi par une BO qui sent bon les années 70 et 80, extrêmement adaptée au film, les aventures psychédéliques des Gardiens font mouche. On entre sans problème dans ce space opera rock. De surcroît, les allusions philosophiques ne manquent pas. « Ego » rappelle bien sûr l’individu contemporain, narcissique, obsédé par lui-même et indifférent aux autres, nageant névrotiquement dans des phantasmes de toute-puissance. Quant aux Souverains, ils illustrent la fausse variété de notre siècle, leur nombre ne cachant qu’une forme et une mentalité unique, arrogante, cynique, infantile, colérique, soupe au lait et cruelle. Doté d’une peau d’or, ils cultivent une esthétique et une étiquette pompière dans une cour royale ne tolérant pas le moindre écart de conduite pour les étrangers, sous peine de mort. Un film à voir absolument pour dériver joyeusement hors de notre planète…

Eric DELBECQUE est Président de ACSE– Il est l’auteur de : Les super-héros pour les nuls (First)
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