Chronique d’un nouvel élu par le Pr. Hagay Sobol : Commémoration du 18 juin 1940 à Marseille « mais où sont les démocrates ? »

Publié le 20 juin 2014 à  13h22 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h54

J’ai assisté pour la première fois en tant qu’élu à la commémoration de l’appel du 18 juin du Général de Gaulle pour une « France libre » refusant la capitulation et la «collaboration» avec l’occupant nazi après la terrible défaite de 1940. Une émotion toute particulière m’a étreint à la lecture du discours historique de celui qui allait depuis Londres incarner l’Alternative face au funeste régime de Vichy. Je pensais à mes oncles qui ont rejoint la 2e DB du Maréchal Leclerc et qui ont ainsi contribué à libérer notre pays.

Commémoration du 18 juin sur la place du Général-de-Gaulle à Marseille (Photo H.S.)
Commémoration du 18 juin sur la place du Général-de-Gaulle à Marseille (Photo H.S.)

« Un même découragement touche aujourd’hui la France »

Bien que la situation actuelle soit différente, un même découragement touche aujourd’hui la France. Du fait de la crise économique mondiale, de l’insécurité grandissante et de la défiance envers la classe politique suite aux affaires à répétition, les Français ont perdu l’espoir. En réaction, nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à déserter les rendez-vous républicains que sont les élections ou pour d’autres à se laisser tenter par l’expérience des extrêmes.
Nous étions malheureusement fort peu nombreux. Pourtant être présent à ces commémorations n’est pas seulement une question de respect envers le sacrifice de nos aînés. C’est un moment charnière, un passage de relai intergénérationnel où l’on reçoit en héritage le témoignage de ceux qui ont eu le courage d’agir contre l’adversité et de nous donner ainsi un avenir.

«Il est urgent de redonner de l’espoir aux français»

Aujourd’hui, il est urgent de redonner de l’espoir aux Français et de rétablir la confiance en ceux qui nous dirigent, les élus. Pour cela, il ne faut pas attendre une solution miracle ou un homme providentiel, l’époque n’est pas à cela. C’est un travail collectif et chacun y a sa part.
Tout d’abord, et disons le tout haut, la montée du FN n’est pas inéluctable et il n’est pas devenu le premier parti de France. Comme dirait Jean de La Fontaine, il est « devenu plus fort du fait de la faiblesse» des partis de gouvernement et de leurs divisons. Le discours qui justifie aux yeux de certains les scissions est inaudible et condamné par les électeurs. Les résultats aux derniers scrutins sont édifiants. Retrouvons-nous, chacun dans notre camp, autour d’idées qui rassemblent pour faire de la politique autrement plus à l’écoute des autres et non pour « nous-même » comme me l’ont dit souvent les électeurs lors des Municipales. Les Français veulent des actes et non des promesses ou des discours.
« Il faut que les membres de la société civile s’engagent »

Mais il serait trop facile de ne faire porter la responsabilité qu’aux seuls politiques. Ces derniers ont bien été élus démocratiquement ou alors à force de « voter contre » on finit par obtenir l’inverse de ce que l’on veut vraiment. Aussi, le temps est venu de l’action citoyenne. Pour que les choses changent vraiment, il faut s’engager, chacun à son niveau et collectivement car il n’y aura pas de salut à titre individuel mais uniquement si notre pays tout entier se redresse. Il faut que les membres de la société civile s’engagent en politique et qu’en retour on leur laisse jouer un vrai rôle, non comme faire-valoir, mais comme acteur à part entière de la vie publique. Mettons nos compétences dans nos domaines respectifs au service du bien commun et faisons entendre notre voix.

Le malaise en voyant parader le FN

Enfin, je dois avouer pour être totalement transparent que j’ai ressenti également un profond malaise durant cette cérémonie en voyant parader avec force de séances photos les élus Frontistes. Pourtant, dans les années 40, l’extrême droite n’était pas fan des idées républicaines et du Général De Gaule, ni majoritaire dans la résistance à Londres ou sur le terrain. Comment pourrait-il en être autrement aujourd’hui ? Heureusement, Jean-Marie Le Pen vient fort à propos rappeler sur quel terreau son parti s’est constitué et continue à se fertiliser : les idées d’intolérance, d’exclusion et de haine. Mais ce n’est pas lui qui est le plus dangereux mais ceux qui avancent masqués tout en gardant le même logiciel idéologique. Ils vont se servir de ce dernier dérapage pour se refaire une virginité en condamnant celui qui les a nourris, tout en poursuivant les mêmes buts.

Articles similaires

Aller au contenu principal