Cinéma – « L’école buissonnière » : l’hymne de paix de Nicolas Vanier

Publié le 4 octobre 2017 à  18h29 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h39

C'est en avant-première à Aix-en-Provence que Nicolas Vanier a présenté son film
C’est en avant-première à Aix-en-Provence que Nicolas Vanier a présenté son film
l-ecole-buissonniere.jpgOn songe à Maurice Genevoix, bien sûr. Celui de «Raboliot » qui mettait en scène un braconnier de Sologne, auteur aussi de «La dernière harde», où chasseurs et cerfs se répondaient dans un roman-poème de toute beauté. On pense également par l’intermédiaire de Totoche, vieux roublard chasseur illégal de lapins et de poissons, (François Cluzet), poursuivi par Borel (Eric Elmosnino) qui tente de faire respecter la loi de la chasse sur le domaine du Comte de La Fresnaye (François Berléand), à l’affrontement d’un autre braconnier, Marceau cette fois incarné par Jules Carette et du garde-chasse Edouard Schumacher, inoubliables personnages de «La règle du jeu» de Jean Renoir. On songe également au Michel Simon du film «Le vieil homme et l’enfant» dans la manière dont Totoche initie aux principes fondamentaux de la liberté le petit Paul, (exceptionnel Jean Scandel) confié à sa sortie de l’orphelinat, à Célestine (Valérie Karsenti), l’épouse de Borel. Bien sûr, l’histoire rappelle par sa manière d’évoquer l’adoption en y associant de lourds secrets de famille quelques éléments narratifs de «Sébastien parmi les hommes» (le Sébastien de « Belle et Sébastien » de Cécile Aubry), petit héros auquel le réalisateur et écrivain Nicolas Vanier s’était déjà intéressé dans un précédent film. Le tout mâtiné d’un zeste du roman de Georges Montforez «Les enfants du marais» (l’aspect nationaliste en moins) adapté au cinéma par Jean Becker. C’est tout cela «L’école buissonnière» qui sortira sur les écrans le 11 octobre alors que le roman éponyme du même Nicolas Vannier est déjà sorti en librairie. C’est tout cela et plus encore. Hymne panthéiste, ode aux grands espaces, chant d’amour à l’entraide des hommes de bonne volonté, réflexion sur la violence faite aux animaux, description, exemples à l’appui, de la lutte des classes, défense illustrée de l’idée de partage et de la transmission des valeurs… On sort de «L’école buissonnière» conquis, et heureux. Bouleversé aussi. Aux larmes parfois, tant la beauté des images, la perfection du son, les cadrages inventifs sur le grand cerf poursuivi tout au long du film, (des scènes fortes dans la lignée du film «The Deer Hunter» «Voyage au bout de l’enfer» de Cimino), nous interpellent et nous secouent. Sans pathos, Nicolas Vanier et son co-scénariste Jérôme Tonnerre nous promènent en peintres de la nature et des sentiments (magnifique travail sur la lumière) dans cette terre solognote chère à Jean-Claude Deret, le réalisateur de «Thierry La Fronde» (père de l’actrice Zabou Breitman), qui s’illustra dans la dernière partie de sa vie en faisant jouer avec enthousiasme, générosité et disponibilité ses pièces à une troupe amateure de Saint-Gervais-La-Forêt, localité située à côté de Blois et Chambord. Très musical le film, où l’on croirait entendre parfois au détour d’un plan les notes d’une chanson de Jacques Bertin, chantre et poète du fleuve la Loire, brille par son rythme, son enchaînement de scènes de foule ou plus intimistes tenues par des acteurs d’exception. Outre ceux déjà cités, saluons la performance de François Berléand, en comte de La Fesnaye, détenteur d’un lourd secret ainsi que possesseur des clefs de l’affaire de succession nourrissant la dernière partie de ce long métrage à la force émotionnelle rare. Et, bien entendu, c’est comme toujours chez Nicolas Vanier un saisissant hommage à la beauté et au courage des femmes. Vous avez dit moment de cinéma incomparable ? Assurément ! On persiste et on signe.
Jean-Rémi BARLAND

Nicolas Vanier : «L’école buissonnière» – XO éditions – 409 pages – 19,90 € – Sortie du film sur les écrans le 11 octobre

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