Club Ethic Eco des experts-comptables : Quand éthique et Culture se nourrissent…

Publié le 25 avril 2018 à  0h19 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

C’est la culture qui était au cœur du déjeuner du Club Ethic qui s’est déroulé au théâtre Nono, à Marseille en présence d’Elsa Charbit, rédactrice en chef de Radio JM et journaliste littéraire, Patrick Coulomb, journaliste littéraire, La Provence, Serge Noyelle, le directeur du Théâtre Nono et Sabrina Roubache, productrice de cinéma et élue consulaire.

C'est la culture qui était au cœur du déjeuner du Club Ethic qui s'est déroulé au théâtre Nono, à Marseille (Photo D.R.)
C’est la culture qui était au cœur du déjeuner du Club Ethic qui s’est déroulé au théâtre Nono, à Marseille (Photo D.R.)
Le club Ethic Eco -initiative lancée en 2016 par Mohamed Laqhila, alors président du Conseil régional de l’Ordre des Experts Comptables (Croec) Marseille-Provence- entend «sortir du cadre» en réunissant chaque mois des personnalités associatives, politiques, religieuses, des mondes de l’entreprise ou des médias, afin de former «le cercle des points de vues» sur des sujets qui interpellent. Lionel Canesi -qui a succédé à Mohamed Laqhila à la tête du Croec- considère : «L’éthique est un élément essentiel d’une politique culturelle. Pourquoi, comment et jusqu’où organiser l’accès aux politiques culturelle et artistique. Comment gérer les tentations des politiques de contrôler les masses à travers la culture ». Patrick Coulomb précisera à ce propos: «Il faut bien mesurer que les temps changent et que ce qui était éthique hier ne l’est plus aujourd’hui». Tandis que pour Elsa Charbit: «Éthique et culture se nourrissent». Sabrina Roubache parle de son métier: «Un producteur est celui qui repère les idées, prend tous les risques financiers et, après va vendre. Et je suis bien consciente que nous avons une vraie responsabilité sur le contenu qui va être proposé». Elle explique avoir refusé des projets, pour des raisons éthiques et se battre pour d’autres. «Je me trouve avec un projet écrit par Dan Franck sur Varian Fry, ce journaliste américain qui, depuis Marseille, a sauvé entre 2 000 et 4 000 Juifs et militants antinazis en les aidant à fuir l’Europe et le régime de Vichy. Et bien c’est en Corée du Sud que j’ai trouvé la coproduction de ce projet. Il ne faut jamais renoncer.»

«Le mot culture est orphelin si on lui retire les mots art et peuple»

Serge Noyelle élargit le propos: «Le mot culture est orphelin si on lui retire les mots art et peuple». Il fait le lien entre culture et démocratie tout en notant: «Je rentre de Russie, ils connaissent nos auteurs, notre théâtre, nos poètes. Et, plus le régime est dur, plus il y a du monde dans les théâtres». Il évoque, dans un autre cadre, Lily Pastré, qui, pendant les années sombres de la seconde guerre mondiale accueille dans sa maison marseillaise, artistes, notamment juifs et opposants au nazisme, offrant le couvert, le gite et organisant des soirées artistiques. Serge Noyelle en vient alors à la création: «Elle est toujours dérangeante. Beckett est l’auteur le plus joué au monde, pourtant 80 éditeurs avaient refusé de l’éditer. Et, aujourd’hui, aucun n’accepterait. On trouvait que Shakespeare était nul et que n’a-t-on entendu sur Verlaine. Puis tout s’inverse et personne aujourd’hui n’oserait attaquer Beckett, Shakespeare…». Elsa Charbit note que plusieurs prix littéraires, en France, saluent des ouvrages qui associent questionnement éthique et dimension esthétique. Puis de s’interroger sur Céline, la réédition de ses pamphlets antisémites étant à l’étude, accompagnée de textes pédagogiques. Serge Noyelle s’insurge: «Il m’est insupportable de penser qu’il y aurait urgence à publier les textes antisémites de Céline. Il y a des lois dans ce pays. La liberté est un enjeu mais tout n’est pas possible et ne peut être revendiqué». En revanche, il se félicite de voir «de grandes expositions fréquentées par un très nombreux publics. Il y a un désir de mémoire, d’aller vers les artistes en France. Aux Etats-Unis les jeunes disent non aux armes. Les tags, le slam, la façon d’aimer… il y a un romantisme de la jeunesse. Il y a toujours de l’espoir lorsque le printemps revient même si l’angoisse du racisme est toujours là, alors que, j’en suis persuadé, dans 2 ou 3 siècles on se demandera comment l’humanité a pu être raciste». Elsa Charbit est moins optimiste: «Je rentre de Pologne, je n’ai pas vu un africain, un maghrébin, un asiatique… Je suis inquiète et j’espère vraiment que la France va faire avancer l’Europe dans le bon sens, je ne suis pas sûre que le racisme soit derrière nous». Sabrina Roubache en revient à l’espoir, sur un plan social: «Je travaille avec les Apprentis d’Auteuil, qui se mobilise pour l’insertion sociale et professionnelle des jeunes afin de leur proposer des métiers autres que ceux qu’on leur propose traditionnellement. Et je dois dire que je suis bouleversée par leur capacité à créer. De même, je mène des actions auprès des jeunes de Félix Pyat, le quartier le plus pauvre d’Europe. Dans les deux cas les métiers de l’audiovisuel permettent d’amener vers le côté clair de la force une jeunesse qui ne demande que cela ». Pour Serge Noyelle : «La France est le pays le plus démocratique au monde. Regardons la richesse de nos institutions, de nos politiques et regardons le monde. Je rentre d’Italie où les artistes sont étranglés. Après, il faut bien que quelque chose ne fonctionne pas. Dans notre pays c’est le jacobinisme qui est l’injustice la plus totale».
Michel CAIRE

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