Club Ethic Eco des Experts-Comptables : Zola, tu twittes ou tu facebookes?

Publié le 10 décembre 2016 à  21h32 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h45

C’est un sentiment de vertige que le déjeuner du club « Ethic Eco » sur éthique et journalisme a procuré. Il faut dire que, dans un raccourci tout aussi saisissant qu’angoissant il est parti du « J’accuse » de Zola pour en arriver à la loi des logarithmes de Google. Un débat qui réunissait Bruno Le Dref, Journaliste, Délégué Régional France 3 Provence Alpes, Lauren Malka, Conseillère littéraire TF1, auteur de « Les Journalistes se slashent pour mourir» aux Éditions Robert Laffont (2016), Jean-François Eyraud, Go’Met, Laurent Sabbah, enseignant en communication, intervenant BFM, auteur de «La communication expliquée à mon patron», Éditions Johnson & Brownson Publishing, (2016).

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Le déjeuner du club
Le déjeuner du club

Mohamed Laqhila, président du Conseil Régional de l’Ordre des Experts Comptables Marseille Paca évoque donc le « J’accuse » de Zola, cite un texte du même auteur, dans le Figaro en 1888, l’auteur des « Rougon-Macquart » écrit: «Mon inquiétude unique, devant le journalisme actuel, c’est l’état de surexcitation nerveuse dans lequel il tient la Nation.» Et c’est bien de cela dont il est question avec Lauren Malka selon laquelle «on a toujours reproché un flou artistique aux journalistes» en vient «aux logarithmes de Google qui fixent dans le marbre la rapidité de l’information». Elle se fera tout au long du débat l’avocate de l’ubérisation de la presse. Bruno Le Dref en revient pour sa part à la question de l’éthique: «Elle est fondamentale et elle est toujours présente. Elle consiste à dire la vérité sachant que la vérité avec un grand V n’existe pas, pas plus que l’objectivité, nous sommes des humains, donc subjectifs et nous donnons la vision de l’endroit où nous sommes». Avant d’expliquer: «Le journaliste c’est une carte de presse et il suffit, pour l’obtenir, de travailler dans un média d’information et d’y percevoir plus de 50% de ses revenus». Et d’insister: «il n’y a pas de diplôme de journaliste». Concernant Internet, il considère que «cela n’a en rien changé la question éthique, il faut toujours dire la vérité, c’est tout, même s’il faut la dire plus rapidement. Mais, la radio allait déjà plus vite que l’écrit et la télévision a accéléré le phénomène». Et d’inviter à se méfier d’Internet:« il y a bien sûr des pure players qui ont des informations mais c’est aussi le lieu de toutes les rumeurs»
Laurent Sabbah juge toutefois que «l’accélération fausse le jeu de l’information et de la communication sachant que la masse d’informations augmente également». D’autant, considère-t-il, «que les entreprises connaissent mieux les médias que ces derniers ne connaissent les entreprises». Rappelant que les patrons de presse sont aujourd’hui, dans de nombreux cas, des capitaines d’industrie. Bruno Le Dref reprend: «Nous sommes abreuvés d’informations et, sur le plan politique, nous sommes confrontés en France à des communicants qui brouillent le message. Et lors de la dernière présidentielle, nous n’avons pas pu faire d’images des meetings». Lauren Malka avance: «Des personnes deviennent des médias». Affirmant même «twitter est un lieu de rumeurs mais c’est aussi un lieu où l’on trouve plus de vérités que dans les journaux. Et twitter est aujourd’hui un fil d’infos plus important que l’AFP».Un intervenant de lancer: «La presse c’est sérieux, autrement elle serait tous les jours devant les Tribunaux». Jean-François Eyraud insiste sur le fait qu’Internet ouvre de grandes possibilités et que «l’explosion des données ouvre des champs considérables». Jean Da Luz, Tourmag, insiste pour sa part sur la mauvaise situation économique de la presse qui peut conduire à des dérives journalistiques, notamment des grands titres de la presse nationale, avec le développement «de la publication d’articles de marques». Laurent Sabbah confirme: «La paupérisation du métier de journaliste pose un problème dans son lien avec le monde de l’entreprise». A ce point du débat, Mohamed Laqhila parle d’un acteur peu évoqué, le consommateur de médias. «Lorsque nous achetons des tomates nous faisons attention à leur condition de production, leur qualité, nous devons être des consommateurs-acteurs en matière de média. Et il importe aussi de rappeler que, pour être un esprit critique, le rôle de l’éducation est fondamental. L’enjeu médiatique est donc bien plus large que les seuls médias, il implique une responsabilité individuelle et collective».
Michel CAIRE

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