Communauté urbaine Marseille Provence Métropole : le PDU adopté contre vents et marées

Publié le 29 juin 2013 à  1h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h42

La droite et une partie de la gauche marseillaise ont mêlé leurs voix ce vendredi pour s’opposer au Plan de Déplacements Urbains (PDU) de la communauté urbaine. Alors que l’issue du vote semblait très incertaine, Eugène Caselli (PS) a refusé de retirer le rapport comme le lui suggérait Patrick Mennucci (PS). Et le président de Marseille Provence Métropole (MPM) a pu compter sur le soutien des conseillers communautaires, de tous bords, élus dans les 17 autres communes du territoire de la communauté urbaine.

Malgré l'opposition de la droite phocéenne et d'une partie de la gauche, Eugène Caselli (PS), président de la communauté urbaine sans majorité depuis 5 ans et demi, est parvenu à faire adopter le PDU de Marseille Provence Métropole (MPM). (Photo S.P.)
Malgré l’opposition de la droite phocéenne et d’une partie de la gauche, Eugène Caselli (PS), président de la communauté urbaine sans majorité depuis 5 ans et demi, est parvenu à faire adopter le PDU de Marseille Provence Métropole (MPM). (Photo S.P.)
« Le PDU est adopté. Les politiciens ont perdu » : c’est par ses mots qu’Eugène Caselli (PS), président de la communauté urbaine a accueilli, ce vendredi 28 juin, le résultat du vote sur la délibération 27 portant sur l’approbation du Plan de Déplacements Urbains (PDU) de Marseille Provence Métropole (MPM) pour la période 2013-2023. Un vote dont l’issue était très incertaine, les communistes ayant décidé de s’abstenir, les élus d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de voter contre, à l’instar de deux candidats aux primaires socialistes, Patrick Mennucci et Samia Ghali, alors que le groupe Union pour l’Avenir Communautaire (UPAC) (droite) avait changé son abstention en vote d’opposition au cours des débats. La perspective de voir une délibération rejetée n’avait peut-être jamais semblé aussi proche pour le président sans majorité qu’est depuis 5 ans et demi Eugène Caselli. Mais pas question de reculer comme l’y incitait pourtant Patrick Mennucci. « Retirons ce rapport, discutons-en encore », plaide le député-maire du 1er secteur de Marseille. Car l’enjeu était de taille : en cas de rejet du document stratégique qu’est le PDU, c’est toute l’action de la communauté urbaine qui aurait été paralysée durant plusieurs années en matière de déplacements, un temps nécessaire pour élaborer un nouveau document, puis repasser par la case enquête publique, les délibérations…
Mais pour Eugène Caselli, il n’était pas question de reculer sur ce dossier. « Chacun prend ses responsabilités, les municipales et les primaires ont commencé », tranche-t-il avant de mettre le rapport aux voix. Et le président de la communauté urbaine de recevoir alors le renfort des élus du groupe indépendant Ensemble pour l’Avenir (EPA), des élus de droite hors Marseille, ainsi que celui de Robert Assante (Union des Démocrates et Indépendants), le maire du 6e secteur de la cité phocéenne, qui ne suivront pas la consigne de vote de leur groupe, pour un résultat final de 73 voix pour, 59 contre et 11 abstentions.
Un débat qui a constitué le plat de résistance d’un conseil communautaire aux échanges souvent vifs, où d’aucuns, à gauche comme à droite, n’ont pas manqué de se positionner en vue des prochaines échéances électorales à Marseille, les primaires socialistes des 13 et 20 octobre et les élections municipales de mars 2014. Avec aux premières loges les élus des 17 communes hors Marseille, spectateurs d’échanges et de débats qui ne les concernaient parfois que de très loin.

La droite choisit de s’abstenir, Samia Ghali (PS) votera contre
Si on pouvait légitimement s’attendre à de belles empoignades politiques à la vue d’un ordre du jour riche de 155 rapports, dont l’adoption de l’ultime compte administratif de la mandature, rien ne laissait pourtant présager un vote aussi serré sur le PDU, dont les orientations avaient été votées avec un large consensus lors d’une précédente plénière, le 14 décembre dernier. D’emblée, c’est Marie-Louise Lota (UPAC), vice-présidente de la communauté urbaine, qui monte au créneau pour indiquer que la donne a changé. Lorsque le projet a été élaboré, « notre vote favorable était sous réserve d’une priorisation des réalisations sur les dix prochaines années. Or, les bourgeons de cette priorisation ont fermé avant d’éclore. Sans concerter les élus ni la commission d’enquête publique, vous avez repoussé le Boulevard urbain sud (BUS) aux calendes grecques », souligne-t-elle. Et d’estimer qu’Eugène Caselli a alors défini « à la hâte une priorisation des réalisations sans consulter les élus que vous avez-vous-mêmes mis en place », tout en repoussant le BUS à l’horizon « 2020-2023 ». Elle se demande également « où est le projet de voies ferroviaires de la gare Saint-Charles ? », alors que dans le même temps on a « des tonnes de pubs pour la City Navette qui est vide », ou de pointer encore que « 85% des bus sont accessibles mais la voirie n’est pas adaptée ». « Nous ne pouvons tolérer ni la méthode, ni les résultats. Vous présentez l’image d’un homme consensuel mais vous oubliez la concertation », conclut Marie-Louise Lota en indiquant que la groupe UPAC s’abstiendra sur cette délibération.
La sénateur-maire du 8e secteur de Marseille, Samia Ghali (PS), va même aller plus loin. « Si nous sommes tous concernés par la question des déplacements, il me paraît essentiel que l’ensemble des Marseillais soient traités de la même manière qu’ils résident au Nord, au Sud ou à l’Est. Et le PDU ne va pas dans ce sens », juge-t-elle. Appelant à ce « qu’on ne recommence pas les même erreurs que par le passé, tous partis confondus, sinon c’est l’extrême droite qui en profitera, les Marseillais ne nous le pardonneraient pas », elle insiste sur l’importance des transports, car « le logement et les questions économiques en découlent ». « Sans transports, la ville est bloquée, la communauté urbaine est bloquée et demain la métropole sera bloquée », résume-t-elle. Et Samia Ghali de plaider alors pour que le métro desserve le CHU Nord qui « reçoit l’ensemble des Marseillais, l’ensemble des territoires du département, comme La Timone qui a déjà un métro ». Or, « je ne le vois pas inscrit dans le PDU ». « Le tramway ne va pas jusque là-bas alors qu’il doit pouvoir aller aux extrémités de la ville. Il faut rajouter cette question sinon je ne voterais pas ce PDU », conclut la candidate aux primaires socialistes.

Les communistes fidèles à leur abstention du mois de décembre
Au nom du groupe Communiste Républicain et Citoyen (CRC), Frédéric Dutoit restait quant à lui fidèle à son abstention du mois de décembre. « Depuis, nous avons formulé 21 propositions pour infléchir ce PDU. Si les réserves et les remarques de la commission d’enquête recoupent certaines de nos analyses, force est de constater que les réponses de MPM annexées au document ne changent pas la nature du projet et ses principales insuffisances », analyse-t-il. Ainsi, si « pour lever les deux premières réserves de la commission d’enquête, MPM précise la programmation et le phasage des réalisations sur 10 ans », l’élu communiste phocéen considère que « c’est louable, mais pas complétement crédible ». Il s’interroge aussi le devenir de la mission prospective sur le PDU confiée à Gérard Coulomb (PS) et Robert Assante, déplore « la prise en compte d’un projet sorti de nulle part, validé par aucune étude et non inclus dans la programmation : un téléphérique vers Notre-Dame de la Garde », ou pointe encore que « la programmation financière sur 10 ans des investissements Voiries à hauteur de 1,646 Md€ est supérieure de 200 M€ à celles des transports en commun en site propre (TCSP) et des modes doux confondus ». « Après des décennies du « tout voiture », l’ordre de priorités n’est toujours pas inversé », juge Frédéric Dutoit.
Il estime également que le PDU ne répond pas à la recommandation de la commission d’enquête « de prioriser la traction électrique (métro-tramway) dans les transports terrestres » – « la part de la traction électrique dans les dépenses d’exploitation régresse de 34% à 32% sur le réseau RTM, avec un métro qui ne représentera plus que 21% de ces dépenses contre 26,5% aujourd’hui » – et regrette que « la recommandation générale de développer les navettes maritimes » côté littoral sud de Marseille n’ait pas été retenue. « Certes le PDU est un document vivant soumis à évaluation et à évolution. Les 21 propositions que nous avons déposées restent d’actualité surtout en vue de la « Grenellisation » avec un Plan Local d’Urbanisme (PLU) inter-communal. En attendant, nous renouvelons notre abstention », conclut Frédéric Dutoit.
Olivier Agullo considère pour sa part, au nom du groupe EELV, qu’« aujourd’hui, nous nous attaquons à une gageure : se convaincre que dans 10 ans, nous regarderons en souriant nos trophées nationaux des clous rouillés auxquels nous sommes abonnés en se disant qu’il fait bon se déplacer à Marseille. Se convaincre que nous ne sommes plus les derniers de la classe en longueurs de pistes cyclables – 4km/an -, en pollution – remarquez que là Aix nous talonne -, en embouteillages – 2ème en Europe. » Et d’estimer qu’il s’agit là d’« une singularité qui ne peut être simplement imputée au fait que Marseille ne rentre pas suffisamment d’argent pour rembourser la dette et investir », mais que ce qui est en cause, ce sont « les choix politiques opérés : la voiture, la voiture et les DSP (délégations de service public) pour les entasser, mais aussi un grand monsieur, le PPP (partenariat public-privé) ». « Si nous voulons à l’avenir sortir de cette ornière, il n’y a pas d’autres choix que de bousculer les habitudes », plaide-t-il.

Les écologistes émettront « un vote négatif »
Or, si Olivier Agullo juge les objectifs du PDU « relativement ambitieux », il considère qu’il « contient un obstacle majeur à toute idée de renouveau de la politique des déplacements à Marseille » : le « projet de L2 ». « Nous comprenons que soit achevée la L2 Est pour tout de même un montant de près de 200 M€. Tant d’argent a été dépensé dans ce projet. Par contre, la L2 Nord est un non-sens : construire une autoroute alors qu’une 4 voies est déjà existante pour des sommes, autour de 600 M€, qui permettraient de lancer la création d’une nouvelle ligne de métro dans Marseille, relève assurément d’une décision scandaleuse », dénonce-t-il.
L’élu écologiste va même jusqu’à évoquer « un scandale d’Etat, si cela était confirmé », car « selon le « Canard enchaîné », l’Etat va payer 260 M€ d’intérêts, pour 140 M€ empruntés ». « Juste un nouveau PPP avec un taux d’intérêt à 8% par an pour satisfaire qui ? Bouygues ? Les décideurs politiques ? Certainement pas la population ni ses deniers. Dans ce contexte, nous nous opposons à son financement par MPM à hauteur de 150 M€ », tranche Olivier Agullo.
Considérant qu’« une grande rencontre avec les Marseillais a été ratée avec une enquête publique bâclée », il se réjouit cependant « de la volonté de la Région de faire du TER l’ossature des transports sur le territoire métropolitain et enfin de concevoir les gares comme des pôles d’échanges, c’est-à-dire où serait organisé un rabattement des bus ». Toutefois, il y voit « une volonté mais pas de chiffres et 3 misérables pages dans le PDU ». Il plaide encore pour que la gare de Vitrolles soit reliée à l’aéroport « par un moyen peu coûteux que constitue le transport par câble ou crémaillère type téléphérique » et prône le même mode de transport « pour relier le pôle d’échange de Saint-Antoine à l’hôpital Nord ». « Je sais, il y a en projet la carte postale avec un téléphérique pour Notre-Dame, mais cela ne peut suffire et ne répond pas aux attentes de la population », assène-t-il.
Et Olivier Agullo d’ajouter « qu’avec l’argent économisé sur la L2 Nord, nous pourrions prévoir un tramway qui permette de penser le contournement du centre-ville à travers des zones d’habitat et de lieux de travail denses ». « Ce n’est pas un BHNS (bus à haut niveau de service) qui peut répondre à cette problématique », juge-t-il encore. Tout juste relève-t-il une « bonne nouvelle que contient ce PDU : le développement des modes actifs est enfin inscrit au programme ». Et d’en conclure que « des ambitions ont été dessinées au travers de ce PDU, mais les nombreux défauts dont il souffre nous poussent à nous prononcer négativement ».

Patrick Mennucci (PS) votera contre lui aussi
Vincent Coulomb tient à rappeler au nom du groupe « Faire gagner MPM » (PS, EELV et MoDem) que ce PDU est « le résultat d’un travail important et d’une concertation très large ». « J’entends des critiques et je regrette qu’elles n’aient pas été formulées lors de ces rencontres », observe-t-il. Et de répliquer à Samia Ghali que si « le PDU actuel à horizon 20 ans prévoit une desserte rapide des quartiers Nord », il était en revanche « au vu des moyens financiers hors de question de la prévoir dans les 10 ans ». Il assure aussi que pour les modes de transport « doux », c’est le schéma général « voté ici » qui a été « repris intégralement » et d’y voir « une mauvaise lecture de ce PDU ». A ceux qui pointent qu’il y a plus d’argent dépensé pour les voiries que pour les TCSP, il précise qu’il pourrait y avoir « plus de BHNS » mais « la voirie actuelle ne le permet pas ». Quant à la mission qu’il conduit avec Robert Assante, elle lui a permis de rencontrer des associations de vélos qui ont émis un « avis favorable ». « Elles disent que ça va dans le bon sens et que nous les avons enfin entendues », témoigne-t-il.
Après s’être félicité des propositions de la Commission 21 dévoilées la veille, Patrick Mennucci livre un scoop. « Le Premier ministre confirmera le 7 juillet un investissement de 2,5 Mds€ pour la traversée souterraine de Marseille et la traversée souterraine de la gare Saint-Charles qui mettra fin aux retournements de trains que nous connaissons depuis 1862 », indique-t-il. Ce qui fera dire à Jean-Claude Gaudin (UMP), le sénateur-maire de Marseille : « Il est toujours au courant de tout avant tout le monde celui-là… ». Et face à la droite qui brandit le chiffre des 30 Mds€ alloués au Grand Paris, le député-maire du 1er secteur de Marseille rétorque que cette somme correspond « au versement transport des entreprises d’Ile-de-France et de la taxe bureau que nous n’avons pas ». « Ce n’est en aucun cas un investissement de l’Etat. Le Premier ministre a structuré des taxes pour la réalisation des transports en commun », souligne-t-il.
Estimant également que les annonces de la Commission 21 « confirment tout l’intérêt de Jean-Marc Ayrault pour notre ville », Patrick Mennucci en revient au PDU qui, selon lui, « ne tient pas les promesses des orientations données ». « On est sur les orientations de la municipalité. Il est plus important de transporter les touristes à Notre-Dame que de permettre à des malades de se rendre à l’hôpital Nord. Les priorités fixées ne correspondent pas à ce slogan de recoudre la ville. Une municipalité doit se concentrer sur la desserte des CHU, je partage l’avis de la sénatrice Samia Ghali : c’est la position historique des élus des quartiers Nord », explique celui qui y fut candidat malheureux aux législatives de 2002, battu alors par Frédéric Dutoit. Et l’élu du centre-ville phocéen de conclure : « Dix ans après le début des discussions, nous avons un PDU qui ne dessert pas l’hôpital Nord. Nous ne pouvons pas l’accepter. Il n’y a pas de hiérarchisation dans l’intérêt des Marseillais. »

Robert Assante (UDI) : « Refuser de le voter, c’est refuser d’avoir un avenir »
Sentant poindre la possibilité que le PDU soit rejeté, Robert Assante prend la parole. Précisant qu’il n’a pas pris part à l’élaboration du PDU, il explique que dans le cadre de la mission qui lui a été confiée, il a procédé, en compagnie de Gérard Coulomb, à l’« audition de tous les acteurs », maires, maires de secteurs, CCI, représentants syndicaux, taxis, associations pour le vélo, « tout le panel qui s’implique sur le déplacement ». Et si les résultats ne sont pas encore connus – « nous essayons de vous les donner le plus rapidement possible », lance-t-il en direction de Marie-Louise Lota -, il dévoile d’ores et déjà que « tous disent que c’est un bon PDU ». « Personne ne s’est opposé », souligne-t-il, avant d’ajouter : « Nous comprenons que tout est important mais nous devons prioriser le PDU. Refuser de le voter, c’est refuser d’avoir un avenir », tranche-t-il. Le maire du 6e secteur indique alors que la L2 Est, la L2 Nord et le BUS « correspondent déjà à des définitions prioritaires ». « Ceux qui les ont le mieux priorisés sont les élus de l’Ouest et de l’Est, Marignane et La Ciotat » soucieux de pouvoir traverser Marseille. Il défend aussi les dépenses de voiries car « il faut bien faire de la voirie pour faire passer du transport en commun », sans compter qu’« on ne peut pas réaménager une voie sans prévoir des voies de dégagement ». « Les priorités sont en train d’être dégagées. Il faudrait programmer les 4 Mds€ selon les priorisations que vous demandez mais qui ne peuvent pas toutes être priorisées. Mais si le PDU n’est pas voté, les priorités ne peuvent plus exister, ni pour les uns, ni pour les autres », conclut Robert Assante.
Une intervention qui n’empêche pas Valérie Boyer (UMP, groupe UPAC) de remonter au créneau. « C’est un projet très complet mais la vitrine est vide. Il n’y a pas de priorisation comme l’observe le commissaire enquêteur. Nous devons nous prononcer sur un PDU alors qu’un rapport qui doit fixer des priorités n’est pas présenté », dénonce-t-elle. Elle compare le PDU à « une belle liste au Père Noël mais il n’y a rien au pied du sapin » alors qu’« il nous fallait une présentation des priorités avec un plan de financement réaliste ». Valérie Boyer relève également que « même le président du conseil général a été choqué pour le BUS » alors qu’Eugène Caselli n’a, à ses yeux, manifesté « aucun signe de coopération ». « S’il y a une volonté politique, on peut trouver des financements. Si la communauté urbaine et le conseil général financent avec l’aide de l’Europe, il est possible de boucler ce projet dans un délai raisonnable », juge-t-elle. Et d’estimer que les quartiers Est de Marseille et la Vallée de l’Huveaune sont « les grands oubliés de ce PDU » alors qu’ils ne bénéficient déjà pas de projet de l’ANRU et qu’ils vont « pâtir de l’abandon de la Ligne à grande vitesse (LGV) ». « Quand la L2 sera terminée en 2017-2018, les ouvertures nécessaires au bout de cette voie n’auront même pas été planifiées, même pas entamées. Cela créera un embouteillage monstre au bout de cet espace », dénonce-t-elle, déplorant qu’il n’y ait « aucune étude » pour le BUS « alors qu’on lance des études à tout va ».

La droite change son abstention en vote d’opposition
Elle pointe encore que « la non-réalisation du BUS crée un déséquilibre pour le projet ANRU des Hauts de Mazargues » avec « des projets de quartier réalisés sans moyens de communication ». « Je suis choquée de voir que ces quartiers sont abandonnés. Le manque d’argent est le résultat de choix politiques », tonne-t-elle. Valérie Boyer compare ainsi le PDU à un « projet virtuel ». « Tout ça n’est pas maîtrisé, n’est pas budgétisé, en ne priorisant pas, en excluant certains quartiers. La déception est extrêmement grande. On ne peut pas laisser une partie de Marseille dans l’ignorance de ce qui va se passer », conclut-elle.
Eugène Caselli ironise alors : « Le BUS est un thème de campagne qui va devenir obsessionnel ». Et de répéter à nouveau : « Il ne peut pas être financé dans cette mandature. Il devra faire l’objet d’un accord avec l’ensemble des collectivités afin que cette charge soit supportable. Le mieux même serait que l’Etat s’implique comme pour la L2, ça permettrait de le faire encore plus vite », souligne-t-il. Il assure également qu’il n’a jamais donné de date pour son report, « ni 2020, ni 2023 », et fait observer que la communauté urbaine supporte déjà le coût de la réalisation de la L2, « 30 M€ par an pendant 5 ans ». Et le président de la communauté urbaine d’interroger la droite : « Pourquoi quand vous étiez aux affaires, vous n’avez pas financé le BUS ? Vous avez préféré un tramway en centre-ville », rétorque-t-il. Il pointe aussi la réalisation de « logements enclavés » où la droite met, selon lui, « la charrue avant les bœufs » : « C’est facile après d’aller voir Eugène Caselli. C’est un peu gros. » Au contraire, il assure mettre « les bœufs avant la charrue » en amenant « le métro à Capitaine Gèze pour accompagner Euromed 2 ».
Et d’en revenir au PDU. « Il s’agit pour moi de réunifier le Nord et le Sud de la ville avec des transports innovants (BHNS, téléphérique). C’est un PDU à double détente : il n’y a pas de temps à perdre », plaide-t-il. Il conclut en revenant à l’intervention de Samia Ghali. « Bien entendu il faut prolonger le métro au Nord et vers Saint-Loup. Et rien ne dit qu’il n’y aura pas de station à l’hôpital Nord puisque le prolongement du métro est prévu de Capitaine Gèze à Saint-Antoine : on verra alors les études proposées », assure-t-il.
Laure-Agnès Caradec (UMP), présidente du groupe UPAC, prend alors la parole pour préciser que le BUS étant « une priorité pour les élus des quartiers Sud et Est, comme le métro CHU Nord », son groupe ne peut accepter que sa réalisation soit repoussée à 2020 et votera contre le PDU. « D’ici 2020 », rétorque Eugène Caselli qui ironise encore : « Tout est prioritaire mais personne n’est là pour financer ». Avant d’avertir : « Si le PDU n’est pas voté, tout va s’arrêter ».
En dépit des appels de Patrick Mennucci à retirer la délibération, elle sera finalement soumise aux voix et adoptée.
Serge PAYRAU

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