Conseil départemental des Bouches-du-Rhône : la nouvelle majorité met sa patte sur le budget

Publié le 27 juin 2015 à  23h30 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

(Photo Robert poulain)
(Photo Robert poulain)

La première décision modificative (DM1) du budget 2015 de la nouvelle majorité du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône a été votée ce vendredi à l’issue de 3 heures de débats avec une opposition qui s’est abstenue (FN et Les Indépendants) ou a voté contre (PC et PS). En ligne de mire deux mesures -«indispensables au financement de la DM1», selon majorité- qui voient la suppression de la «surprime» de Noël aux bénéficiaires du RSA ainsi que la fin de l’opération Ordina 13.
Didier Réault (les Républicains) en charge des finances d’avancer :«On ne décide pas les choses comme cela. Ce sont les conséquences ou les inconséquences de dépenses qui auraient dû être anticipées». Faisant état d’un budget 2015, élaboré par la précédente majorité, voté en urgence fin avril où un certain nombre de dépenses a été sous-estimé. Citant notamment des impasses sur l’affectation des dépenses de l’insertion. «Il manque 10M€ pour arriver jusqu’à la fin de l’année et 10M€ à 12M€ par an de la revalorisation du RSA». Sans oublier d’évoquer une épargne nette «qui a fondu comme des noisettes dans les pattes d’un écureuil» passant de 300M€ en 2011 à 176M€ en 2015. Quant à l’excédent financier annoncé de 30,2M€ fin 2014, ne serait plus, selon le délégué aux finances, que de 14M€. In fine, l’un des départements les plus riches de France, avec un budget de 2,6 milliards d’euros dont un peu plus de la moitié est destiné au social, serait en difficulté. Didier Réault de rappeler que ce budget supplémentaire 2015 «pose notre marque, rappelle notre feuille de route pour continuer le développement du département en préservant la qualité de vie sans augmenter les impôts».

«Il faut dépenser moins pour mieux mais être juste»

Lisette Narducci, Groupe des élus indépendants, considère: «C’est de bonne guerre cette remise en cause de la gestion passée», lui conseillant de rencontrer l’ancien rapporteur du budget Hervé Chérubini «pour une lecture moins catastrophique». Et d’insister: «Nos comptes ont été vérifiés et ils sont en excédent». En ce qui concerne la suppression de la prime de Noël et la fin d’Ordina 13, Lisette Narducci de demander: «Pourquoi ne pas dégager de solutions audacieuses plutôt que de passer par des solutions extrêmes. Personne ne remet en cause la crise et la baisse des dotations. il faut dépenser moins pour mieux mais être juste». Des chiffres qui laissent également dubitatif René Raimondi PS. Didier Réault d’expliquer que «sur ces 30M€ d’excédent 16 millions de recettes ont été reportés portant le montant libre d’affectation à 14M€. Que nous pouvons dépenser aujourd’hui». Il revient sur la prime de Noël,«« la prime Jean-Noël », nous sommes les seuls à la maintenir, le Vaucluse l’a supprimée en 2014». «Nous proposons, poursuit-il, un réaménagement sur une compensation plus efficace pour nos jeunes, nos collégiens».

«Nous ne sommes pas des dogmatiques, nous sommes des gestionnaires»

Marine Pustorino, déléguée à l’Insertion sociale et professionnelle d’ajouter: «Notre priorité c’est l’emploi et faire en sorte que les bénéficiaires du RSA soient mieux formés, mieux accompagnés.» La présidente, Martine Vassal, de rappeler que, depuis 3 ans,«l’État a pris le relais avec une prime de fin d’année». «Nous ne sommes pas des dogmatiques, nous sommes des gestionnaires», avance-t-elle. Avant d’ajouter: «Nous nous sommes posés beaucoup de questions, êtes-vous sûr que cette prime aille aux enfants?». Et propose un autre dispositif, sous forme de bons « cadeaux » destinés à tous les enfants de parents bénéficiaires du RSA à Noël «pour qu’ils puissent consommer dans nos commerces locaux». Précisant: «Comme nous n’avons pas le temps de lancer un appel d’offres, nous donnerons cette année des bons de 50€ à chaque enfant à retirer à la CAF».

«La majorité précédente a mangé la grenouille ou pour faire plaisir à Ségolène Royal a bouffé le pot de « Nutella »»

Nicolas Kouskas, groupe communiste, tient à souligner: «Ce n’est pas « la prime Jean-Noël » c’est une prime mise en place par Lucien Weygand en lien avec les Comités chômeurs». Benoit Payan, président du groupe socialiste écologiste, d’aborder la question d’Ordina 13 et d’insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une simple distribution d’ordinateurs, «c’est préparer nos enfants au monde de demain, la démocratisation d’Internet c’est la plus grande évolution de l’Homme. Internet c’est le rêve de la bibliothèque d’Alexandrie, c’est la grande agora d’Aristote..». «C’est bien ces références quand on soutient un gouvernement qui massacre l’enseignement du grec et du latin et qui supprime les classes internationales bilingues; qui foule au pied l’école républicaine», assène Yves Moraine (les Républicains). Précisant:«Cette révolution n’est pas celle de demain mais d’hier, il faut qu’il se mette à la page». Pour Yves Moraine un vrai plan va être mis en place car «la majorité précédente a mangé la grenouille ou pour faire plaisir à Ségolène Royal a bouffé le pot de « Nutella »», ironise-t-il

«Nous avons 1,8 million d’habitants à protéger, je nous le souhaite sous votre présidence»

«Ce qui oppose aujourd’hui, regrette Denis Rossi, groupe PS, c’est une DM1 de 11 millions d’ajustement sur 2 milliards de budget». Et de revenir sur le terme pauvre: «On sait où cela commence pas où cela s’arrête. Être bénéficiaire du RSA, c’est de la détresse. Nous avons 1,8 million d’habitants à protéger, je nous le souhaite sous votre présidence .
En conclusion Martine Vassal avance: «Cela a été très compliqué de prendre de telles décisions drastiques. Cela aurait été plus facile de donner, donner…». Parle de choix «pour préparer l’avenir». Elle annonce qu’un « plan Collège numérique de Provence » va remplacer le dispositif Ordina 13 dès la rentrée prochaine. «Aujourd’hui 3 familles sur 4 à un ordinateur et un accès Internet. Cette opération est coûteuse 10M€.» Justifie la distribution de tablettes dans seulement 9 collèges sur 135 «en raison du haut débit». Mais prévoit le renforcement des classes mobiles et le raccordement au haut débit de tous les établissements. «Et puis, considère-t-elle, quand le gouvernement nous donne de l’argent, 380€ par tablette et un contenu pédagogique, on ne peut pas le refuser». Et à destination de l’opposition: «La gauche n’a pas le monopole du social, la différence est que vous, vous dépensez « on verra bien » et nous c’est la gestion».
Patricia MAILLE-CAIRE

Motion de soutien à l’entreprise Nexcis basée à Rousset

Le Conseil départemental a voté à l’unanimité, en fin de séance, une motion de soutien à l’entreprise Nexcis, société implantée à Rousset «pour sauvegarder l’emploi des salariés, sauvegarder la technologie développée par Nexsis et permettre également le développement de la filière photovoltaïque de notre territoire.» Il est rappelé que le Conseil départemental est concerné par ce dossier dans la mesure où il a accordé une aide de 500 000 euros afin d’assurer le démarrage de l’entreprise
L’entreprise a été créée par le groupe EDF, avec pour objectif de fonder un site industriel de recherche et de production pour la fabrication des panneaux solaires. Cette entreprise de 77 employés a bénéficié du soutien de l’Union Européenne, de l’État et des collectivités locales à hauteur de 40M€. Aujourd’hui la société est arrivée au stade cruciale de la recherche à l’industrialisation. En mars dernier, EDF annonçait qu’il ne souhait pas investir dans le développement industriel de ce process présumé. Avec ce désengagement, le devenir de l’entreprise est largement compromis. «Outre la légitime inquiétude des salariés, précise la motion, nous ne pouvons rester indifférents à une décision qui va à l’encontre des ambitions affichées par l’ensemble des acteurs publics à l’heure du sommet mondial Paris Climat 2015 et à l’heure de la loi sur la transition énergétique».

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